Gypse
On extrait le gypse pour faire principalement du plâtre et aussi du ciment dans une moindre part. Le bassin parisien est le bassin le plus riche de France, on extrait 90% de la production nationale sur une dizaine de carrières, représentant 4 000 000 tonnes à l'année (1974) et plus récemment 3 100 000 (2005).
Le gypse appartient au Ludien à l'étage tertiaire de l'Eocène. Il se trouve à cet endroit entre 70 et 80m de profondeur, il est surmonté de plusieurs couches de sédiments : de l'argile, de la meulière, du sable et du grès, des marnes, des marnes supra-gypseuses, du gypse et en dessous, des couches de marnes infra-gypseuses, de sables, de marnes et d'une importante couche de calcaire.
Les ouvertures de carrières se font à une altitude de 110 à 120m. Sur tout le massif on exploite uniquement que la première couche de gypse qui oscille entre 5 et 9m de hauteur.
Cette couche de gypse est divisé en deux bancs :
- Le banc tendre (au dessus)
- Le banc dure (en dessous)
Chaque banc est sub-divisé en plusieurs couches que le carrier a soigneusement nommé :
- Le ciel (non exploité) :
- Banc mou
- Gros dur
- Petit dur
- Le Banc tendre (exploité au 2/3) :
- Souchet
- Banc jaune et bousineux
- Banc gris
- Gros glingueux
- Petit glingueux
- Brioche
- Trois pierres
- Gros banc
- Cale de sable
- Le banc dure (exploité au 1/3) :
- Banc turc
- Banc jaune
- Troisième banc
- Banc du fond
- Le sol (non exploité) :
- Sous pieds
- Banc marneux
Les carrières sont exploitées dés le Moyen Age, mais c'est au 18ème siècle que son essor industriel se développe. On a dénombré une vingtaine de carrières, celles-ci se sont étendues sur 650Ha, dont 300Ha sont aujourd'hui effondrées ou foudroyées. Toutes les carrières s'ouvrent par cavages, elles sont exploitées par la méthode des piliers tournés avec piliers irréguliers dans un premier temps puis à piliers réguliers (méthode industrielle). Cette différence importe sur le taux de défruitement, c'est à dire le rendement d'exploitation : il s'agit du rapport entre la surface totale et la surface exploitée. Plus ce taux est grand, plus on exploite la carrière, mais en contrepartie elle en devient plus dangereuse, pour sa stabilité.
L'extraction se fait toujours à l'horizontal du haut vers le bas. Il faut laisser un banc suffisamment épais pour le ciel, celui-ci supportera par la suite tout le recouvrement, le banc tendre est taillé de façon trapézoïdale et le banc dure rectangulaire. Cette forme particulière est aussi adapté à la portance des terrains du dessus. Les galeries et piliers font 7m de large.
Elles furent d'abord taillées manuellement à la rivelaine, au marteau, à la pelle et à la vrille pour percer, on exploite anarchiquement et peu de bancs. Les blocs sont extraits par wagonnets et tirés par des chevaux, puis remplacés plus tard par des locomotives. L'éclairage d'abord rudimentaire au pétrole, voit arriver les lampes à acétylène puis électriques sur batteries. Les premières machines mécanisées arrivent après 1910 : haveuses à percussions, perceuses et vers 1924 la poudre noire et la dynamite sont remplacés par l'utilisation d'explosifs avec l'oxygène liquide puis les explosifs nitramités, les amorces micro-retards, le nitrate de fuel et enfin le foudroyage (affaissement contrôlé). Les rendements sont multipliés, le risque est maîtrisé et le temps d'abattage est divisé. Il faut :
- 200 heures en 1900
- 11 heure en 1930
- 14 minutes en 1955
Une chargeuse charge 500 tonnes en 8 heures alors qu'un ouvrier ne dépassera pas les 20 tonnes.
A ce moment là de la mécanisation, les carrières de l'Hautil sont définitivement regroupées en une seule : le Port-Maron, relie quasiment toutes les exploitations, on navigue de Vaux-sur-Seine à Triel-sur-Seine souterrainement sur plus de 150km de galeries. C'est à ce moment la plus grande carrière souterraine de France pour l'extraction du gypse. En 1954, 650 000 tonnes de gypse sont extraites par an, en 1962, 899 000 tonnes et un million au début des années 1970.
Les champignonnistes s'installent dans les carrières qui sont désormais abandonnées. On cultive d'abord en meules, puis en sacs (1970) et aujourd'hui en bacs métalliques. Je citerai certains noms célèbres comme Duroselle à Triel, Pezzali et Vedovati à Menucourt ou encore Oberti et Zinetti à Evecquemont.
Le gypse est par nature une pierre friable et notamment soluble dans l'eau, il est par conséquent fragile et il est donc important de consolider les galeries. Pourquoi ?
- La portée de certaines galeries est très haute.
- Le ciel a par endroits été sur-exploité sans se soucier du risque.
- Le recouvrement, généralement près des entrées est plus faible et présente un dénivelé important facilitant les mouvements de terrains.
- Par décision du préfet, des inspecteurs rendaient visites aux exploitants afin de vérifier les travaux. Ceux-ci imposaient souvent des travaux de consolidations voire de remblaiements.
Les carriers ont donc très tôt, largement consolidés les galeries de roulage par des voûtes en meulières. La meulière a longtemps été extraite à ciel ouvert dans les bois de l'Hautil, elle est peu profonde (4 à 8m) voire presque affleurante. Il reste encore de nombreuses excavations encore visibles. La meulière est une pierre résistante, isolante et fréquemment utilisée pour des travaux de consolidations, notamment sous Paris .
Depuis l'arrêt d'exploitation de ces carrières, celles-ci se sont complètement dégradées avec le temps. Elles ne sont plus du tout contrôlées même par l'IGC. Pour autant ces carrières sont toujours "actives" dans leur processus d'effondrement, les piliers s'effondrent toujours et les fontis s'ouvrent toujours en surface. Malheureusement aujourd'hui il n'y a rien à faire contre cela. Toutes les mesures d'expropriations ont déjà été faites, et les seules galeries qui restent sont situées en forêt ou dans des zones inaccessibles pour qu'elles soient comblées (trop coûteux), ou tout simplement que nous ne savons pas dans quel état sont ces galeries (effondrées ou vides résiduels). Cela n'a pas empêché malheureusement certains accidents au cours des années :
- 13 Mars 1991 : A Chanteloup-les-Vignes, un effondrement emporte une caravane dont Stephane Lecorguillier qui en sera victime, malgré lui, et ne sera malheureusement jamais retrouvé.
- 11 Février 1993 : A Chanteloup-les-Vignes, un fontis rue du chapitre
- 3 Juin 1994 : A Triel-sur-Seine, un fontis rue Chemin des Picardes
- 27 Février 1995 : A Triel-sur-Seine, un fontis rue de la Chaloupe
- 2001 : A Chanteloup-les-Vignes, un fontis sur la RD22 rue de l'Hautil
- 14 Janvier 2009 : A Evequemont
- 2010 : A Vaux-sur-Seine, un fontis sur la RD17
- Mai 2016 : A Chanteloup-les-Vignes, un fontis rue de l'Hautil.
Autres facteurs aggravants, certaines carrières notamment celles de Port-Maron, sont devenues très peu ventilées et c'est une source plus grave encore de danger. Le taux d'oxygène normal ressenti à l'air est de 21,6%. La densité d'oxygène diminue au plus bas, au détriment du Co2. Pour rappel le Co2 est un gaz inodore et se caractérise visuellement par l'extinction de bougies, une respiration difficile, et pouvant aller jusqu'à une perte de connaissance voire de mort dans les cas les plus graves en fonction du taux et de la durée d'exposition. Ce Co2 proviendrait de la décomposition des plantes en surface qui s'infiltrait par les nombreuses fissures et serait piégé en souterrain.
J'ai vu descendre ce taux d'oxygène au plus bas durant des années et aujourd'hui celui-ci est devenu mortel et insoupçonné.
Bien que cet endroit soit certes magique, une forte impression d'avoir visiter un autre monde, insoupçonné, le temps d'un instant, cependant si la beauté surpasse les risques présents, ces lieux restent et resteront de plus en plus dangereux.
Le massif de l'Hautil est le seul bois d'Ile de France à être interdit à tout promeneur pour des raisons évidentes de sécurité, la forêt est déjà remplie de cuvettes d'effondrements et d'autres sont toujours prêtes à s'ouvrir brutalement.
Sources :
- Un grand merci tout particulièrement à Monsieur Robert Bréant pour son savoir et ses informations.
- Triel sur Seine son histoire, ses légendes - Georges Beaujard et Daniel Biguet
- Profil géologique du chemin de fer de Mantes à Argenteuil - Georges Ramond et Gustave-Frédéric Dollfus
- Le Gaulois, 1878
- Le ciment, revue générale des industriels de la construction, 1907
Voici à présent quelques photos de ces carrières quand elles étaient encore accessibles.
La Sébillotte
La carrière tire son nom du propriétaire : Jean Marie Sébillotte (Père) puis Eugène Sébillotte (Fils) qui exploita la carrière.
On accède à la carrière après un long tunnel peu large complètement conforté en meulières et de voûtes en béton, moins fréquent et plus moderne. Les chambres d'exploitations sont moins grandes et les piliers moins hauts, on exploite que le banc tendre. Ceci s'explique tout simplement par la position de la carrière par rapport au massif, elle se trouve à l'extrémité de la butte, donc moins riche.
Le gypse était transporté jusqu'à l'usine à plâtre de Meulan (Thun) où il était transformé et expédié par la Seine
Cette carrière en particulier a été frappée par un grand nombre d'accidents.
Bien après son exploitation, qui se termina dans les années 1940, la carrière fut utilisée comme champignonnière dans les parties les plus grandes par Monsieur Carrara. La culture s'effectuait en meules. Il reste ici et là diverses traces : un arrosoir, des tonneaux pour récupérer l'eau, cuves pour la stocker, un broyeur et une présence de l'utilisation de courant électrique (cadran et fils électriques) pour alimenter le broyeur et peut être éclairer.
L'état de la carrière est très préoccupant, les forces s'exerçant étant tellement fortes que toutes les consolidations en deviennent de plus en plus obsolètes, il y a du ciel tombé partout, les parois sont gondolés et quand ce n'est pas le ciel qui laisse voir des incompréhensibles fontis, c'est au sol que l'on aperçoit des crevasses. Plusieurs zones ont déjà été injectées mais sans aucun respect pour les galeries voisines ni aucune surveillance en souterrain. Résultat il y a un coulis d'injection qui se déverse partout dans les galeries.
Oberti est un nom de champignonniste. Il reste pas loin quelques bocaux de mycélium.
Camille Resve ainsi qu'Henri Resve est le nom de champignonniste que l'on retrouve le plus ici mais aussi dans presque toutes les autres carrières du massif de l'Hautil. Il a écrit son nom partout !
On trouve quelques dessins aux détours des galeries.
Rue de la Croix se trouve précisément Allée de la Croix en surface, précisément ou est édifiée la Croix du Bouquet ou Croix des Missions en référence aux Missionnaires de France qui avaient alors édifiée ici un Christ en croix grandeur nature. Cette croix est datée de 1826.
On notera une belle trace d'explosifs (Cf: Pont des soupirs, Explosif).
Il s'agit d'une ancienne sortie qui ressortait à Evecquemont et non à Vaux. Elle est aujourd'hui comblée, malgré tout cette galerie de roulage est fortement confortée car elle passe sous certaines routes du village.
Ma collection de fontis...
Le Jonquet
C'est une petite exploitation de gypse relativement mal connue et sans doute artisanale au départ. Aujourd'hui il ne subsiste plus qu'une longue galerie de roulage, l'accès vers tous les chantiers sont effondrés. La carrière communiquait tout de même plus au Nord avec les Vaux Gaillards totalement inaccessible depuis longtemps. L'ancienne plâtrière au débouché de l'entrée a été rénovée depuis et sert actuellement de logement.
L'entrée est un tunnel équipé d'une voie unique de type Decauville à écartement de 70cm (typique des exploitations de l'Hautil) long sur une centaine de mètres, qui permet d'atteindre la masse de gypse à proprement parlé. Le tunnel appareillé en meulières a été fortifié avec une mince couche de ciment sur son dessus. La galerie monte un peu et zigzague, pour déboucher sur un premier carrefour, où la hauteur augmente un peu plus.
Tremblez devant la terreur branlette !
La hauteur est déjà plus importante ici, chaque galerie possède des consolidations. On distingue deux époques, vers 1839 pour l'exploitation (inscription au ciel) et vers 1960 (utilisation en champignonnière). Ces galeries rappellent très franchement celles des Hautsmonts pour l'utilisation de consolidations mais aussi dans la couche de gypse, celle-ci est très fracturée. Ce qui est normal dans cette première partie.
Au niveau des consolidations on leur a toutes attribuée une lettre (A,B,C,D) pour différencier chaque secteur de renfort.
La totalité des galeries adjacentes se sont effondrées, laissant d'importantes coulées de marnes verte, et aucun autre secteur de visite possible.
Les galeries mesurent 5,3m de largeur sur une hauteur presque équivalente de 5,6m. Un peu plus loin, là où elle semble plus importante elle atteint 6,2m de largeur. Les galeries trapézoïdales ne mesurent plus que 3m à leur sommet.
On retrouve encore beaucoup de signatures d'époque. Une très belle montgolfière de 1904 signée de J.E.Maillard (Il pourrait s'agir de Jean Edmond), une ancre et un épi (du même auteur), et plus loin des inscriptions des différents occupants : "Denise Crochet - Roger des inbesiles" "Henri Resvé" "Feret Gilbert" "Le Gall" (Inspecteur de l'IGC en 85), Bailly, Heroux.
Vaux Renards
Appelée la "Carrière Neuve" ou plus généralement Vaux Renards issu du hameau le plus proche. Cette ancienne carrière se développait très profondément dans le massif, pour rejoindre les carrières voisines des Hautsmonts et Port Maron situé à l'Est. Vaux-Renards servait d'entrée au grand réseau souterrain, il fallait faire 7km avant d'atteindre les chantiers les plus éloignés. A l'heure actuelle, il reste un long tunnel de roulage de 400 mètres ne débouchant que sur quelques galeries à peine. Il ne reste plus de rails, pourtant ici circulaient bien les loco-diesels qui transportaient le gypse, seuls les murs gardent encore la noirceur de la fumée.
L'entrée est surmontée d'un emplacement pour une Sainte-Barbe.
Il y a ici un très grands nombre de fissures sur les parois, parfois très inquiétantes d'autant plus que certaines voûtes reposent directement dessus.
Dans une partie on retrouve encore au sol le reste de meules, d'un arrosoir tout écrasé et rouillé, et des bouts de chaudière dans le même état. Mais l'endroit est très fragilisé, comme le montre cette cloche de fontis retenue par deux voûtes.
Saint Nicaise
Carrière dite des "Hautsmonts" ou Saint-Nicaise du nom de sa plâtrière. C'est sans doute la plus ancienne carrière du massif de l'Hautil encore visible, puisqu'elle est déjà recensée en 1780 et vraisemblablement en exploitation aux alentours de 1760 et nommé plus tard l'ancienne carrière après l'ouverture de la Mécanique. Celle-ci possède deux entrées :
- Une en inférieure, qui représente la galerie de roulage principale, d'où sortait le gypse, la hauteur est de l'ordre de 5 mètres.
- Une en supérieure, qui représentait sans doute l'accès du personnel, et permettait d'atteindre directement les chantiers.
La carrière est aujourd'hui cernée par des effondrements et ne montre pas toute l'étendue qu'elle a pu connaître. Dés l'entrée il y a une impressionnante série de consolidations. La galerie principale s'agrandit un peu plus loin et part dans plusieurs directions, on débouche alors dans ces grandes chambres d'exploitation, aux hauteurs vertigineuses remarquablement stratifiées, où tous les bancs de gypse sont assez bien visibles.
Son appellation plus récente de "Proverbes" vient des inscriptions que l'on peut lire sur les parois de la carrière, inscriptions crues sur la virilité masculine, et visant une certaine dépréciation de la gente féminine.
Saint Nicaise est la première carrière à disposer de son propre port à plâtre (Rue du Port), il est agrandi en 1788.
La carrière ferme en 1931.
Voici les galeries d'entrées au niveau supérieur
Cette croisée en ogives de trois voûtes est une oeuvre d'art de consolidation. On parlera d'ailleurs par moment de "cathédrale", pour noter le nombre important de voûtes, mais cela témoigne surtout de leur beauté architecturale.
Tout au fond de la carrière, on retrouve sur certaines voûtes des dates, "1855" avec sur plusieurs d'entre elles, les mois où elles ont été faites : on peut donc avoir une idée partielle de l'avancement des consolidations dans différents endroits de la carrière.
La carrière a également servi de champignonnière, puisqu'on retrouve encore des informations de lardage sur quelque parois.
Il est écrit Etienne Verneuil l'ancien coureur sur JB Louvet, le vainqueur du tour de France un Paris-Roubaix, un Paris-Tours, un Bordeaux-Paris, vive le champion de France". JB Louvet est une entreprise française de cycles.
Une série de dessins et signatures, le premier concerne Saint Roch accompagné de son chien (il est le patron et protecteur des animaux). Le suivant désigne la signature du sieur Henry Royer (Henri Nicolas Royer 1804-1876) datée de 1856. Enfin le dernier montre un bateau a vapeur.
Cette signature concerne le sieur Blain, il s'agit sans doute de Vincent Blain, carrier d'Evecquemont. Il a signé au noir de fumée et au dessus à la mine de crayon. Le dessin est sublime de précision.
Ces deux premières photos montrent les dates les plus anciennes retrouvées en carrière elles sont encore visibles et indiquent 1766 et 1786. On semble lire sur la première "Francois Brean, avril" il a signé deux fois : à l'endroit et à l'envers. Quand à l'autre elle est partiellement déchiffrable, des plaquettes de ciel se sont détachées, on lit clairement "a Vaux" et 1784.
Cette dernière signature est apparue que très récemment lors d'une visite inopinée. Il s'agit donc de Maurice Bautier (1897-1980) qui était tailleur de pierre dans une marbrerie funéraire située près de la gare à Vaux. Il s'agissait également du frère et du dernier propriétaire des Petites Carrières. Cependant on ne sait pas, pourquoi il est venu ici marqué son nom.
Nous voilà dans la partie inférieure, encore une fois les galeries sont noircies par les fumées des locomotives diesels. C'est aussi le seul endroit où l'on peut admirer une couche de pied d'alouettes, puisque nous sommes dans une seconde masse.
La Mécanique
Carrière dite de "la Mécanique" ou "Nouvelle carrière" (par rapport à la carrière des Hautsmonts) et aussi "des Anes" ouverte vers 1827. L'origine de ce dernier nom remonte à l'époque où le transport du plâtre se faisait avec des ânes, les gens de Verneuil qui travaillaient dans leurs champs en face, ne cessaient de voir les allées et venues de ces porteurs, notamment quand fût venu l'heure du repas, "Les ânes de Vaux rentrent" disaient-ils. Il en était de même pour eux, signe que la journée était finie.
Plus tard la carrière servait pour la sortie de blocs, d'abord pour les Hautsmonts puis Port-Maron quand elles furent connectées. Elle est située en contrebas des autres carrières, l'entrée est taillée à l'étage calcaire, et remonte doucement vers le gypse. Une fois sorti, les blocs étaient alors acheminés vers le port à plâtre du Port-Maron par un plan incliné, que l'on peut encore voir, celui-ci enjambe d'ailleurs un chemin grâce à un pont.
Ce pont est percé par une trémie à son centre, qui permettait de charger les tombereaux en dessous. L'entrée est surmontée d'une enseigne qui a disparue avec le temps. La galerie s'arrête définitivement sur un effondrement rendant impossible la suite de la visite.
Port Maron
Ouverte aux alentours de 1780, l'entrée se situe sur la commune de Vaux mais l'exploitation se développe très largement sur Triel. Il est d'ailleurs entendu qu'il s'agit de la plus importante carrière de la butte, puisqu'elle est la dernière à avoir fermée, et qu'a ce moment là elle rejoignait toutes les carrières avoisinantes.
C'est Monsieur Joseph Maron qui en fût le principal propriétaire (mais pas le premier) et qui en donna au final, son nom. En 1919, la carrière est racheté par la SAMC (Société Anonyme de Materiel de Construction) qui deviendra plus tard Placoplâtre. Cette société plutôt spécialisée dans les mines (ce qui vaudra à beaucoup d'appeler cette carrière, la mine de Port Maron) emploie des moyens plus modernes et conséquents.
La galerie de roulage garde encore aujourd'hui les vestiges, de consolidations à l'aide de poutrelles au ciel, de quelques traverses au sol pour la voie de chemin de fer et parfois même encore de boisages comme le rappellent les mines. Afin de rejoindre les chantiers, il faut parcourir plus d'un kilomètre. Nous débouchons alors dans ces chambres d'exploitations qui sont d'immenses secteurs où sont alignés des piliers à perte de vue, formant des quadrilatères parfaits. D'ici il était possible de rejoindre les carrières de Vaux Renard au Nord-Ouest, Saint Nicaise à l'Ouest et celles de Triel au Sud-Est : aujourd'hui ces jonctions n'existent plus. Les deux tiers de cette zone sont remplies de lacs dûs aux infiltrations. L'eau y est stagnante et a pour effet de ronger les piliers à leur base. Là où l'eau s'est retirée les piliers se désagrègent et finissent par céder sous le poids du ciel.
La carrière ferme définitivement ses portes en 1979.
Vestiges industriels
Les premières galeries nous mettent tout de suite dans l'ambiance, il s'agit de longues galeries, toutes noires et en mauvais état.
La numérotation des secteurs serait de type militaire pendant la Seconde Guerre Mondiale. Hypothétique marque laissée par les allemands pendant leur repérage pour l'aménagement des carrières en fabrique de guerre. On en retrouve à plusieurs endroits.
Ce petit treuil servait à la sortie par wagonnets, du gypse dur. En dessous il y a la poulie de renvoi avec son contrepoids. Le gypse tendre sortant par l'entrée en supérieure. Un culbuteur situé dehors s'occupait de vider les wagonnets tandis qu'un concasseur se chargeait de casser les blocs de gypse avant de les envoyer vers le port. Après modernisation, lorsque Port-Maron devient l'unique carrière pour la sortie de blocs, ceux-ci étaient envoyés directement au port par une bande transporteuse aérienne de 500m passant au dessus du chemin de fer et de la nationale. Au port les blocs étaient triés par des cribles, puis envoyés par camions ou par péniches.
Ce panneau de signalisation a été retrouvé par hasard, à proximité, dans un état remarquable de conservation. Personne ne l'avait jamais vu. C'est assez incroyable de retrouver ce type de vestige.
Les wagonnets de bois de 500L sont progressivement remplacés par ceux de 5000L.
Exploitation
Ces galeries inondées forment un grand lac souterrain, qui donnent des perspectives magnifiques.
Au ciel on distingue encore quelques tirs à l'explosif.
En allant plus loin, le paysage change et devient de plus en plus...chaotique. Plus on avance et plus l'air diminue, au fond c'est encore pire. Tout s'effondre de partout, le sol s'ouvre littéralement sous la pression des piliers, il y a une ligne de fontis qui progresse, les marnes "dégueulent" dans ces galeries. Malgré tout au milieu de ce désordre, et au détour d'une galerie, quelle surprise de trouver encore une ampoule, en parfait état, encore accroché à un pilier !
Il s'agit d'un ancien poste de transformation, il y en a un autre dans la carrière mais il est noyé.
Voici le second.
Il s'agit d'une sorte de petit atelier dont la particularité est d'être taillé entièrement à la haveuse. Cet endroit préservé est le seul dans toute la carrière.
L'endroit est hautement instable, les galeries autour sont en cours d'effondrement, il s'agit de la barrière de fontis, qui progresse. Ce tunnel servait de liaison entre les carrières de Triel et Vaux, l'effondrement visible (Cf: Liaison effondrée) rejoignait le fond de Triel, à contre sens la galerie est inondée mais continue jusqu'à tomber de nouveau sur un effondrement.
C'est aussi par là que s'évacuait l'eau. A proximité une petite galerie s'enfonce (Cf: La rivière) à cet endroit, si vous marchez au milieu, c'est s'exposer à avoir de l'eau jusqu'à la taille.
Les Violet sont une famille nombreuse de carriers. Marcel Lambert est un parfait inconnu mais il est peut être à rapprocher des Lambert et Frères, célèbres exploitants de plâtre notamment à Cormeilles-en-Parisis.
Le premier est sans doute le plus beau dessin. Il représente un soldat debout portant une lance dans sa main, il porte son uniforme avec épaulettes ainsi qu'un casque permettant de l'identifier. Il s'agirait d'un ulhan, un cavalier, qui équivaut à notre dragon. A coté se trouve un cheval. Il semble que l'artiste a signé mais ce n'est pas bien lisible.
Le second semble être un dessin de soldat "dragon".
Consolidations
Les secteurs où sont situées ces arches sont fortement endommagés, alors que plus loin, aucune consolidation et c'est en meilleur état !
Ca n'empêche que c'est un travail magnifique de maçonnerie.
Le secteur des arches, proche de l'entrée est magnifiquement consolidé, cette abondance d'arches témoigne sans doute d'une zone instable, en plus d'un travail soigné.
C'est le seul pilier à avoir ce type de soutien en béton (Cf: soutènement)
Port Maron sud
Cette partie déjà en très mauvais état et reculée n'est plus du tout accessible à ce jour. On retrouve encore ce qui semblait être une gare avec ses quais, un reste de rails, ainsi qu'un châssis de wagonnet. L'endroit est magique, car perdu et rappelle à quel point il devait y avoir tout un réseau ferroviaire à cet endroit.
Il reste quelques graffitis de carriers, "Rue Haute", "Rue du Centre", et une belle épure de cheval. Plus loin se trouve les seules voûtes préservées de ce secteur, c'est aussi l'endroit le plus éloigné de la carrière, si l'on pouvait continuer on devait alors déboucher au fond de Port Maron vers la zone des "lacs".
Au niveau de la gare on distingue encore les fils électriques et par endroits des panneaux indiquant "Câbles électriques"
L'embranchement de la gare rejoint directement le "wagonnet solitaire"
Pour contenir les fontis, certains murs de barrages ont été édifiés, ainsi que de nombreux grillages au ciel retenus par boulonnages.
Sur une paroi, un témoignage d'un italien venu travailler ici.
Il est écrit sur ces arches : Fait le 25 Janvier 1895 par J.Lesept et G.Amaury garçon servant G.Petit"
Le Bois Roger
Bois Roger étant le lieu dit, l'espace souterrain est constitué par trois grandes carrières :
- La Berangère
- Les Fontenelles
- Les Closeaux
La Bérangère, on ne sait pas beaucoup de choses sur cette carrière, elle fût sans doute ouverte par le maire de Triel (Mr Vallery), elle faisait partie du groupe "Union des carrières de Triel et de Vaux Port Barbé" Racheté successivement, elle fût encore exploitée pour son plâtre jusqu'en 1900. Puis elle fût transformée en champignonnière. La carrière servira plus tard en 1944 comme abri pour la population trielloise.
Plus récemment (2008), le département dû entreprendre des travaux de consolidations, car l'avancement de la ligne de fontis, menaçait de plus en plus la route au dessus. Des murs de coffrages ont donc été réalisés dans un grand périmètre pour soutenir la route, puis furent injectés de brique de polystyrène. Cette barrière faisant office de "muraille" a coupé la carrière en deux.
Les Fontenelles, son nom s'apparente au lieux dit le plus proche. M Vallery voulant ouvrir une nouvelle exploitation à Vaux, celle-ci fût rejetée, il décida donc d'en ouvrir une à Triel en 1832. 30 ans plus tard elle fût rachetée par la société de Port Maron qui en réalisa la jonction.
Les Closeaux, une galerie de communication au niveau de la Bérangère nous permet d'arriver dans cette carrière qui semble avoir la même taille. Cette partie semble tout de même plus ancienne, un peu plus haute mais plus belle. Les galeries sont marquées à la sanguine des dates d'exploitations et annotés de leur longueur et hauteur. Plus loin quelques secteurs de culture du champignon sont encore visibles par des cloisons, mais hélas avec le temps tout ce décor est en cours d'effondrement.
C'est une carrière remplie d'émotions, mais aussi de drames, d'un passé industriel, encore partiellement présent qui m'ai été donné de voir. Malheureusement tôt ou tard, celle-ci sera amenée à disparaître. L'expérience et le partage avec mes camarades resteront eux aussi, dans un autre genre, un bien beau souvenir.
Les Fontenelles
Bienvenue aux Fontenelles.
Les galeries sont très belles ici avec des indications inscrites à la sanguine, (une numérotation des quartiers pendant l'occupation ?) suivez les flèches rouge pour continuer la visite.
Au fond on atteint la barrière de fontis, on peut voir que la galerie continuait si l'on suit les flèches, malheureusement effondrée maintenant. On retrouve du gypse sur la gauche, de la marne verte à droite venant du dessus et le début d'un ciel tombé juste devant. Les points rose indiquent le balisage par l'IGC.
Ces deux croix sont datée de 1843 et faites visiblement par Jean Louis Dauvergne.
La carrière comme abri
Les 26 et 27 août 1944, les Triellois sont obligés de se réfugier dans les carrières souterraines afin de s'y cacher. Il y avait longtemps que le Conseil Municipal avait choisi comme refuge la Bérangère qui avait été équipée d’un éclairage électrique avec un groupe électrogène. Un certain nombre de Triellois venaient se mettre à l’abri dans les carrières toutes les nuits depuis un certain temps. Après l’évacuation de la ville, il y avait environ 500 personnes dans la carrière de Pissefontaine, et de l’ordre de 3500 personnes dans la Bérangère. Le 29 août ce sont les Américains qui viennent libérer les habitants de la carrière en leur annonçant que la ville était de nouveau sûre. Dés le lendemain l'évacuation commença et tous purent retrouver leur foyers, après quatre jours dans la carrière.
De cette période on notera quand même un événement positif et mémorable tout de même, avec la naissance de deux enfants.
Le nombre importants de graffitis vient donc de la population lors de leur "exode temporaire", ils sont généralement situés à hauteur d'homme ils traitent surtout de la guerre, de la vie à cette époque et de leur grande passion : le vélo. On retrouve également ceux des carriers, plus haut à proximité du ciel.
Ce pont représente l'ancien pont de la ville. Il y passait sûrement des bateaux à vapeur à cette époque. Ce genre de dessin a déjà été vu dans d'autres carrières. Cette rosace à peine visible est l'oeuvre d'un travail soigné, nous avons déjà observé exactement ce même type de dessin sans savoir sa signification.
Mr Vallée est exploitant de carrière, cette signature date de l'époque où il a racheté cette partie de carrière.
Voici la galerie de jonction entre le Bois Roger et Port Maron.
La Bérangère
Cette galerie de roulage est constituée de pas moins d'une dizaine d'arches, toutes numérotées et datées. C'est un travail absolument magnifique.
Ces murs de coffrage ont été édifiés afin de pouvoir supporter la route au dessus. Ces vides ont ensuite été complètement injectés.
Ces arches sont datés de 1874 et signés "Girotte et Cruchois", chaque arche est en plus numérotée.
Les Closeaux
L'impressionnante structure à ce carrefour baptisée "la Cathédrale" est une pure merveille d'architecture souterraine.
Tout ce secteur est d'ailleurs fortement bien consolidé avec une série d'arches dont les dates de construction sont notées au noir de fumée sur le dessus. On peut y voir l'avancement des travaux par mois.
Cette zone a été ravagée par un raz-de-marée, à la suite de l'ouverture d'un fontis, qui a déposé cette couche de boue sur toutes les galeries environnantes après que l'eau soit partie. Voilà pourquoi les carrières de l'Hautil sont très dangereuses.
En laissant derrière nous la Bérangère, cette galerie de jonction nous emmène tout droit vers une autre carrière, celle des Closeaux. On débouche alors dans une première zone en piliers tournés trapézoïdaux, puis dans une partie beaucoup plus haute.
Dans ce secteur une partie des galeries sont aujourd'hui inondées, l'exploitation est datée de 1900 au ciel à plusieurs endroits. La hauteur des piliers est inscrite directement sur les parois ainsi que leur espacement, au ciel.
Quelques vestiges d'exploitation sont encore visibles, mais toute la zone est maintenant cernée de fontis
Comme à Port Maron, une portion de galerie a été taillé à la haveuse.
C'est d'ailleurs dans cette direction que l'exploitation continuait mais tout est effondré.
Il ne reste plus tellement de signes de l'activité d'une champignonnière. Mais elle était en activité au milieu des années 50.
Cette dernière consolidation est datée de 1896.
Dernier souvenir avant l'au revoir définitif.
L'aviateur
Il s'agit d'un petit réseau qui semble être déconnecté de tout autre mais qui garde tout de même le charme des carrières de l'hautil. L'ancienne plâtrière qui se trouvait à proximité a entièrement disparue aujourd'hui.
Après les carriers, ce sont les champignonnistes qui investissent les lieux pour la culture du champignon aux alentours des années 1900. La culture se poursuit après la Première Guerre Mondiale et ce jusque dans les années 1960. Durant la Seconde Guerre Mondiale, la carrière semble avoir servie comme abri pour la population.
En dessous d'un ancien puits d'aération les champignonnistes ont installé un réservoir d'eau pour leur culture. Celui-ci alimente différents points dans la carrière à l'aide d'un tuyau.
Les galeries sont magnifiquement taillées en trapèze et consolidées en arches, c'est un travail typique de ces carrières. C'est d'ailleurs sans doute la carrière possédant le plus d'arches encore en place.
Certaines cloisons de champignonnistes sont encore en place, on peut lire "Rue Tournante" sur l'une d'entre elle quand à l'autre c'est devenue un puzzle.
Les anciennes entrées étaient bien plus basses, elles sont situées avant la couche de gypse. Elles sont plus fragiles et donc largement consolidées en meulières, un peu comme à la Sebillotte puis ensuite en béton. On voit très bien la couche de gypse qui plonge d'un coup, c'est la rupture de la couche.
La carrière est aujourd'hui cernée de fontis ce qui la rend inaccessible et coupée de tout autre réseau potentiel. Malgré tout, les galeries restantes sont dans un état raisonnable (On a vu pire !).
Cette formule écrite sur un mur est celle de l'Acéthylène !
Le premier dessin est très intéressant, il est d'ailleurs à rapprocher de celui trouvé à Sainte-Nicaise. La montée de l'hautil semblait être une épreuve de cyclisme assez courante. Elle est encore présente aujourd'hui en version course à pied. On peut lire en dessous M.Guernion la fine pédale du VCT. Nous pensons que le VCT est le nom du véloclub. Mr Guernion était déjà sur les parois dans la carrière des Fontenelles (voir plus haut), nous avons donc le droit à une vrai star.
La seconde inscription indique A chacun son chef, le communiste Staline, le français De Gaulle" où le mot "communiste" est barré et remplacé par "russe".
Pour chaque consolidation, une lettre est apposée dessus (A,B,C,D,E,F...), ici on voit bien le "D"
Des avions de chasse dont ce dernier est particulièrement reconnaissable car il porte l'écusson des chasseurs français.
Dans cette zone, les galeries ont été partiellement remblayées avec du sable, sans doute pour leur stabilité ou au temps des champignonnistes. Si on creuse un peu au niveau des parements ce sable laisse apparaître des dessins fait pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Sur le premier on peut lire : Patriotes, tous à l'action contre la milice et le traître Dar.... La fin est illisible malheureusement. Il s'agirait de Joseph Darnand, chef de la Milice. (Sources : JP Delacruz)
Le second est un dessin où est représenté une piste de ski avec des skieurs. Mais que vient faire ce genre de dessins ici ? Les champignonnistes étaient ils en manque de neige ? Quoiqu'il en soit en dessous l'inscription indique Un seul chef : De Gaulle.
Les deux derniers font référence à des batailles d'aviation.
Quasiment effacé, on arrive à lire en bas du pilier "Rue de la Démission"
Le dernier est un étendard avec semble t'il l'écusson de la Croix de Lorraine"
Plâtrières
Carrière-Plâtrière Andrésy
C'est le seul vestige.
Plâtrière de Chanteloup
C'est le seul vestige.
Plâtrière
Il s'agit d'une entrée en descenderie, celle-ci est reliée directement en extérieur à la plâtrière, par une série de piliers, qui devait servir de roulage.
La descenderie est particulièrement dangereuse, car il y a eu des rejets d'hydrocarbures en surface qui ont dégouliné en souterrain. Le fond est également réputé "mortel" par son manque d'oxygène, en plus d'être pentue et glissante. Au fond la galerie s'arrête sur un effondrement mais s'ouvre sur un réseau karstique qui part à la verticale.
Plâtrière du Bois Roger
Complètement cachée derrière la végétation se trouve les ruines de la plâtrière du Bois Roger. Elle est cernée tout autour par des fontis de surface et à quelques mètres en dessous par quelques galeries subsistantes.
Plâtrière de Menucourt
Plâtrière de la Mécanique
Plâtrière du Port-Maron
Plâtrière Sainte Niçaise
Le bâtiment de la plâtrière est aujourd'hui habité, il reste néanmoins très reconnaissable pour celui qui en connaît l'origine. L'habitation la plus à droite a été rajoutée, quand aux autres installations, elles ont été détruites. Le gypse arrivait d'en haut (à l'arrière de la plâtrière) depuis un plan incliné, puis une fois transformé, il rejoignait le port un peu plus loin par le biais d'un tunnel qui passait sous la route.
Il s'agit bien du même écartement, mesuré au plan incliné et ici même.
Autre
Source
Il s'agit d'un percement d'un tunnel sur une cinquantaine de mètres qui débouche sur deux alcôves avec un bassin central où se trouve une source, ou en tout cas une sorte de pompage d'eau. L'ensemble est daté de 1874.
Tunnel de transport
Il s'agit d'un tunnel de transport du gypse, qui rejoignait plus bas la plâtrière. Les wagonnets montaient et descendaient via un plan incliné, grâce à un mécanisme de guidage entraîné par poulies.
Si la galerie est en courbe, il semblerait qu'elle fût droite auparavant. Un départ de galerie continue dans ce sens, avant de finir sur un puits remblayé. Une tour en pierre servait à faire la transition entre la carrière et ce supposé tunnel, cette tour épousait les contraintes de dénivellation, elle était bien visible dans le paysage, mais on ignore le système utilisé pour faire descendre le gypse ? Cette tour a été démolie à la fin des années 1950, elle ne servait plus depuis longtemps. On a utilisé le tunnel toujours visible aujourd'hui, car il passait sous le chemin communal et non pas dessus pour rejoindre cette tour.
Les murs se sont écroulés, mais cette première partie à semble t'il toujours été à ciel ouvert auparavant.
Dans la seconde partie du plan, c'est à dire la partie la plus haute, le tunnel est consolidé en meulières, et voûté en plus de la présence d'un puits.
Calcaire
Les Petites Carrières
Cette carrière située sous une partie de l'Hautil, est bien une exploitation de pierre à bâtir et non de gypse. Il s'agit d'un calcaire tendre, exploité presque uniquement pour le banc royal. Cette pierre de construction a notamment servi pour la résidence des Annonciades à Meulan, construits au début des années 1960. La cité du même nom en contrebas est construite après mais en béton !
Le front de taille peu visible depuis la route, indique au visiteur le plus averti qui franchit la barrière, que la carrière a d'abord été exploitée en grande partie à ciel ouvert, avant de s'enfoncer souterrainement. Elle est passée par un unique propriétaire : la famille Bautier. C'est elle qui est à l'origine de l'exploitation, ouverte en 1845 par Jean Baptiste Bautier, alors maçon de profession. Beaucoup plus tard, on sait que c'est la Société d'Exploitation de Pierres à Bâtir (SEPB) qui l'exploite d'un côté.
Enfin dans les dernières années, la carrière toujours propriété de la famille Bautier, sous-traite alors l'exploitation de la pierre à la Société Immobilière du Parc Résidentiel des Annonciades (SIPRA). C'est celle-ci qui va l'exploiter pendant des années industriellement à la haveuse et massivement en créant notamment un second cavage.
Cependant, plusieurs différents d'ordres financiers mettront finalement un terme au bail et donc à son exploitation.
Les pierres étaient expédiées directement par camions, puis elles rejoignaient le port à pierre qui se chargeait de les expédier soit par voie fluviale pour des destinations vers le Nord, l'Oise ou la Normandie, soit par chemin de fer (Vaux ou Triel) pour un raccord sur Paris et Mantes.
La carrière est très belle, très préservée, on a l'impression que le temps s'est arrêté, toute la vie du carrier est encore présente à l'intérieur. Les parois sont pleines d'annotations et de calculs, plus loin se trouve tous ses outils avec un très bel atelier de découpe. Au détour de galeries se sont entassés des déchets de taille, des blocs prêt à l'emploi, et d'autres en attente.
Un grand merci aux propriétaires, pour leur autorisation de visite et le moment de partage.
Quelques personnes ont savamment utilisés les blocs déjà taillés...pour un tout autre usage.
Les blocs taillés sont numérotés et annotés par le tailleur de pierre, chaque blocs correspond donc à un endroit précis, pour un montage futur.
Ces berlines sont toutes numérotées, celles-ci en particulier étaient transportées par une sorte de fenwick, on y voit les trous correspondants à la base du support. Merci à Oracle pour ces bons yeux !
Pour rappel : le crapaud permet de tirer un bloc, le cric permet de le soulever.
D'abord exploitée à la lance et puis surtout à la haveuse électrique : les galeries sont taillées rectilignes et mesurent 4m de largeur sur 3m de hauteur. Bien que la carrière ne soit pas très grande, elle tire pourtant une pierre de bonne qualité.
Mémoire
L'affaire Resve, vous pouvez lire ce projet : ici.