C133
Laissez-vous guidez dans ce fantastique voyage, subtil mélange de couleurs et de lumière.
Empruntez un chemin et transportez-vous dans ce rêve éveillé.
La végétation a colonisé cet ancien empire de pierres.
Découvrez et choisissez votre chemin au fur et à mesure, il n'y a pas de mauvais choix.
Les gardiens du temple.
C134
Cette ancienne carrière transformée en musée à ciel ouvert a accueilli des sculpteurs du monde entier, chacun a laissé dans la pierre son oeuvre, imaginaire, contemporaine avec un style marqué sur des thèmes divers comme la naissance, la vie, l'amour ou la mort.
Attention vous êtes observés.
On se sent tout petit dans cet univers que l'on ne reconnaît plus.
Échappez-vous ici vers un monde divin.
D'autres sculptures sont plus abstraites avec une connotation plus moderne et psychédélique.
Ici une sorte de représentation de l'évolution.
Des portraits plus vrai que nature.
C164
Ces carrières ont été exploitées principalement à ciel ouvert au niveau des plateaux et très peu en souterrain. Il s'agit pourtant d'une pierre tendre de très grande qualité, reconnue et recherchée qui a servie a plusieurs monuments. Les pierres étaient expédiées par un port dédié dont il reste encore quelques vestiges, notamment de la voie étroite.
Le rendez-vous était pris entre les couleurs et les volumes : un subtil mélange chaud et de fraîcheur verdoyante.
La carrière toute entière est en effondrement, mais c'est tout de même joli. Dans le tas, ce fardier a échappé à son sort.
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Les descriptions parlent souvent de cette carrière comme étant très grande et dont les derniers chantiers sont situés à plusieurs kilomètres des principales entrées.
Ce front calcaire se développe sur une longue bande et devient littéralement une muraille par endroits comme une insurrection pour faire office de barrage à la rivière. La pierre est un calcaire blanc crayeux (issu du Cénomanien) à grains fins et durcissant à l'air. Elle est exploitée ici depuis des générations, elle sert surtout en fonction de l'époque : pour les constructions, les églises et les infrastructures qui sont immergées (fortifications, ponts...) car elle a la propriété de très bien résister à l'eau.
Cette pierre a également été extraite à ciel ouvert, plus facilement mais la qualité n'était pas la même.
La taille de la carrière est estimée à 80 hectares. La hauteur des galeries est généralement de 2m à 3m parfois moins dans certains fonds de quartier (1,5m ou moins), la largeur moyenne est de 5m avec des portées jusqu'à 8m à 10m dans certaines grandes chambres avec très peu de piliers. Malgré cela la stabilité est étonnante à ces endroits. C'est d'ailleurs dans ces parties suffisamment grandes que la culture de champignons s'est développée.
Aujourd'hui cachée par la nature, on s'émerveille une fois passé le rideau de végétation où l'on découvre alors une énorme diaclase qui longe le coteau et dont certains effondrements ont percé à son sommet. Cette lumière providentielle illumine cette entrée.
Immédiatement, c'est choquant, le style est très différent de ce que l'on verra par la suite, les galeries sont larges et souvent basses, on a l'impression...d'être plutôt dans le Val de Loire.
Notez ces "boules de concrétions" accumulées avec le temps que l'on ne trouve qu'à cet endroit.
La lumière pénètre loin dans le souterrain donnant ici des teintes beaucoup plus chaudes et révélant par la même occasion les stries au ciel.
Près des entrées on a tellement exploité la pierre qu'il ne reste plus grand chose pour soutenir le ciel. Celui-ci est fracturé et les piliers laissés sont très fins quand il y en a. De nombreux effondrements ont déjà eu lieu et on conduit à des mesures plus restrictives par la suite.
Sur cette dernière photo, on peut encore voir les traces d'une voie ferrée au sol.
Un secteur en particulier est très bien consolidé et anciennement mesuré.
Quand on s'enfonce assez loin, les secteurs deviennent gigantesques, bas et larges. Tout se ressemble, les secteurs sont vieux et seules les traces de fardiers qui ont marqué le sol, témoignent encore de cette époque productive.
On bute systématiquement sur d'anciens chantiers de taille au fond où il reste encore plusieurs blocs.
Les blocs restants sont pour certains estampillés du nom de carriers.
On retrouve aussi quelques signatures et dessins assez bien réalisés dont ce pont transbordeur qui ressemble à celui de Rochefort (1900), mais le dessin date de 1845.
La partie centrale se révèle une nouvelle fois différente, les galeries sont extrêmement larges et même sans piliers par endroits, avec une stabilité sans défaut !
C'est ici que les champignonnistes ont installé leurs cultures.
Sur ce dernier texte est écrit : "Députés, Boulangers administrateurs, ministres et sénateurs sont des voleurs avec Fallières tout dans Lachudière.". Il s'agit d'Armand Fallières (1841-1931), président de la République (1906-1913).
Une série de dessins, dont le dernier semble s'intéresser à Boulanger, que l'on retrouvera beaucoup plus tard ailleurs.
L'un des puits qui servait pour la ventilation des caves. Tous ceux rencontrés sont de format carré comme celui-ci.
Et encore d'autres caves de cultures, sans doute plus anciennes, sans sacs.
Voici de beaux vestiges de grues, cet outil servait au levage des blocs. Souvent utilisé avec des roues de carrier, ceux-ci sont équipés de roue dentées afin d'assurer la démultiplication des forces.
Elle se compose d'une flèche supportant l'échelier où circule un câble mis en mouvement par l'action d'une roue dentée, équipée d'un enrouleur de câble, démultipliée par une seconde. Une manivelle permet de l'actionner, un cliquet permet de la bloquer. C'est un peu le même principe qu'un crapaud. Un lien est la poutre de renfort située sous l'échelier.
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Les premières galeries pas très hautes ont servies de champignonnière. Le ciel est est bien marqué par les traces des fumées des lampes.
Alors que plus loin c'est une autre atmosphère bien plus colorée. C'est le style des carrières de la région.
Cette carrière a été reprise à la haveuse.
Il est écrit : (2ème) : Et comme ses yeux étaient si doux, je hasardai ces mots sublime, oh ? belle laitière auriez-vous encore du lait pour dix centimes
Il est écrit : (3ème) : Un jour il y avait deux vieux, un borgne et l'autre aveugle. Celui qui était aveugle di à l'autre qui était borgne, ouvre l'oeil et le bon.
Il est écrit : (5ème) : Mademoiselle voulaivous que je baize vos fesse.
Il est écrit : (6ème) : Cheminade Célestin le roi des chanteur.
Il est écrit : (7ème) : Un bon barbu comme un hermitte pleurer au bas d'un escalier en voyant un vieux paralitique qui ne pouvait plus bander.
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Encore une fois c'est une explosion de couleurs aux entrées.
Il reste quelques traces d'une champignonnière...
...et aussi les signatures des cultivateurs
Il est écrit : (3ème) : Cour me sauver, Cour quérir ma folie , Il me faudrait mon dieu qu'un peu d'Amour.
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Cette grande carrière a les mêmes propriétés que les carrières vues précédemment, c'est à dire un calcaire crayeux, tendre et blanc issue du Turonien et dont la masse atteint au total 60m de puissance.
Exploitée pendant des siècles à ciel ouvert, la carrière s'enfonce en souterrain vers le 17ème siècle pour s'arrêter en 1975. Elle s'étend tout en longueur sur plus de deux kilomètres et plus faiblement en largeur sur 500m, mais également en profondeur car la pierre présente un léger pendage. On a d'abord longtemps exploité un seul niveau avant de continuer sur le niveau inférieur beaucoup plus vaste. Celui-ci se termine au plus bas vers une zone entièrement inondée qui était exhaurée durant la période d'exploitation de la carrière. Aujourd'hui elle est sous 20m à 30m d'eau.
Un troisième niveau a également été exploité mais il ne connecte pas avec cette carrière. Les galeries étant moins hautes que celles que nous allons voir, elles ont servies majoritairement à la culture du champignon.
La carrière a été exploitée traditionnellement en chambres et piliers tournés, avec piliers superposés aux étages, une galerie principale de 7m de large recoupe des piliers de 8m de côté sur 10m de hauteur. A l'étage supérieur, la hauteur n'atteint que 3m à 4m.
La carrière est tellement grande, sa période d'exploitation s'est étalée sur plusieurs générations, un grand nombre de carriers ont arpenté ces galeries, chacun laissant un texte, un dessin, une indication. Un dessin se trouvant en hauteur sera plus ancien qu'un texte en bas d'un pilier. On verra souvent des portraits mais beaucoup moins un soldat avec son casque à pointe.
Cet escalier est un accès primaire et remonte aujourd'hui près d'une habitation. A quelques endroits le recouvrement est vraiment très faible.
Comme il y avait plusieurs sociétés qui exploitaient la pierre en même temps, chacun a balisé l'accès à ces chantiers. La société Fèvre, déjà bien connue, était la plus grosse société à tirer de la pierre ici, c'est la dernière société qui a fermée. La Société Générale des Carrières était la seconde société qui réunissait toutes les carrières de la région.
On peut lire sur cette seconde photo : Selon que vous soyez puissant ou misérables, les jugements de cours vous rendront blanc ou noir.
Cette grue permettait de sortir les blocs extrait du niveau inférieur. C'est le même principe que celles que l'on a vues précédemment en extérieur.
Aujourd'hui tout le niveau inférieur est noyé. C'est ce puits en particulier qui servait à l'exhaure durant l'exploitation de la carrière. On peut même lire les horaires de pompage.
Près des entrées on peut se rendre compte de la hauteur d'exploitation. La lumière donne alors des tons chauds et verdoyants à ces piliers, c'est magnifique. Tout juste à côté l'effondrement impressionnant qui s'est produit a provoqué une grande trouée au ciel de carrière : toute une partie de la carrière a disparue. En cause ? Des piliers trop fragilisés et une exploitation désordonnée.
Les galeries prennent les couleurs du temps, noircissent avec l'âge, verdissent avec la nature, s'embellissent avec le soleil : ce sont les premières galeries ouvertes elles sont taillées avec des dimensions complètement aléatoires.
Cela a rapidement changé et les galeries ont été ordonnées et organisées, c'est ici que les galeries sont les plus hautes atteignant les 10m de hauteur. C'est là que l'on voit que la masse est très importante ! A regarder de plus près chaque pilier, on peut voir les nombreux blocs extrait et leurs formes.
Quel touchant message que l'on peut lire ici sur ce premier texte : Ici repose le corps du soldat inconnue, celui qui a relevé la France.
Et des précautions d'usage sur ce second : Avant d'inscrire des mots si grossiers sur les piliers pense qu'un jeune enfant peut visiter les caves et si vous avez un peu d'honneur gardez les pour vous.
De nombreux "artistes" sont passés dans la carrière, on va le voir avec quelques dessins.
En continuant on découvre un style d'extraction avec des formes très différentes pour chaque pilier. Je parlais d'un niveau supérieur on peut y accéder ici à l'aide d'une rampe (Cf: Dernière photo). Observez comment le ciel est entièrement marqué des fumées des lampes !
Ce premier dessin est le plus connu et emblématique. Nous sommes dans le chantier d'Aristide Chamoullaud.
Encore des dessins et des signatures !
Les entrées ont un certain charme, elles sont biens cachées par la végétation aujourd'hui : on a l'impression de découvrir une ancienne civilisation.
Une vue d'un chantier "classique" les murs sont remplis d'écritures et de dessins, cela prendrait des jours à tout lire/reporter. Toute la vie des carriers est inscrite sur ces parois.
Et justement on peut en apprendre beaucoup et savoir comment a été exploitée la carrière.
Ici c'est le chantier Hereaudeaux et Delechelle.
On peut lire : Avis 22 Juin 1925 A partir du lundi 29 Ct tout homme travaillant à la journée... le reste est à moitié effacé. Mais cela laisse penser que les carriers étaient payés à la semaine.
Vers le bas de la carrière, la nappe phréatique a envahie les galeries faute de pompage.
Ici se trouvait sans doute également une grue. On peut encore voir un schéma.
Une série de dessins en vrac...
Une thématique de dessins est le portrait. Il est souvent dessiné avec une casquette et une moustache, on peut sans mal s'identifier à ce genre de dessin pour se représenter l'idée du carrier de l'époque.
...suivi d'une autre.
Les dessins "plus techniques" sont plus rares mais quand on en trouve ils sont très bien réalisés et fidèles à la réalité.
Voici une première champignonnière, sans doute la plus récente qui a fonctionné, il reste encore ces bacs de culture et les ventilateurs en début de galerie.
Et une autre cette fois en sacs et même en meules. Mais il ne reste quasiment rien. A priori ces cloisons (Cf: dernière photo) servaient plutôt à délimiter les exploitants dans la carrière, mais sans doute que les champignonnistes s'en servaient également, ce sont de belles cloisons en moellons.
Le détail qui tue : Rentré le 28 Mai 1962, mis en plancher le 29-5-62 jour de grève de l'EDF. Il y a des milliers d'indications, c'est difficile de faire un choix.
On peut voir timidement le niveau supérieur en balcon (Cf: Premier et troisième photo).
Et maintenant depuis ce niveau, moins haut il a surtout servi pour la culture du champignon car plus facile à chauffer.
D'ici on peut voir les différents puits qui permettaient la translation des blocs vers le niveau inférieur.
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Il n'y a aucun respect, les gens vident toutes leurs poubelles dans les puits de carrière : c'est malheureusement une constante dans toutes ces carrières.
Cette dernière photo montre le pilier le plus fin de toute la région ! Cela montre surtout que l'exploitation était menée complètement n'importe comment.
Des dessins, des signatures, des affirmations et aussi un avis de passage de promenade (Cf: Deuxième photo).
On a l'impression que tous les chantiers se sont arrêtés du jour au lendemain.
Il est écrit :
- : Les agées de 1888 vrai proverbe fait sous Pharamond premier roi de France en l'an 420. Le 26 xbre Brouillard jusqu'à midi pluie fine après midi vent nord est. Le 27 idem soleil vent nord est très viollant. Le 28 idem temps calme soleil jusqu'à 3heures temps couvert après 9 heures. 29 Soleil vent nord est très viollant. Le 30 soleil jusqu'à midi quelque nuage temps couvert après midi"
- : Un jour après une grande victoire Napoléon rentrait à Paris et on lui dressa un arc de Triomphe sur le quel on écrit ces mots : élève toi portique de victoire, que le géant de nos gloires puisse passer sans se baisser. Moi j'aurais écrit : abesse toi portique de détresse que le thyrant de nos défaites, ne puisse passer sans s'étouffer. Chabraud"
Une partie de ce commentaire fait référence à la déclaration de Victor Hugo qui était : Lève-toi jusqu'aux cieux, portique de victoire, Pour que le géant de notre gloire, Puisse passer sans se courber!
- : Ce chantier a été commancé le 15 Juillet 1881 par jeune Josier et Jean Brisseau Longendre.
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Petite carrière perdue et oubliée dont la première partie témoigne d'une exploitation ancienne marquée par les traces de fumées des lampes au ciel et dans une seconde partie, au fond, reprise entièrement à la haveuse.
Le nom de Cheminade apparaît fréquemment dans ces carrières, on a déjà croisé ce Célestin Cheminade précédemment.
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Il s'agit d'un calcaire crayeux très blanc, tendre d'une puissance de 15m. On ne sait que très peu de choses sur ces carrières alors qu'elles ont fonctionné depuis le Moyen-Age jusqu'à la moitié du 20ème siècle. Bien qu'il ne reste plus aucune trace, elles ont également dû servir comme champignonnières.
Oubliées depuis longtemps, cachées par la végétation qui la recouvre aujourd'hui, elles se développent sur une vingtaine d'hectares. Exploitées anarchiquement le développement y est hasardeux alternant des vides entre 2m et 20m de hauteur. Les volumes sont alambiqués avec la présence de front de taille en gradins, de stockage de remblais et de piliers de dimensions aléatoires. De nombreux effondrements ne permettent plus une communication complète du lieu et il faut sans cesse ressortir pour continuer la visite dans une autre zone de carrière. Cela a provoqué de nombreuses entrées, en plus des puits, où il est facile de naviguer à la lumière naturelle.
Un premier aperçu donne le ton en couleur, c'est beau et...plutôt paradoxal
Ici les galeries sont inclinées. On a l'impression qu'il y a eu un mouvement de terrain et que toute la carrière s'est penchée !
Au milieu de tout ce bazar, il y a aussi de minuscules plantes qui poussent dans la grandeur de ces vides.
La nature déroule son tapis végétal dés qu'il y a un peu de lumière.
Que penser alors de cette salle dénommée "la Cathédrale" aux volumes incroyables parsemé de verdure, d'eau et de son incroyable pilier central que l'on peut encercler avec amour avec ses bras. Cette salle est un rêve abouti dont j'ai eu du mal à me séparer.
Cette encoche servait à caler le pilier soutenant le treuil d'extraction.
Quand l'imaginaire devient réalité, laissons naviguer notre esprit au delà de notre vision.
Une dernière évasion vers un monde inattendu. Merci !
C104
L'exploitation semi moderne des premiers quartiers témoigne déjà d'une très belle qualité de travail, mené à la lance et terminée à la scie, les blocs sont imposants, propres et esthétiques.
Il est écrit :
- "Le 11 Mai 1960 mise à l'eau du paquebot France".
- "Chiez assis, chiez debout, chiez dur, chiez mou, mais bordel de dieu, ne chiez pas partout...chiez dans le trou de dessous.".
- "L'amour est bien fort mais l'envie de chier est encore plus fort.".
Je pense que ce dernier dessin, très parlant, pourrait résumer simplement le métier de carrier : clair et véridique.
Ces galeries sont absolument magnifiques, figées dans le temps elles ont servi pendant un temps à la culture du champignon mais il ne reste presque plus de vestiges ici. Si les premières galeries sont brutes, les suivantes ont été en partie reprisent en exploitant la masse plus profondément et en respectant une régularité stricte. On va s'en apercevoir un peu plus loin.
Plus de doutes ici, cette zone a été exploitée d'abord à la lance et à la scie comme on la vu précédemment, et la partie basse sans doute à la haveuse. Tous les piliers sont numérotés sur toutes leurs faces et uniquement dans leurs parties supérieures. Cela témoigne encore de la ré-exploitation de la pierre.
La société à l'étoile rouge : Civet Pommier. C'est le symbole de cette puissante société.
Plus loin ce sont les anciens carriers qui sont mis en avant, toute leur histoire est écrite sur ces parois. Voilà un beau témoignage encore visible qui relate de leurs vies et de leurs philosophies.
On peut lire surtout : "Ci gist qui pendant sa vie, chaque jour par ses exploits fesait à sa douce amie, compter bis sur ses dix doigts, passant, priez pour son âme en pleurant son triste sort et puis aller chez madame faire l'office du mort".
C778
Cette carrière de taille moyenne s'étend sur deux niveaux : elle exploite deux bancs de pierres différentes. Elle ressemble cela dit beaucoup à la précédente, mêmes type d'exploitation, mêmes volumes et également quelques beaux dessins.
C777
Cette carrière s'ouvre sur une très belle tirée, qui donne accès directement au banc de pierre. Un seul banc est en exploitation, dans ses galeries peu hautes mais larges qui ont été utilisées par la suite comme champignonnière. Il reste de nombreuses bâches et des inscriptions liées à la culture du champignon mais aussi d'inspirations des visiteurs du moment.
Voici les inscriptions en détails : Souvenir, Adieu douce pensée image du plaisir, mon âme est trop blessée tu ne peut le guérir, l'espérance légère de mon bonheur fut douce et passagère comme ta fleur.
Voici la suite incomplète La petite Louise n'avait pas quinze ans qu'elle tirait sa chique mieux que sa maman, sa bouche vermeille(...)
Dans une nuit silencieuse où la lune éclairait ces lieux (...) dans ton ombre heureuse passé (...) devant mes yeux.
Cher Parent, Depuis longtemps que je suis votre enfant envoyer moi de l'argent le plus possible et assez souvent.
C135
Cachée derrière une végétation dense, c'est dans un cadre magnifique que cette carrière s'ouvre devant mes yeux. Assez petite, assez moderne, assez vide, les quelques galeries révèlent néanmoins un certain charme baignées par des couleurs verdoyantes.
C137
Cette carrière se compose d'une unique galerie entièrement voûtée.
C144
Cette carrière semie moderne a été exploitée en piliers tournés puis re-taillée par la suite.
Quelques dessins et zones inondées donnent du charme à cette carrière.
C174
Ces carrières sont connues depuis l'Antiquité, elles fournissent au plus profond une très belle pierre blanche, dure et fine issue du Turonien. Exploitées par les Romains d'abord à ciel ouvert, celles ci se sont considérablement développées ensuite en souterrain afin d'extraire une pierre de meilleure qualité, là où les bancs sont les plus denses et moins fissurés.
Le calcaire situé peu profondément a donné lieu par la suite à plusieurs exploitations en suivant le banc sur plus d'un kilomètre de longueur. La masse qui s'enfonce très légèrement est compacte et se divise en quatre bancs de pierre que l'on a exploité de haut en bas, d'abord à l'aide du pic, puis de la scie et dans les dernières années directement à la haveuse. Au plus profond les carrières peuvent donc atteindre des hauteurs dépassant les 8m sur 5m de largeur. Les blocs sont sortis majoritairement à l'aide de treuils par plusieurs puits d'extractions et vendus en l'état ou réduit directement en moellons.
Tenus d'abord par de petites familles d'exploitants devenus rapidement de véritables entreprises, on retrouve encore aujourd'hui les différents noms de carriers inscrits sur les piliers, qui sont venus travailler ici. L'expédition de la pierre s'effectue par le rail, là où les autres carrières du Nord bénéficie d'une situation adéquate, par le transport fluvial, le commerce s'organise donc surtout vers le Sud du département et même au delà, dans les pays étrangers.
Finalement exploitée par une société locale qui utilise désormais des haveuses la pierre est taillée en piliers tournés sur un schéma 3X2 représentant 3m de hauteur et de largeur sur deux bancs principaux. Les blocs sortis sont débités à l'extérieur dans un atelier de taille et expédié ensuite par camions.
Il s'agit sans doute des plus belles entrées que j'ai vu, un beau mélange entre végétation et le monde de la pierre : c'est une première rencontre surréaliste vers la découverte d'un ancien monde abandonné.
Le second choc visuel est marqué par la découverte d'un univers incroyable entre l'envoûtement et le mystère. Baignée par une douce lumière venant des nombreuses entrées et celles provenant des puits d'extraction, on s'imprègne alors d'une atmosphère propre à ce lieu qui semble magique voire fantastique.
On fond je découvre les anciens fronts de taille encore bien marqués en gradins et entaillés des nombreux coups de scies sur les parois.
On peut lire ici : "Ô la jolie pierre fine, Ô l'a pas de chailles (...)"
Les traces des lampes à huile ont marquées le ciel à tout jamais. Et puis en arrivant sur un chantier plus récent celles-ci s'effacent petit à petit.
Et toujours cette impression de rêve entre imaginaire et réalité : de n'être plus rien du tout et insignifiant dans cette grande merveille.
Il reste encore d'innombrables blocs dés l'entrée qui ne sortiront plus jamais.
Et à l'extérieur, les blocs verdissent alignés les uns contre les autres dans cette profusion de végétation, la nature reprend ses droits.
Il fût un temps où des hommes étaient de passage et on marqués ces murs de leur présence en laissant leur imaginaire s'évader, tout comme je l'ai vu. Il n'avait plus peur et laissait leur esprit parler : "Mademoiselle vos regards et vos beaux yeux font le charme de mon coeur (...)".
Ce dessinateur (Fatima et le danseur) est assez charismatique, il montre ces personnages avec une poitrine bombée et de petites mains, on retrouvera un autre de ces dessins ailleurs.
Sur ce dernier texte est écrit : "Gentille Bergère si tu veux m'aimer, viens sur la bruyère viens me le prouver. La Tsarine Alexandra Feodorovna".
La déchéance d'un lieu fatalement rattrapé par le destin conquérant de la grande nature. On se sent cerné mais appaisé par tant de beauté.
Encore une nouvelle plongée vers l'inconnu où je découvre ces volumes insoupçonnés, au premier regard.
Nous retrouvons ce dessinateur qui donne de petites mains à ce portrait de jeune femme.
Voici la vraie vision de ce lieu sans lumière ajoutée. Les traces d'extraction en stries marquent le ciel comme la mer le ferait à marée basse.
Les fissures ont eu raison de cette zone qui ont littéralement fait éclater la pierre par endroits pour former des fontis où ils ont sabrés des piliers sur toute leur hauteur.
Voici ce que l'on peut lire et apprendre :
- "30 Octobre 1897 sortie du premier morceau pour l'ouverture du chemin"
- "Côté de chantier a laisser en repos mauvais-mauvais"
- "La République de France est gouvernée par nos députés et nos sénateurs et nos ministres à grandes oreilles"
- "Quant sur mon coeur en ta faveur je pense, le temps que nous avons passé tous deux, toute notre jeunesse passé ensemble, crois tu que nous étions heureux"
Les deux derniers mots sont moins compréhensibles par mes soins.
Les derniers chantiers d'une longue aventure, toute une vie sous les courbatures...
...Mais heureusement il nous reste les écritures...
- "Pax et Labor, Vive les F.F.I, Vive la France, Vive la République, Vive De Gaulle"
- "Point n'est besoin d'espérer, pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer"
- "Etre c'est lutter, vivre c'est vaincre"
...ce sont leurs derniers souvenirs, leurs dernières signatures.
Ces lieux sont pétrifiés dans le temps d'une mémoire oubliée, relire aujourd'hui ces écrits me plonge dans une autre époque que je découvre au fur et à mesure que ma lumière les éclaire.
Les derniers vestiges s'effacent, ici un beau treuil situé initialement en haut du puits servait à l'extraction des blocs. La roue tourne.
Par endroits on a l'impression que le travail a stoppé il y a une semaine.
...et qu'il pourrait reprendre d'un moment à l'autre.
Ici un autre puits où se trouve un autre treuil encore accroché à sa place, mais pour combien de temps ? Et le voici depuis l'extérieur, on voit bien que cela ne tient plus qu'à un fil.
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Ces carrières sont dans la prolongation de celles déjà vues auparavant, elles se suivent le long d'un coteau presque affleurant dont le hameau rappelle l'extraction de la pierre. Exploitées durant le Moyen-Age principalement à ciel ouvert avant de s'enfoncer souterrainement jusqu'à la moitié du 20ème siècle, elles livrent une pierre de qualité très fine servant surtout pour la construction. Facile à extraire, les bancs sont néanmoins plus faillés et empêchent souvent l'extraction de gros volumes. Bien que résolument plus petites donc, ces carrières sont restées plus traditionnelles, et appartenaient généralement à des familles aisées de la région. Le personnel principalement occupé aux cultures exploite les carrières quand la saison le permet, généralement en hiver.
Les carrières se développent surtout à la fin du 19ème siècle, par bouches de cavages mais une grande partie des blocs sont sortis par des puits d'extraction dont certains sont encore visibles. Exploitées souvent anarchiquement aux entrées, elles se ramifient en galeries et quelques fois en piliers tournés.
Il ne fallait pas creuser trop profondément au risque d'avoir des infiltrations de la nappe phréatique.
Observez comme ici on voit très nettement les traces de fumées des lampes au ciel.
On appelle timbre, un abreuvoir qui est taillé directement dans un bloc.
Les piliers sont tous de formes différentes, fins, fissurés et disposés aléatoirement mais ca tient !
Il est écrit : "Fernand Bouillard, con de France".
Ce pilier est sévèrement attaqué !
La dernière photo est la météo en Janvier 1885.
01 : Il est écrit : "Jamais il peut y avoir de plus mauvais rocher qu'il y ait eut dans ce coin si a gauche et pourtant l'avantage en été bien grand détaché de deux ou trois côté et ne pas avoir fait moitié bien et en petits morceaux j'ai coupé le bon comme ouvrier et le mauvais a resté pour mon compte, voilà la chanse qui court après moi mais elle ne pourra m'attendre."
02 : Il est écrit : "Coupé 415p bon 194 et perte 221p -- Mauvais + mauvais et le tout en petits morceaux, adieu le bon rocher il y avait beaucoup a si trompé -- Rocher des plus mauvais que filer et traverser même pas bon jour faire du moellons.
03 : Il est écrit : "Ce bloc a tombé le 15 Avril 1897 par Pressac dit le célibataire."
04 : Il est écrit : "Ce bloc a tombé le 12 Juin 1897 a 10h 1/2 du matin et s'est la cloture du chantier de Prioulla signé Pressac radical réformateur."
05 : Il est écrit : "Miroir tombé le 6 Octobre 1892 par Ulysse Maillet, conducteur à la 7ème compagnie du 11 escadron du train. Equipages Militaires en Tunisie."
06 : Il est écrit : "Ulysse Maillet Ex conducteur à la 7ème compagnie di 11e escadron du train des equipages militaires à Tunis. Embarqué le 13 Novembre 1889 sur le paquebot (ville de Barcelone) a destination de la Goulette. Embarqué à la Goulette le 26 Octobre 1892 sur le (Saint Augustin). Débarqué à Marseille le 28 Novembre 1892. Libera nos homme, Amen."
Il est écrit : "1870-1871 Français souvenez-vous."
Le général Georges Boulanger (1837-1891) était un officier et homme politique français, devenu ministre de la Guerre en 1886, il est surtout connu pour avoir donné son nom à un mouvement "le Boulangisme" dont les idées premières étaient le nationalisme et le socialisme.
01 : Il est écrit : "Je suis carrier, je suis poète, travail des mains, travail de tête que d'action on se donne dans la journée pour ramassé dans sa pensée..."
02 : Il est écrit : "Boulangistes, Bonapartistes, Orleanistes, Victoriens, les vieux débris de toutes nuance, réunissez vous, faites fusion vous serez tous compatissants à renverser la République, Vive la République."
03 : Il est écrit : "MM Castanet Peson dompteurs de bêtes féroces, lions, tigres etc Place Blair Saintes." Il faut lire Pezon et non Peson. Il s'agissait d'une famille de dompteurs qui dirigait plusieurs troupes de ménageries foraines.
04 : Il est écrit : "Vous qui travaillez dans ces sombres carrières ne seriez vous pas mieux dans un (...)
05 : Il est écrit : "Suspension des travaux jusqu'à nouvel ordre 13 Avril 1873."
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Assez petite cette carrière qui a servie pour la culture du champignon, cela est resté très artisanal.
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Celle-ci s'est beaucoup développée, la culture était intense et desservait toute la région d'Angoulême. On y cultivait lentins (shitaké), pleurotes et champignons de Paris. Elle a fermée en 2016.
On retrouve les différentes cultures chacune bien séparée des autres. Il reste des centaines de paniers pour la cueillette.
L'exploitation de la carrière est très ancienne et avait été reprise au début du 20ème siècle. Une grande partie des galeries ont été réutilisée pour la culture du champignon de Paris.
Ces deux dernières photos sont les mêmes avec et sans éclairage.