Il s'agit d'un dépilage massif en pleine montagne.
Salsigne
La mine d'or de Salsigne se situe sur les communes de Salsigne et de Villanière, plus précisément dans le massif de la Montagne Noire sur le flanc Sud, à 15km au Nord de Carcassonne, dans le département de l'Aude. Salsigne représente le plus important gisement d'or de France métropolitaine, on a extrait depuis son ouverture en 1892, 120 tonnes d'or, c'est aussi la dernière mine de ce type à fermer en France, en 2004.
Il y a entre 7 et 14g d'or dans un tonne de minerai. On extrait généralement 1 tonne d'or par an.
L'or est découvert en 1892 par Louis Marius Esparseil dans le minerai de cuivre dans le filon du Roc des Cors. Mais l'exploitation de métaux dans le district de Salsigne est connu depuis l'Antiquité notamment le fer mais aussi plus tard, l'argent, le cuivre, la pyrite, le plomb et l'arsenic. L'or se trouve dans les minerais sulfurés qui se répartissent en deux ensembles : en filons et en couches stratiformes.
Les ressources minières de Salsigne sont divisés en sept concessions (ne portant pas toutes sur l'or) :
- Concession de Salsigne (278 Ha)- Fer/Pyrite
- Concession de la Caunette (87 Ha) - Argent/Fer/Plomb
- Concession de Villanière (684 Ha) - Mispickel
- Concession de Lastours (884 Ha) - Argent/Cuivre/Plomb
- Concession de Malabau (725 Ha) - Argent/Cuivre/Mispickel/Or
- Concession de Villardonnel (386 Ha) - Cuivre/Fer/Mispickel
- Concession de Pujol (934 Ha)- Cuivre/Fer/Pyrite
Le premier exploitant est la Societé des Mines de l'Aude (SMA), crée en 1904 et qui deviendra ultérieurement Société des Mines de la Villanière. La Société des Mines et Produits Chimiques de Salsigne (SMPCS) est crée en 1924 et son activité porte sur la concession de Salsigne. En 1940, elle prend une participation majoritaire dans la Société des Mines de Villanière et un accord de 1949 lui permet d'exploiter les trois concession de Salsigne (278ha), Lastours (884ha), et Villanière (684ha)
Vers le milieu des années 1950, la SMPCS est rachetée par la société canadienne Cunningham Dunlop, via sa filiale Cheni. En 1966 un groupe américain, dont la principale société est Silver Eureka Corp, prend le contrôle de Salsigne. Treize ans plus tard le 04 mars 1980, en application d'un accord intervenu le 23 novembre 1979, Silver Eureka, cède ses droits à Coframines, filiale à 68% du BRGM. Divers ajustement ultérieurs conduiront Coframines à détenir directement quelques pourcentages du capital des MPCS et environ 44% via Cheni.
A partir des années 1990, l'exploitation est divisée en trois :
- Pyrométallurgie par la Société d'Exploitation Pyrométallurgique de Salsigne (SEPS) jusqu'en 1996
- Cyanuration des haldes par la SNC Lastours par le biais de l'usine de l'Astus jusqu'en 1997
- Extraction minière à ciel ouvert et en souterrain par la Société des Mines d'Or de Salsigne (MOS) jusqu'en 2004
Lors de la reprise par MOS, l'exploitation est faites à ciel ouvert dans une découverte de 50 hectares de 50m de profondeur et en souterrain par traçages en suivant les filons, par tranches montantes remblayées pour les pendages à 40 et 70° et par chambres et piliers inclinés pour les pendages de 10 à 30°
Sources :
- Geologues - L'après mine aux mines d'Or de Salsigne -
Trois puits furent foncés :
- Puits Bru (-362m jusqu'au 13ème niveau)
- Puits Peyrebrune (jusqu'au 10ème niveau)
- Puits Castan (-366m, jusqu'au 13ème niveau)
En 1969, à la suite de la découverte du 2X (minerai très riche en arsenic, à 14g/t, deux couches situés à -400m) et en remplacement du puits Bru, le puits Castan est fonçé en 1974 et mis en service en 1982. Il a cinq mètres de diamètre. Le puits est équipé d'une cage à deux étages puis elle est remplacée par un skip. A partir de 2001, le fond (14ème niveau) est noyé, le minerai est alors remonté par camions depuis la descenderie qui débouche dans la partie à ciel ouvert.
Lors de la fermeture, toutes les installations de traitement ont été démantelées, sauf le chevalement du puits Castan gardé pour le souvenir. Des panneaux solaires sont installés près du puits.
Il s'agit d'une machine d'extraction à poulie Koepe. L'ensemble est à ce jour totalement pillé.
M37
Ce premier site minier a extrait du plomb et du zinc dans un gîte filonien. En 70 ans d'existence, il n'a fonctionné que 30 ans divisés en plusieurs périodes d'activité en fonction de la fluctuation du cours des métaux, des événements historiques et des différents propriétaires.
La mine est à première vue divisée en deux grands secteurs :
- Quartier moderne : c'est de la grosse galerie bien large et haute destinée au passage des camions. Une longue galerie file sur presque 2 kilomètres et récolte les chantiers du dessus. Au fond c'est un front de taille, un peu avant quelques galeries sont foudroyées ce qui nous empêche de continuer. L'étage supérieur (dépilé) n'a pas été visité par sa difficulté d'accessibilité et nous semblait inintéressant. Près de l'ancienne entrée une descenderie avait été creusée afin de recouper les anciens travaux, mais une nouvelle fois elle est inaccessible car elle est aujourd'hui noyée.
- Quartier ancien : il est possible d'accéder aux vieux quartiers mais l'étendue des chantiers est restreinte mais très intéressant. Il s'agit d'une longue galerie unique qu'il est possible de visiter dans les deux sens. Cela ne ressemble à rien de ce que l'on a vu précédemment. La galerie n'est quasiment jamais sèche car nous sommes proches du noyage, on aperçoit bien l'exploitation du filon, la galerie est bordée de trémies de vidanges entièrement concrétionnées, les sections sont boisés les pieds dans l'eau et par endroits il reste pas mal de matériel qui ne sortira plus jamais. L'ensemble est petit mais dense, il y a une véritable ambiance minière comme je l'aime : de l'eau, des couleurs, du matériel c'est tout simplement le gros coup de coeur !
En extérieur le site a été entièrement rasé, le terrain est bouleversé par l'extraction minière mais reste très reconnaissable aux haldes qui contrastent le paysage.
Près d'une entrée, aujourd'hui totalement bouchée, il reste des dizaines de carottages.
C'est une longue galerie trackless qui a pour but de récolter les travaux supérieurs. Mis à part les concrétions, il n'y a rien de plus à noter.
Ce puits servait pour l'aération des chantiers. Sa forme parfaite a été forée par une machine.
Voici à présent les anciens quartiers. C'est tout de suite plus riche !
Ce sont des galeries plus petites, dans un seul sens de roulage et évidemment pas à ma taille !
La galerie ne fait que récolter le minerai des travaux supérieurs.
On a l'impression que tout s'est arrêté brutalement et que le temps a magnifiquement concrétionné ces galeries.
M41
Ce secteur a fait l'objet d'une exploitation intense, en cause un gisement particulièrement riche se présentant sous la forme d'importants amas lenticulaires et karstiques survenus à différentes périodes géologiques. Les premières mines sont ouvertes dés l'Antiquité et se sont développées à partir du Moyen-Age, il s'agit principalement de mines de bronze, de cuivre et de fer. L'extraction du zinc démarre beaucoup plus tard vers la fin du 18ème siècle et s'achèvera avec l'épuisement des ressources.
Ce réseau en particulier est formé de plusieurs quartiers miniers autonomes qui se sont développés sur plusieurs niveaux et des centaines de kilomètres de galeries.
C
W
Les chantiers sont étalés en niveaux. Une descenderie circulaire permet d'accéder à ceux situés le plus bas.
Une première trémie parmi des centaines à l'intérieur...
Notez particulièrement sur le wagonnet, la partie ronde située un peu au dessus des deux essieux, nous verrons son utilité plus tard. Ces wagonnets sont les plus gros qui existent dans la mine, ils possèdent des freins hydrauliques et embarquent 3 tonnes de minerai.
Certains secteurs, dont la descenderie ont été utilisés pour la culture du champignon.
Il y a plusieurs styles de trémies, avec coffrage en bois ou directement au ciel, avec différents systèmes de vidage, par poignée, par poulie, par chaînes...
Nous voici dans le chantier le plus bas, ce secteur des boues orange, donne tout de suite une ambiance minière à ce genre de galeries. On voit que le niveau de boue est monté assez haut.
La première photo (Cf: Culbutage) montre le système qui était employé pour le vidage des wagonnets. Tout d'abord il faut que le wagonnet soit positionné dans le bon sens de la voie. La partie ronde que nous avons vue précédemment sur le wagonnet vient monter sur la rampe située à gauche, cette action vient basculer la benne automatiquement vers une trémie en contrebas à droite, aujourd'hui ré-utilisée pour autre chose. Ce système à l'avantage d'être pratique car automatique et ne nécessite aucune force, mis à part le roulage lui même du wagonnet.
Il y a encore de gros wagonnets dans la galerie de roulage.
Plus loin la galerie s'élargit et prend une forme particulière.
Plus loin nous tombons sur la plus grosse trémie pneumatique du coin avant d'être arrêtés.
Toutes ces concrétions donnent des couleurs incroyables.
De l'autre côté, la galerie sert d'exhaure et file sur des kilomètres...mais évidemment le niveau d'eau monte rapidement, seul un bout de châssis dépasse de l'eau.
P
Un peu plus loin se trouve le "garage" du champignonniste où il reste un fourgon Citroen Type H et près de l'ancienne entrée un ventilateur pour aérer les quartiers.
Ces wagonnets donnent dans le grand puits que l'on a vu précédemment...60m plus bas !
Les chantiers modernes ont recoupé les anciens. Cette échelle remonte sur plusieurs niveaux.
Ces cintres servaient aux apprentis comme chantier école.
Une première série de caisses de carottages dans un recoin...
...qui s'étend finalement dans une galerie entière !
N
Tatiana trône admirablement au milieu des boites de conserve, c'est la classe !
Les chantiers sont peu intéressants par ici, une grande majorité sont en effondrement.
On dirait qu'il a neigé sous terre ! L'epsomite est constitué de sulfate de magnésium, on le trouve dans les mines de minerais sulfurés. On l'appelle aussi "les cheveux d'anges". Il y a des "touffes" dans chaque recoin, il faut bien chercher, mais attention que c'est extrêmement fragile.
Ces pierres suspendues servent pour le traçage des galeries.
B
Nous voici dans un des niveaux très difficile d'accès, il s'agit de très vieux travaux.
La galerie est complètement obstruée de boue, on ne peut plus continuer.
On voit bien que ces quartiers ne sont plus fréquentés depuis des lustres !
De ces wagonnets il ne reste que le châssis métallique.
Là aussi tout semble figé depuis des années.
M44
Visiblement, ce sont des galeries de recherche, le réseau semble faire un carré.
On a le choix entre monter ou descendre.
Notre guide bariolé.
M43
Le réseau du soleil noir.
C'est une partie assez moderne.
En blanc c'est de la baryte.
Afin de faciliter l'évacuation du minerai une piste a été aménagée pour que les camions "traversent" la montagne directement dans la mine.
Le contraste des couleurs est saisissant.
M45
Il s'agit d'une série de réseaux très petits résultant des premiers travaux d'extraction du zinc (fin du 19ème siècle). Au vu des haldes importantes l'extraction s'est déroulée à ciel ouvert et aussi en souterrain. Ici le minerai est en partie oxydé (calamine). Durant ces années presque 200 000 tonnes de calamine ont été extraites contre 13 000 tonnes de blende.
Voici les vestiges de la grande laverie. Elle fût construite en 1910 et fonctionna jusqu'en 1926.
M46
Voici maintenant un réseau plus ancien datant de l'époque médiévale. Il y en a plusieurs autres plus difficiles d'accès, mais celui-ci en particulier présente l'avantage d'être bien conservé et consolidé.
C'est très bas, on ne tient pas debout, cela ressemble plus à du boyau par moments. La galerie (mais pas partout) est magnifiquement consolidée par un ciel en lauze.
M53
Voici les premiers quartiers, l'exploitation est faite en piliers tournés et galeries remblayées.
Nous allons maintenant descendre vers les niveaux inondés.
Nous voici dans le travers-banc principal. L'eau ne s'évacue plus et stagne.
Caché dans une galerie, il reste encore un wagonnet.
Il s'agit de la recette (un skip ?) d'un grand puits. Les murs suintent de concrétions allant du rouge au bleu, c'est un environnement très coloré.
Voici les vestiges de la laverie.
Cette grande colonne métallique, c'est le concassage, les caisses en bois servent pour la flottation. Il y en a 12 pour la galène (en haut) et 12 pour la blende (en bas).
M54
Un aperçu des premières galeries sans trop se mouiller.
Les concrétions blanches au fond ressemblent à de la neige. L'eau est très belle et claire que c'en est presque dommage de la troubler.
Finalement les quartiers suivants sont de longues galeries d'exploitation qui se terminent sur des fronts de taille. Celles qui sont dépilées sont devenues quasiment inaccessibles.
Sur notre retour l'eau est trouble il est plus difficile d'avancer comme nous ne savons pas où nous mettons les pieds. Nous avons de l'eau jusqu'à la taille, elle est un peu fraîche, parait il !
Nous équipons un puits qui nous permet d'atteindre un niveau inférieur, mais c'est ridiculement petit. Le puits est déporté et continue de descendre 50m mais il n'y a rien de plus en bas.
Nous rejoignons un travers banc qui nous amène en bas d'une cheminée.
Observez les gros rochers au milieu de la galerie, à une époque reculée c'était le lit de la rivière.
La galerie zigzague sans qu'il n'y ait aucun départ mais elle est consolidée, concrétionnée et il se trouve un minuscule local dans un virage.
Ce tas de ferraille est un contrepoids hydraulique, la force de l'eau servait à faire monter les wagonnets.
Nous allons maintenant visiter les vestiges de la fonderie. C'est un site impressionnant par la démesure de sa construction.
On peut lire la date de 1860 sur le linteau de porte.
Cette cheminée épouse le dénivelé de la pente pour des contraintes de place et de budget.
Nous allons à présent visiter la rivière souterraine qui passe sous l'usine, c'est sans doute la plus belle construction du site. Pour gagner de la place en surface les architectes ont décidé de voûter la rivière. Une décision ingénieuse qui rend le site totalement "plat". Malheureusement aujourd'hui cette voûte est ouverte par trois effondrements.
M33-34
Il s'agit d'un gîte filonien de wolframite, dont les couches sont encaissées dans une série de micaschiste. les filons sont essentiellement constitués de quartz, divisés en deux catégories (en fonction de leur orientation), les mâles et les femelles. Chaque réseau a donc été baptisé en leur donnant des prénoms soient masculins ou féminins.
La mine s'étale sur 5 niveaux, de la côte 465 (entrée) à la côte 700. Elle est peu profonde mais relativement développée en hauteur. On dénombre à peu près 10km de galeries. Le gisement découvert tardivement s'est arrêté après des difficultés financières rencontrés par l'exploitant, à peine dix ans d'extraction. Aujourd'hui l'ensemble du carreau a été démoli et tous les accès ont été mis en sécurité.
CT
Voici un aperçu des premières galeries. On a une impression d'être au coeur de la roche, un peu compressé, un peu perdu par toutes ces couleurs vives, pourtant c'est assez morne et glauque.
En noir ce sont les couches de wolfram (Cf: Wolfram).
Les couches sont dépilées suivant le pendage par traçage de galeries. Elles sont exploitées en tailles montantes par tranche de 30m et remblayées au fur et à mesure. On abat d'abord les schistes au toit, puis le minerai. Le minerai est ensuite envoyé dans des verses (sorte de puits) vers les niveaux inférieurs où il sera récolté et ressorti. Quand le cas le permet, un panneau entier est exploité avec la méthode des piliers tournés (Voir plus bas).
Les galeries se ressemblent toutes pour la plupart...
...mais avec ces dépilages cela devient très esthétique !
Les sulfures et oxydes de fer donnent cette couleur rougeâtre toxique.
Notez les boulonnages au ciel dans cette partie en piliers tournés.
Une autre série de dépilages. On voit bien ce qui a été arraché.
Près d'une ancienne entrée se trouve ce petit atelier. Remarquez les traces laissées par les véhicules au sol.
CL
Dés l'entrée cela annonce la couleur, c'est beaucoup plus chaotique, cela va se confirmer, plus loin. Il s'agit d'un réseau plus bas, la pression des terrains est plus grande.
La galerie de roulage est consolidée à la fois avec des cintres et muraillée avec d'anciens boisages.
Dans un recoin un petit atelier avec au sol, une sorte de parquet !
La galerie récolte quelques travaux supérieurs.
La galerie devient chaotique, les bois sont rompus (Cf: Boisages) et quand c'est le cas les remblais se déversent. Les bois sont pourris par l'humidité. Ici tout va bien. Observez le niveau d'eau qui a concrétionné le bas de la galerie (Cf: Concrétions).
La voie se dédouble au niveau d'un croisement dans un décor glauque de fistuleuses.
Encore des trémies par ici.
Et quasiment au fond, encore des dépilages ! Ceux là semblent encore plus pentus.
Le cheminement devient assez dangereux, les remblais en couronne ont lâchés, ce qui reste n'est absolument pas stabilisé. Quand ce n'est pas les cintres qui se plient sous la pression. Plus loin la galerie continue dangereusement encore un peu dans un tas de boisages déjà au sol, mais l'état ne permet plus d'avancer par la suite.
Au niveau le plus bas, c'est la galerie d'exhaure.
Les rivières
Il s'agit de la dérivation de deux rivières, creusée par la société minière.
Voici la première, c'est une galerie taillée directement dans le rocher. Dans la concrétion une sorte de gros moustique qui restera là un long moment !
Peu après l'entrée, se trouve cette tour, qui semble être une tour de trop plein d'eau.
La galerie descend subitement d'un coup, c'est très pentu. Il faut descendre avec du matériel.
Avec cette flotte qui dévale, autant vous dire que l'on entend rien !
La rivière descend petit à petit, formant des gours (plus ou moins profond) dans la galerie, c'est très beau. Notez la couche blanche qui traverse la galerie (Cf: Riviere)
Avec l'eau, cela donne une explosion de couleurs, c'est magnifique.
Peu avant la sortie, la galerie est consolidée par des murs en béton. La sortie est de toute beauté avec ce temps et cette cascade, c'est paradisiaque.
Voici la suivante, qui est à peu près la même chose, sauf que nous la prenons en remontant.