Ardoisières de la Pouëze
Il y a eu trois puits au total, le premier à la Carterie, il est foncé en 1870, mais un incendie causé par la machine d'extraction ravage entièrement le puits en 1899. Le puits 2 est foncé à la même époque sur le même terrain, mais il s’effondre en 1922.
Le puits 3 à l'Espérance, est foncé en 1922, jusqu'à -210m de profondeur. On exploite par la méthode en remontant, par chambres de 10m jusqu'à -110m. Il est équipé d'un chevalement en 1923, en bois de 14m de haut. Le puits est approfondi une première fois jusqu'à -355m, à partir de 1949 et un nouveau puits, le 3bis, est alors foncé comme puits de secours. Il est équipé par un chevalement métallique. Le puits 3 est épuisé en 1968, le 3bis est alors approfondi jusqu'à -450m deux ans plus tard et devient le puits d'extraction tandis que le 3 ne sert plus que de puits de secours. En 1974 le puits 3 est finalement abandonné, le puits 3bis est détruit à la fin des années 1980.
Une descenderie de 700m inclinée à 15% est creusée afin de rejoindre la Carterie depuis le Chemin Neuf, mais un effondrement survenu en 1989 condamne l'exploitation toute entière de ce secteur. L'exploitation est définitivement arrêtée, mais la fenderie, remise à neuf, continue de fonctionner avec des pierres venant de Trelazé et de Noyant-la-Gravoyère.
L'arrêt définitif est prononcé en 1990.
Le chevalement du puits 3 s'effondre le 25 Février 2011. Inscrit depuis 1999 aux Monuments Historiques, comme étant le dernier chevalement en bois en France, il avait déjà suscité une collecte de fonds afin de le restaurer mais celle-ci n'avait pas abouti. Après trois ans de démarches, les fonds récoltés sont cette fois-ci suffisants pour reconstruire le chevalement à l'identique, sauf qu'il sera en chêne afin de résister plus longtemps. Les travaux de reconstruction débutent alors en Mai 2014 et s'achève vers Juillet.
Les photos présentent le nouveau chevalement.
Bassin de Noyant-la-Gravoyère
Ardoisières de la Forêt
La commune de Combrée se compose de deux exploitations : Bel-Air et la Forêt.
La société des Ardoisières de la Forêt, nouvellement crée, ouvre une carrière en 1876 pour exploiter le fond Sainte-Marie (ancienne carrière à ciel ouverte en 1840). En 1880 elle ouvre la carrière Saint-Joseph (ciel ouvert) mais celle-ci s'effondre quelques mois après et en 1883 Sainte-Marie est arrêtée.
En 1896 la Commission des Ardoisières d'Angers, s'implante de l'autre côté à Bel-Air afin de mettre en concurrence, la Société Ardoisière de l'Anjou, alors actuelle propriétaire de Misengrain. Elle rachète finalement l'ardoisière de la Forêt après sa faillite en 1908.
Le premier puits est foncé à Bel-Air en 1896 et atteint -195m, le puits 2 en 1906 jusqu'à -160m et le puits 3 en 1942 à -106m. Suivront plus tard les puits 4, 5 et 6.
Le chevalement du puits 3 est détruit dans les années 1970, l'ardoisière est fermée en 1982.
Le site est très joli, tapissé de lichens et entouré par les bouleaux, l'ancien chevalement se découvre au milieu d'une nature qui a complètement repris le contrôle.
Ardoisières de Bel-Air
Il s'agit d'un ancien site ardoisier dont il reste un très beau bâtiment d'extraction flanqué de chaque aile, de la station électrique et des compresseurs. On remarque au premier plan les deux blocs en béton où reposaient les poussards. Notez que le puits était posé sur un important remblais d'ardoises.
Sous la dalle, une galerie permet encore d'accéder au puits. Ce n'est pas bien haut mais débouche à la base du puits qui est noyé presque entièrement. On peut observer le cuvelage tout en béton ainsi que des poutres de soutien en bois.
Il s'agit d'un autre site plus loin en forêt. Ici par contre il ne reste plus rien si ce n'est cette borne, représentant l'ancien puits.
Ardoisières de Saint-Blaise
Il s'agit de l'ardoisière la plus "récente" à Noyant, la société des Ardoisières Angevines de Saint-Blaise située à la Gâtelière est crée le 30 Mai 1916, soit en plein milieu de la guerre, mais l'exploitation ne débute vraiment qu'en 1921, après 5 ans de travaux préparatoires. L'effectif est de 170 personnes dont une centaine travaillent au fond.
En 1929 la Banque Bougère (propriétaire de l'ardoisière) subit le krach boursier de Wall Street mais remonte le cap jusqu'en 1931, elle fera faillite 5 ans plus tard le 25 juillet et fermera ses portes en 1936. Les Ardoisières d'Angers se porteront acquéreur du site mais ne l'a remettront pas en exploitation.
En 1959 le site est dénoyé une première fois mais n'est pas ré-exploité pour autant, 26 ans après on s'aperçoit cependant de la bonne tenue des chantiers encore existant.
Le site est finalement racheté par la commune afin de devenir un musée sous la nouvelle dénomination "la mine bleue", les galeries sont dénoyées une seconde fois. Elle ouvre ses portes en 1991. Mais après 8 ans le musée est en faillite et doit fermer ses portes. La même année les Ardoisières de Misengrain sont fermées. Il faudra finalement attendre le 17 Mai 2007 pour que le musée réouvre totalement ses portes.
Cette ardoisière est unique dans le bassin car c'est la seule à posséder un accès par un plan incliné, la majorité des ardoisières étaient ouvertes directement par des puits verticaux. De plus celle-ci en comporte deux espacés d'une cinquantaine de mètres, l'une pour le personnel et l'autre pour l'extraction aménagées en 1919 et 1921 et longues de 210m. Pour celle destinée aux mineurs, il fallait descendre 813 marches pour arriver au fond ! Sur la voûte d'entrée on peut toujours lire la date de 1916.
Ce funiculaire a été installé pour la visite touristique et arrêté vers 2014. Les deux descenderies sont inclinées à 37° au centre se trouvent, des rails qui permettent la remontée des blocs via un treuil actionné par une machine à vapeur. En bas nous arrivons à -126m, c'est le "premier" niveau où l'on exploite au total 22 chambres. Depuis le bas du funiculaire une longue galerie permet la connexion avec le puits, dont le fond se situe à -116m. Au total le site comporte 4 km de galeries.
La descenderie est datée de 1916 au fronton.
Aujourd'hui l'accès principal se fait par un ascenseur dans le premier bâtiment (Cf: Première photo).
En surface il reste un beau vestige, il s'agit d'une cheminée à "effet Venturi" qui permet d'évacuer les fumées mais aussi de faire rentrer l'air. L'extraction se fait sur deux postes de travail : 06h-14h et 18h-02h, c'est l'utilisation de la poudre noire qui oblige ces horaires décalés.
La visite permet d'observer d'anciennes chambres d'extraction de l'ardoise dont une scénographie en place permet de retranscrire l'ambiance de travail de l'époque. Une partie de la visite se déroule en prenant un petit train dont les wagons de personnel proviennent des anciennes mines de charbon du Nord.
A l'extérieur, il reste plusieurs vestiges pour le transport de l'ardoise qui illustre l'organisation pour l'espace des ateliers de fendeurs en fonction du chemin de fer.
Ardoisières de Misengrain
L'ardoisière est attestée depuis le 17ème siècle, mais elle se développe qu'après la fondation d'une première société en 1833. Elle change plusieurs fois de propriétaires, jusqu'à ce que la Société des Ardoisières de l'Anjou en reprenne la direction en 1894, jusqu'à sa faillite en 1896. Date à laquelle les Société des Ardoisières du Haut-Anjou se porte acquéreur. Sept puits seront foncés au total.
Après le terrible effondrement de 1888, la méthode en remontant est définitivement employée, qui se généralise un peu partout, la production augmente en utilisation la méthode de sciage au fil, puis la méthode de sciage intégrale de la chambre en descendant avec parois blindés et pont roulant. L'ardoisière en faillite ferme ses portes en 1986. Sa reprise par les Ardoisières d'Angers seulement un an après permet sa remise en fonction avec un personnel divisé par 3 (98 salariés). 1999 signe l'arrêt définitif d'exploitation.
Aujourd'hui seuls deux chevalements sont encore visibles, représentant le puits 6 et 7.
Le puits 6 servait comme puits de secours et d'aération tandis que le 7 servait à l'extraction. Les deux chevalements métalliques conservent leurs machines d'extraction, le puits 6 est devenu un mémorial et le puits 7, à l'intérieur d'une société, conserve également plusieurs hangars dont le bâtiment de débitage et celui de refente des ardoises. Notons que la machine d'extraction à tambour est datée de 1934.
Le 15 Novembre 1888 a lieu le plus grave accident du bassin de l’Anjou avec 18 morts, par effondrement de la base du puits et d’une partie de la voûte.
Ce n'est pas l'emplacement d'origine du puits 6, celui-ci a été déplacé ici comme lieu de souvenir.
Bassin de Trélazé
En 1874 une première carte des ardoisières est réalisé par Alexis Boisnard (Cf: la carte en introduction de cette page) celle-ci regroupe alors les différents lieux d'extraction de l'ardoise à Trélazé. Elles seront quasiment toutes fusionnées pour la création de la Commission en 1891.
Il s'agit de :
- Monthibert
- l'Aubinière
- La Grand-Maison
- Les Grands-Carreaux
- La Saulaie
- Pont Malambert
- l'Hermitage
- Les Petits-Carreaux
- Les Fresnais
- La Paperie
- La Bremandière
- La Gravelle
- Champ-Robert
En 1946, création de Larivière, filiale du groupe des Ardoisières d'Angers pour la vente et distribution des ardoises. En juin 1989 le Groupe Imetal, devenu Imerys, prend le contrôle des Ardoisières. Trélazé représente 95% de la production nationale d'ardoise, elle est numéro un des ardoises françaises. Assez évident car elle n'a tout simplement pas de concurrent en France de plus qu'elle exploite le plus important gisement. Au début des années 1990 les Ardoisières n'arrêtent pas de réduire leur effectif, presque 600 personnes en 10 ans, mais extraient 40 000 tonnes, puis 25 000 dans les années 1997.
Seules deux carrières sont alors exploitées sur la commune de Trélazé, les Fresnais est fermé en 2009, il ne reste alors plus que Monthibert. La société entreprend de nouvelles recherches de gisement mais cela ne débouche sur rien.
Le 25 Novembre 2013, la société annonce la fermeture des Ardoisières qui employaient alors 153 ouvriers. Un délai est laissé afin d'expertiser les terrains mais Imerys juge que le gisement est définitivement épuisé mettant ainsi un terme à l'extraction. En Mars 2014, c'est définitivement la fin après 123 ans d'activité.
Malgré la qualité et son prestige, l'ardoise ne fait pas le poids face à la concurrence, en Allemagne, au Canada et surtout en Espagne qui est extraite à ciel ouvert, celle-ci est beaucoup moins chère (mais de qualité bien inférieure). L'ardoise de Trélazé est principalement utilisé pour la construction et la rénovation des Monuments Historiques. Impensable pour certains d'utiliser une autre ardoise que celle de Trélazé et pire qu'elle ne soit plus française !
Trélazé représente un formidable patrimoine carrier par son nombre de chevalements de différentes époques et encore presque complet.
Deux grandes veines ardoisières sont exploités sur ce bassin :
- Veine Nord et extrême Nord, elle est considérée comme la plus puissante.
- Veine Sud et extrême Sud.
Les veines extrêmes sont des veines intermédiaires situées aux extremités des autres veines.
Monthibert
Puits N°3
Il s'agit du puits N°3 de Monthibert. Son chevalement date de 1939.
Ce puits ne sert plus que d'aérage et de secours depuis la mise en marche du puits 7.
Sur cette dernière photo, le puits est encore ouvert, il relâche un léger panache de fumée.
Cette machine d'extraction est alimentée par deux machines à vapeur horizontales Horme et Buire de 1912, dont la vapeur est produite par deux chaudières multitubulaires Babcock et Wilcox de 1909 et 1925.
Le site a été entièrement défriché, le chevalement est alors plus visible, le puits est maintenant complètement bouché et surtout la cheminée à été démolie.
Puits N°5
Voici les ruines du puits 5. Il s'agit semble t'il du bâtiment d'extraction, le puits est enseveli dans les déblais d'ardoise.
Puits N°7
Il s'agit du puits N°7 de Monthibert. Son chevalement est le plus récent du bassin, il est installé en 1976, il est haut de 37,5m, le puits atteint -520m. Il s'agit du dernier puits foncé dans le bassin et du dernier puits en activité, elle centralise toute la production des Grands-Carreaux c'est par ici que descend le personnel.
Les lumières sont encore allumées avant la fermeture définitive du site.
Les même bâtiments avant et après un incendie...
Les même molettes, avant et après le défrichage de toute la végétation.
Un peu de jaune et de bleu.
L'Hermitage
Puits N°6
Il s'agit du puits N°6 de l'Hermitage. Son chevalement date de 1932.
Ce puits sert comme puits aérage.
Observez le décalage entre le faux-carré et les poussards. Cela est dû à l'ancienne carrée en bois, celle-ci s'est effondrée et on décida de remblayer la carrière après avoir monté un nouveau cuvelage et d'installer un nouveau chevalement métallique.
C'est à peu près le même type de machine à vapeur qu'au puits 3, toujours provenant des Etablissements-Laboulais Frères.
L'indicateur indique -500m de profondeur avec une pompe à -200m.
Puits N°8 Bis
Il s'agit du puits N°8 Bis de l'Hermitage. Le chevalement est construit par Gustave Eiffel en 1922, assemblage par rivetage, sa hauteur atteint 16,75m. Il a été complètement restauré en 2011.
Installé vers 1922-1923 en même temps que le chevalement métallique, il s'agissait à l'origine d'un ensemble de deux machines à vapeur monocylindriques horizontales couplées sur l'axe des deux tambours. La vapeur actionnait le piston en mouvement alternatif horizontal, transformé en rotation par le système simple bielle-manivelle. Ces machines viennent de l'atelier des ingénieurs-constructeurs Laboulais à Angers, adaptées pour l'air comprimé avant 1949, elles développaient quatre cents chevaux. Le machiniste placé sur une estrade, entre les deux pistons, dominait l'ensemble des mécanismes et pouvait surveiller en même temps les évolutions au niveau de la recette jour
.
Les Fresnais
Puits N°25
Il s'agit du puits N°25. Le puits est fonçé de 1942 à 1946 jusqu'à -380m de profondeur. Le puits est équipé d'un chevalement métallique à partir de 1943, et d'une machine à vapeur Laboulais puis électrifié par Vesnot et Cie en 1963. L'exploitation est arrêtée en 2001.
Après le creusement de la descenderie, le puits ne sert plus qu'à l'aérage. Cette descenderie située plus au Nord-Est du site permet la descente de gros véhicules, c'est un plan incliné de 3km à 13% qui atteint les -400m. Elle est fermée en 2009 après l'arrêt d'exploitation du gisement des Fresnais.
Les vestiaires et le bâtiment de la machine d'extraction viennent tout juste de disparaître.
Les berlines vides sont encagées grâce à un plancher mobile et placées dans la cage par le ravanceur.
Puits N°26
Le puits 26 est fonçé entre 1948 et 1952, le puits est équipé avec le chevalement actuel à partir de 1953. Le puits 25 et 26 sont en communication à -300m.
C'est le même chevalement qu'au 25.
L'ensemble du bâtiment d'extraction n'existe plus.
Les mêmes photos après la destruction du bâtiment de la recette.
La descenderie déjà noyée depuis longtemps est désormais murée, c'est totalement fini.
Fresnais Sud
Il s'agit d'une ancienne ardoisière dont il ne reste que des ruines aujourd'hui. Je n'ai que très peu d'informations sur ce site. La société des Fresnais rachètera l'ardoisière pour l'exploiter en souterrain.
Cette cheminée servait pour le puits 22 bis dont il ne reste absolument plus rien.
Il s'agit des ruines du bâtiment d'extraction du puits 22.
Puits de la Masse
Ce puits sert actuellement pour l'exhaure.
Champ-Robert
Puits N°1
Il s'agit du puits 1 dit "Champ-Robert". Le puits est mis en service en 1904 pour exploiter la couche extrême Sud. Le puits est équipé avec un chevalement, toujours visible, à partir de 1930. Le puits est approfondi jusqu'à -262m en 1941. Le puits est en communication avec le puits 23 à -121m et également avec le puits 25.
Le chevalement a été entièrement restauré récemment, il reprend vie sous cette nouvelle couche de peinture.
Observez la base des montants métallique dont l'axe est légèrement dévié.
Grand-Maison
Puits N°8
Il s'agit du puits N°8. Le fonçage du puits s'effectue entre 1943 et 1949 et l'exploitation débute vers 1951. L'extraction s'arrête ici en 1986 à -550m.
Le site a été entièrement nettoyé et restauré, désormais une habitation occupe le terrain.
Divers
Ce bâtiment servait de centrale à la production d'air comprimé grâce à quatre compresseurs Ingersoll-Rand de deux cent chevaux. L'ensemble est malheureusement dans un état déplorable de vandalisme, c'est un véritable massacre de voir toutes ces machines dans cet état.
Il s'agit de compresseurs de la firme américaine Ingersoll Rand de type "Pre-2" à double pistons.
L'ardoise est partout, tout est en rapport à ce matériau, impossible d'y échapper, impossible de ne pas passer devant quelque chose qui rappelle l'ardoise, après toutes ces années d'exploitations.
Cet ancien moulin actionnait par un manège à cheval servait à exhaurer les chantiers. Cette pompe fonctionnait à la carrière de l'Hermitage.
Elles étaient garés aux Grands-Carreaux avant d'être restaurées et installées ici flambant neuve.
La carrière du Buisson est ouverte en 1838, de nombreux éboulements entraînent sa fermeture en 1845. Elle est inondée par la rupture de la levée de la Loire en 1856.
Voici une vue caractéristique du pays ardoisier : l'ardoise est partout, le lichens s'installe densément parsemé de mousses, les bouleaux y poussent par milliers, c'est un milieu sec et tranchant avec ses grands fonds noyés.
Bassin de Rénazé
Après Trélazé, Rénazé est le second centre ardoisier de la région. L'exploitation de l'ardoise dans la commune remonte au 15ème siècle et s'effectue principalement à ciel ouvert, on dénombre jusqu'à 18 carrières uniquement à Rénazé. A partir du 19ème siècle, six grandes sociétés se partagent ce bassin mais seules les deux "principales" vont prospérer jusqu'au 20ème siècle, il s'agit :
- La Commission des Ardoisières d'Angers (1891-1970)
- La Société Ardoisière de l'Anjou (1894-1975)
A la fin du 19ème siècle, les exploitations restantes suivent la même marche que les autres sociétés et commencent à exploiter en souterrain. A Rénazé quatre grandes exploitations vont se doter de puits : à Saint Aignan, l'Aubinière, la Touche et Longchamp. Ici une seule veine est exploitable de 30m de large et diminuant en profondeur. Elle n'est plus que de 4 à 5m à -300m. En 1895 la "SAA" a absorbé l'Aubinière, la Touche et le Fresnes (ciel ouvert), tandis que la "Commission" exploite à La Rivière (Saint Saturnin).
L'exploitation de l'ardoise s'arrête en 1975 au puits de Longchamp. Il ne reste alors plus que 76 employés.
Le bassin de Rénazé est considéré comme le second bassin producteur d'ardoise après celui de Trélazé.
Ardoises de Rénazé
Si pour certains modèles les dimensions sont identiques, c'est l'épaisseur ou le poids qui diffèrent.
La Forge
Ce bâtiment au lieu dit "La forge" servait à la confection des outils des carriers mais aussi pour les fers à cheval.
Puits de L'aubinière
Le quartier de l'Aubinière est sans doute le plus ancien dans l'exploitation de l'ardoise, il a une place importante car il est au centre de l'extraction. Il sert comme puits d'aérage et de secours après la connexion des travaux de la Touche dans les années 1950. Il servira jusqu'à la fin.
Il est foncé en 1843 ce qui en fait le puits le plus vieux encore visible de nos jours. Il atteint -150m de profondeur.
Puits de Saint Aignan
Deux puits sont foncés : à partir de 1920 pour le puits 1 jusqu'à -213m et en 1922 pour le puits 2 jusqu'à -230m. Le chevalement métallique encore visible correspond au puits 2. L'extraction débute à partir de 1925 à -220m avec la méthode "en remontant". L'extraction est arrêtée en 1959 à -150m. Ce chevalement est l'un des plus élevés de la région, le carreau est resté fragilisé après l'effondrement du puits quelques années après son arrêt.
Puits de Longchamp
Trois puits ont été foncés à Longchamp. Un premier qui exploite les niveaux en dessous du ciel ouvert entre -60 et -80m, un second est foncé jusqu'à -180m et permet un plus grand rendement avec une quinzaine de chambres. Enfin le puits 3 qui est foncé en 1939. Le chevalement actuel provient du site de la Bremandière à Trelazé où il avait été installé en 1926. Il est démonté et installé sur le site de Longchamp en 1941. C'est un chevalement à poutrelles et treillis métallique de 22m est construit par la société Vénot-Peslin. Le puits atteint -305m de profondeur. Il est mis en service en 1943 et peu de temps après Longchamp 2 est arrêté. En 1947, 12 chambres sont exploitées sur deux niveaux. Grâce à des travers bancs, Longchamp 3, à l'étage -255 est connecté à La Touche puis par une bure, jusqu'à -170m rejoint d'abord l'Aubinière et enfin Saint Aignan 2.
Il s'agit du puits le plus profond à Rénazé et du dernier en activité.
En 1979, après la fermeture, d'anciens mineurs décident de créer un musée ardoisier autour de l'ancien puits 3. L'association "Perreyeurs Mayennais" qui gère le site permet de découvrir toutes les étapes de l'exploitation de l'ardoise, de l'extraction jusqu'à la fente.
En 2002, le toit du chevalement est démonté pour des raisons de sécurité, il est remis en 2013 après sa complète restauration.
Le musée est inauguré le 27 Octobre 1984. Observez la réplique du chevalement et le vrai en fond.
Notez le treuil placé à angle droit du puits. Il parait que c'est le directeur qui empruntait ce treuil pour descendre.
L'employé à la manoeuvre est aussi seul responsable de la propreté du bâtiment. Observez le magnifique parquet en bois et surtout les patins qui vont avec.
A partir de 1955, alors que la technique au fil hélicoïdal est inéfficace, on utilise la haveuse qui demeurera active jusqu'à la fin.
Les ardoisières de Bretagne
Le gisement ardoisier de Bretagne s'étend de Rennes à Chateaulin où se concentre la plus grande partie du bassin. Les premiers centres d'exploitations sont situés à l'Est. Les ardoisières sont nombreuses mais peu productives, en cause des veines abondantes mais pas assez puissantes, pour autant l'ardoise extraite est de grande qualité. Notons celles du Plessis (Coësmes), Riadan-en-Pléchätel (Pléchatel), Bains, ou Sainte Marie. Malheureusement ces ardoisières pas assez rentables ne dépasseront pas le début du 20ème siècle.
Il faut alors se tourner vers le bassin de Chateaulin situé entre les Monts d'Arrée et les Montagnes Noires dans la région du Huelgoat. Les premières traces d'extraction dans la région sont attestées au Moyen Age, mais c'est dans la première partie du 19ème siècle que son essor va se développer, grâce notamment au canal de Nantes à Brest. Chateaulin prend alors une place centrale dans ce bassin. Le canal et plus tard le chemin de fer permettent le démarrage de nombreuses autres ardoisières en direction de l'Est : dans le pourtour de Chateaulin, Pleyben, les ardoisières de l'Aulne (Saint Hernin, Motreff et Saint Goazec avec l'ardoisière du Rick qui est la plus grande carrière à ciel ouvert de Bretagne), les ardoisières de Maël-Carhaix et Plévin et enfin les ardoisières les plus à l'Est : Caurel, Mûr-de-Bretagne, Merléac, l'Hermitage, Saint Gilles.
Si on compare ce bassin avec celui d'Angers, il n'y a pas ou presque de grandes sociétés qui dirigent ces ardoisières (Ardoisières de la Montagne Noire, Ardoisières de Stéreon). Cette industrie est éparse et reste modeste, le travail est d'ordre rural et "familial" mais surtout entièrement breton ! De nombreuses carrières sont ouvertes puis gérées de génération en génération.
La production n'est pas non plus comparable à celle de l'Anjou, mais l'ardoise est tout de même d'aussi bonne qualité, la production maximale atteint 19 500 tonnes en 1923. Celle-ci est massivement utilisée pour la couverture (en contrepartie c'est ce qui en causera sa perte, pas assez de diversification), tous les toits de Bretagne en sont recouverts, ces ardoisières ont un monopole de vente dans toute la Bretagne, mais elles vendent également en Normandie et à l'export jusqu'en Grande Bretagne. Pour faire face à la crise, seules les ardoisières de Basse-Bretagne restent toujours en activité en 1935 elles se concentrent entre Gourin et Maël-Carhaix.
L'exploitation se fait uniquement en souterrain (une seule encore à ciel ouvert à Saint Goazec, fermée en 1937) en descendant et plus tard avec la méthode en remontant. Il faut savoir que les puits fonçés sont beaucoup moins profonds que ceux d'Anjou, si on dépasse les -100m c'est déjà beaucoup. La production se stabilise à 12 700 tonnes en 1935.
Ardoises de Bretagne
Sources :
- L'industrie de l'ardoise en Basse-Bretagne - René Musset
- L'industrie ardoisière en Basse-Bretagne - Louis Chaumeil
Ardoisières de Maël-Carhaix
Leur histoire débute visiblement en 1903 mais l'exploitation de l'ardoise dans la région est beaucoup plus ancienne, de nombreux sites sont ouverts à ciel ouvert dans les environs. Pierre-Louis Henri en est le directeur et jusqu'à la fin ,l'ardoisière restera une entreprise familiale. Elle se regroupe en deux exploitations très proche : celle de Moulin-Lande et celle de Kergonan. Kergonan est le nom du lieu dit tout proche tandis que Moulin-Lande proviendrait du nom d'un ancien moulin à eau.
Deux puits déjà foncés, sont repris pour l'extraction : Puits Lucas et Connan.
Alors qu'une majorité d'ardoisières a fermé ses portes à la suite de la crise de 1929, Maël-Carhaix s'en sort relativement. Bien que le site soit petit, malgré ses 14 hectares, on note une grande modernisation à cette époque avec l'utilisation de marteaux-pneumatiques, marteaux-piqueurs et marteaux perforateurs, treuil de 25CV, compresseurs à air et pompes d'exhaure. Près de 300 ouvriers sont alors employés. Un nouveau puits est foncé il s'agit du puits de la Prairie.
Au début des années 1980 alors que l'industrie ardoisière connaît les problèmes de la concurrence, l'ardoisière ferme ses portes en 1984. Yvon Barazer l'a ré-ouvrira quatre ans plus tard avec une trentaine d'ouvriers. Fort de la qualité de ce matériau et avec de nouveaux moyens, de nouveaux marchés sont acquis, après les Invalides, c'est la Sorbonne, l'Assemblée Nationale, la Place Vendôme, les cathédrales du Mans, de Rouen, le Parlement de Bretagne et même à l'étranger en Hollande que la réputation de Maël-Carhaix s'installe.
Il faut dire que l'ardoise de Maël-Carhaix est l'une des plus belle, de couleur bleue nuit avec des reflets brillants, elle est complètement dépourvue de pyrite et présente une résistance incroyable, ce qui en fait une ardoise "garantie à vie".
La DRIRE met fin à l'extraction en 2000 pour non respect des arrêtés de conformité de l'exploitation. Il s'agissait alors de la dernière ardoisière de Bretagne. Fin 2012 c'est la fille d'Yvon, Gwénaëlle qui démarre la société AM3C (Ardoisières de Maël-Carhaix Concassage Criblage) afin d'écouler les déchets d'ardoises pour le paillage.
Sources :
- Pour une géo-archéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne - Louis Chauris
- Ville de Maël-Carhaix
Le site était composé de 4 puits mais seul 3 trois sont encore équipés de chevalements il s'agit :
- Puits de la Prairie
- Puits du Milieu
- Puits du Haut (disparu)
- Puits Connan
Le puits de la Prairie est foncé en 1929, jusqu'à -60m, il sert à l'extraction. On accédait ensuite au fond jusqu'à -200m par les chambres souterraines.
Le gisement d'ardoise de Maël-Carhaix est issu du Carbonifère il est incliné d'Est en Ouest avec un pendage assez élevé de 70° vers le Sud et dont la puissance s'échelonne entre 10 et 20m. On exploite "en descendant" ce qui donne des chambres d'extraction assez démesurées de 50m de longueur sur presque autant de hauteur !
Si au départ on a extrait grâce aux coins, aux dernières heures une haveuse-rouilleuse s'occupait de découper les blocs.
Le puits du Milieu sert comme puits de secours.
Une impression que tout s'est arrêté du jour au lendemain, que la végétation a englouti le site et qu'il a été littéralement oublié dans le temps.
Les ardoisières de Normandie
Ardoisières de Caumont-l'Eventré
Située dans la partie occidentale du Massif Armoricain, les ardoisières de Normandie ne sont pas très connues et n'a été représentée que par celle de Caumont-l'Eventré, enclavé entre Caen et Saint-Lô.
Le gisement ardoisier de Caumont-l'Eventré appartient à la formation cambrienne, c'est à dire à l'étage inférieur du terrain de transition, les couches qui le constituent sont à peu près verticales, elles plongent légèrement au Sud et sont dirigées de l'Ouest à l'Est. Les bancs, remarquables par leur étendue et leur épaisseur, couvrent tout le mamelon sur lequel est bâti le bourg de Caumont, et à quelques décimètres de profondeur, on trouve partout des affleurement qui bien que dépourvus de densité, de cohésion, et désagrégés en partie par l'action des eaux, présentent déjà les caractères particuliers de schistes exploitables
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Des exploitations de Castillon, Bazoque, Litteau et Curcy, celle de Caumont-l'Eventré débute dans les années 1850 d'abord par de simples entrepreneurs avant de se constituer sous un premier nom : "Société de la Grande Ardoisière de Caumont-l'Eventré" le 13 Juin 1858. Acquérant de nouveaux terrains elle se rebaptise "Société Générale des Ardoisières de Caumont-l'Eventré" en 1862. Mais les problèmes liés à l'exploitation à ciel ouvert, tel que l'accumulation des eaux stagnantes, les mouvements de terre à déplacer ainsi que les exigences des différents propriétaires, provoquent la démission de son directeur. Reprise par Thimothée Charlier en 1862 la société est prospère et perdure avant sa liquidation en 1871, touchée par la crise économique.
L'ardoisière est rachetée par un jeune prussien : Charles Jaberg, seule une activité commerciale est maintenue, il faudra attendre le début des années 1880 pour que l'exploitation puisse reprendre sous l'impulsion de deux propriétaires André Bobet et Hyppolite Mingaud, qui fonde dans le même temps la Compagnie Générale des Ardoisières de Normandie.
Cette nouvelle société fait de nouveau face à la crise avant d'être dissoute seulement quatre ans plus tard.
Jusqu'en 1947, les terrains sont revendus et passent par plusieurs propriétaires, les installations sont pour la plupart totalement détruites et les ardoisières tombent peu à peu dans l'oubli, elles renaissent sous le nom de Societé des Carrières d'ardoises de Caumont-l'Eventré. Cependant le problème majeur reste toujours l'approvisionnement. En 1949 les actionnaires parisiens et caumontais se disputent, le capital repasse finalement entièrement sous le joug caumontais et s'appelle désormais la Société des Ardoisières de Caumont-l'Eventré. Mais ce retour en main "local" peine à convaincre et les capitaux ne sont pas assez suffisants, l'ardoisière est liquidée en 1952 sans avoir été de nouveau exploitée.
Ainsi s'achève l'histoire d'une industrie originale pour la région. Les ardoisières de Caumont-l'Eventré ont été les seules en Normandie à atteindre une véritable dimension industrielle. Née sous le signe de l'originalité : au pied de l'église en toute illégalité, elles ont connu une existence tourmentée. Après des débuts difficiles et une de gloire de courte durée, leur agonie s'est avérée interminable. (...) Les Ardoisières de Caumont-l'Eventré n'ont pas pu résister à la concurrence angevine unie depuis longtemps. L'absence de chemin de fer a accentué leur handicap. Elles ne disposaient pas de moyens de transport suffisamment économique et fiables pour livrer au loin et dans les meilleurs conditions des produits bon marché
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Sources :
- Les ardoisières de Caumont l'Éventé. Histoire d'un passé oublié - Christelle Robin
- Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie (1862)
Divers
Ici et là quelques autres vestiges, une cahute de carriers, une exploitation à ciel ouvert et deux galeries d'accès à flanc de coteau rejoignant le fond d'une exploitation à ciel ouvert complètement inondée.