Depuis le XVI siècle on sait que le sous sol de la région recèle de charbon, c'est en effet en 1751 qu'est ouvert la première concession. Après diverses successions c'est en 1900 que la première compagnie minière, la SA des Houillères de Blanzy est crée.
A partir de 1917, Les Houillères lance un vaste programme de modernisation de leurs exploitations afin de rentabiliser la production croissante. Premièrement, en la création d'un lavoir triage unique : il sera plus grand et plus performant afin de centraliser tout le charbon extrait des différents puits de la région (Chaque exploitation ne pouvant se doter d'un tel équipement). Et d'autre part, par la construction d'un nouveau puits : le puits Darcy, et d'une nouvelle centrale : la centrale Thermique Lucy.
En 1907, Louis Célestin Gustave Pelnard entre en tant qu'ingénieur conseil avant d'être promu associé quelques années plus tard, dans la société fondé par son beau-père, Considère, alors grand constructeur et pionnier dans l'utilisation d'un matériau nouveau : le béton armé. C'est en 1912 que Albert Caquot en devient à son tour associé, le cabinet d'architectes se nomme alors Considère, Pelnard-Caquot et Cie. Ils seront charger de réaliser les plans des différentes structures, cités précédemment, pour les Houillères.
Et c'est donc en 1923 que débuta la construction du lavoir des Chavannes, par la Cie Lyonnaise d'Entreprises et de Travaux d' Art.
C'est un bâtiment énorme qui va sortir de terre aux dimensions disproportionnées, sur un terrain de 32 hectares, le lavoir occupe 8000m² afin d'accueillir huit lignes de traitements, élevé sur trois étages grâce notamment à 2800 pieux de béton, le site sera desservi par un port autonome relié au canal, ainsi que de son propre réseau ferré (11 voies représentant 37km de voies "normales" à écartement de 144cm) et surtout complètement électrifié.
Il deviendra alors le plus grand lavoir d'Europe.
La mise en route du lavoir s'effectue en 1927 et atteint son rendement maximal en 1930 en traitant 1000 tonnes de charbon, à l'heure. On construit également à proximité, les bureaux administratifs, douches, vestiaires et logements pour ouvriers. Alors que la première guerre mondiale a fait des ravages dans le nord en diminuant du tiers la production, le bassin du centre est très peu touché et tourne normalement. En 1937 et 1939 on remplace les anciens rhéolaveurs à grains, par des bacs à pistonnage pneumatique. En 1946, la compagnie Charbonnages de France est crée afin de relancer la production et de redresser la situation économique du pays (l'après seconde guerre mondiale), de ce fait toutes les compagnies minières privées sont nationalisés, sous le joug des Charbonnages. Entre 1947 et 1955, sept des huit lignes (ou groupes) sont modernisés (Tambours Wemco, crible Vibro-Cling, Crible Robbins et généralisation des bacs à pistonnage pneumatiques P.I.C (Préparation Industrielle des Combustibles) et le huitième groupe est définitivement supprimé.
L'industrie charbonnière est en crise, et cela partout en Europe, afin de parer à cette récession, les bassins fusionnent et deviennent : les Houillères de Bassin du Centre et du Midi en 1969, l'ensemble est toujours dirigé par les Charbonnages de France (CDF), rattaché au Ministère de l'industrie.
Malgré des efforts, la fermeture des mines s'échelonnera entre 1967 (Plichon) jusqu'en 1992 (Darcy) qui signera la fin de l'exploitation souterraine dans la région. Entre 1989 et 1994 les groupes restant seront toutefois automatisés. Après la fermeture du fond, le charbon provient des "découvertes" c'est à dire de mines à ciel ouvert. Le rendement étant trop faible (5 fois moins) et coûteux, le lavoir ferme ses portes en Novembre 1999, l'exploitation à ciel ouvert s'arrête un an plus tard.
En 2000 le lavoir est classé à l'inventaire des monuments historiques.
Que reste il aujourd'hui de ces années noires, de ces mois chauds, de ces journées bruyantes, de son architecture parfaite, et de son coeur encore vif ? Pour le savoir il faut faire le premier pas. C'est une atmosphère calme et froide, l'obscurité s'efface aux premières lueurs, la découverte est alors frappante et fascinante : un lourd passé industriel se révèle sous nos yeux. Puis au détour de votre ascension on y croise encore des traces de vies, des affiches syndicales, ces vêtements souillés, ce brasier refroidit, des noms d'ouvriers sur les casiers, des instructions sur l'utilisation des machines...ce n'est pas frappant, mais c'est tout un patrimoine humain qui se dégage : il y a alors, une véritable connexion entre ce passé industriel et humain, symbolique et fusionnel : le lieu devient véritablement un lieu de recueillement, à mon sens.
Tout d'abord, ce qui constitue pour moi la richesse du lavoir sont les différentes machines de lavage et criblage, ainsi que son patrimoine ferroviaire. Le site n'a quasiment pas été modifié depuis sa fermeture, c'est donc un ensemble complet sur le lavage du charbon qui est proposé. Aucune solution de réhabilitation n'a encore été trouvé, alors qu'un "concours d'idées" avait été lancé en 2003.
Passé architectural
Le Lavoir des Chavannes
Le Lavoir des Chavannes
Les bâtiments d'entrée représentent les bâtiments administratifs, douches et salle des pendus, ils sont datés de 1930, sur le fronton.
Le lavoir se compose ainsi : les deux premiers niveaux servent à la circulation et le stockage ils sont en béton armé et poutres. Au dessus se trouve l'étage du traitement du minerai, c'est une grande structure constitué principalement de poutrelles métalliques. L'ensemble est recouvert de sheds, sauf dans sa partie centrale qui a été rehaussé en 1950 pour accueillir un pont roulant (Cf: Devant).
L'ensemble des sheds sont couverts de tuiles qui proviennent d'une tuilerie de la région.
Les péniches venaient se stationner sous les trémies extérieures et recevaient le charbon traité. Une péniche peut charger à peu près 250 tonnes de charbon.
Passé Humain
BraseroVicki / RobertCasiersSalle des pendus
Il y a plusieurs braseros dissimulés dans tout le lavoir, ils servaient à se réchauffer durant les longs mois d'hiver.
SouvenirsTous ensemble !Charbonnages de FranceHBCM
GantMasqueLunetteChaussure
Tout prés du magasin central, un atelier avec encore toutes les machines outils, une perforeuse, une poinçonneuse, une guillotine, une forge, une meuleuse et un long établi parsemé d'outils. Au fond se cache un bout de vie de ces années passées : des vieux casiers, où sont annotés les noms des ouvriers, des dates et au sol de vieux vêtements de sécurité, rien a bougé.
Passé Coloré
TiroirBoulonTôleGuillotine
ChaineAmpouleMarcheEngrenage
Même si c'est un monde très noir, la rouille et la verdure s'installent.
La cisaille guillotine est une machine outil qui sert à découper des tôles en métal, par pression.
Passé Ferroviaire
Le garageAiguillageWagons trémies
C'est le garage à locomotives, il y a plusieurs lignes l'une d'entre elle est en direction de la Centrale Lucy, les autres vont vers le lavoir, derrière moi la ligne continue. Plus bas, une seconde ligne relie le lavoir à l'ancienne sous-station.
Entre les deux il y a énormément de place (enfin surtout aujourd'hui), il reste des dizaines et des dizaines de wagons trémies, ces wagons venaient de toutes les mines aux alentours pour déverser leur chargement.
BB 01OBO 11BB 06Loco
La BB 12 est au musée de Blanzy.
L'alimentation en charbon se faisait donc par wagons trémies tractées par des locomotives de type BB (c'est à dire monté sur 2 groupes de 2 essieux, donc 8 roues) que les cheminots surnommaient "Boites à sel" en raison de sa forme qui ressemblait à une boite à sel et à poivre. Ces locomotives circulaient sur un réseau privé électrifié et rejoignaient le réseau PLM (Paris-Lyon-Méditerranée avant sa nationalisation en 1938 lors de la création de la SNCF).
Pièces détachées
Ce sont les pièces détachées issu du magasin, des boulons, des roulements à billes, des cales, des joints...De toutes les tailles classés et numérotés.
Passé industriel
Convoyeurs Lucy
Convoyeurs
Les wagons arrivaient à l'arrière du lavoir et déversaient le charbon au travers d'une grille, dans un énorme puits (toujours visible) celui-ci partait ensuite vers le concassage.
Dans cette partie il y a des convoyeurs partout, aériens à l'extérieur qui partent dans toutes les directions, et à l'intérieur ca n'arrête pas de monter et descendre. C'est très complexe à comprendre.
Halle des bruts
La grande halle des bruts d'où partent les sept groupes. C'est ici que le charbon arrive avant de monter au criblage.
C'est le schéma des bandes transporteuses, mais les différentes couleurs m'échappent encore sur leurs significations de même que toutes ces abréviations. Pour information c'est Lucy II qui fournissait l'électricité au lavoir, en contrepartie celui-ci envoyait les schlamms pour que la centrale les brûlent, par convoyeurs que l'on a vus précédemment.
CâbleAEscalierPanorama
Sur le panorama on distingue le pont roulant sur la droite, et toute l'immensité du site.
Elevateur à godets
Le charbon était ensuite acheminé par des norias qui le faisait monter à 18 mètres au dessus de son point de réception, au dernier étage.
L'or noirVibro ClingCrible Robbins
Cribles Allis ChalmersTambour Laveur Wemco
Bac PICTurbine soufflante Rateau
Drew Boy
C'est à partir de maintenant que le charbon va être criblé et lavé, c'est un étage impressionnant et très complexe où toutes les machines sont collés les unes aux autres.
A la remontée des norias, le charbon est dirigé une première fois vers les cribles Vibro-Cling qui vont les triés par tailles : ceux inférieurs à 7mm et ceux supérieurs. Les supérieurs sont dirigés vers les cribles Hewitt Robins qui vont de nouveau les trier, ceux inférieurs sont classés par bac à pistonnage P.I.C en trois catégories : les lavés (premier choix), les mixtes et les schistes.
Un bac à PIC comprend cinq compartiments à lit filtrant, équipés d'un tamis de grains de feldspath d'une densité élevée qui font office de clapets. Ils sont alimentés en air comprimé par quate turbines soufflantes multicellulaire (avec une de secours)
Ceux supérieurs qui ont subi les deux phases de cribles sont maintenant envoyés vers les tambours à liqueur dense Wemco. Le principe est simple, dans un compartiment rempli d'eau on augmente la densité de l'eau en ajoutant une liqueur dense composée de magnétite (de l'oxyde de fer) pour obtenir une densité de 1.38. Les charbons les plus légers (les flottants, les premiers choix) sont évacués vers un crible, quand aux plus lourds (les plongeants) ils sont plongés de nouveau dans un compartiment dont la densité est cette fois de 1.98. Les schistes et mixtes peuvent ainsi être différences. L'eau est ensuite purifié (par magnétisme) pour être de nouveau utilisé de même que la liqueur.
A la sortie du Wemco, c'est le crible égoutteur Allis Chalmers qui prend en charge le criblage des lavés issue du premier compartiment, et des schistes et mixtes dans un second compartiment.
Une fois lavés, les charbons sont dirigés vers les trémies pour acheminement, à l'étage inférieur et le cycle recommence.
Premier étage
Support
C'est un dédale imbriqué de bandes transporteuses, qui a pour but l'acheminement du minerai provenant des étages vers les différentes trémies de stockage et pour l'envoi. Le lavoir fonctionnait en flux tendu, le charbon une fois lavé, était directement expédié, par voie fluviale ou ferroviaire.
Cabine lavage des finesBoucle 5-6Groupe 4
Automatisation du lavage Groupe 4Automatisation du lavage Groupe 7Automatisation du lavage Groupe 5