Le bassin houiller de Provence se situe du Nord au Sud entre Aix-en-Provence et Marseille et s'étend sur 70km d'Est en Ouest de l'étang de Berre jusqu'à Saint-Maximin. On a exploité du lignite, c'est un charbon de qualité moindre mais qui à certains endroits s'est trouvé être un bon combustible.
Les premières traces d'exploitation de "pierre à charbon" en Provence remonte au 15ème siècle, mais celle-ci débute réellement vers le 16ème siècle avec des exploitations à ciel ouvert ou en descenderies près des affleurements. Cependant il s'agit de travaux très succincts sans réelle organisation, peu profond et rapidement arrêté à la moindre difficulté. On recense tout de même 267 galeries en 1805.
Il faut attendre 1809 pour qu'une véritable législation soit mise en place avec la création de concessions pour délimiter les parcelles. Plusieurs propriétaires deviennent donc concessionnaires, 17 concessions sont crées en 1838. Le comte de Castellane détient la moitié des concessions de Greasque et Belcodène qui fournissent un tiers de la production du bassin. La production triple en l'espace de 20 ans. A Gardanne, la société Lhuillier est fondée en 1855 et devient Société Anonyme des Charbonnages des Bouches-du-Rhône en 1898.
Pourtant l'extraction est toujours pratiquée de façon archaïque, au pic et peu profondément, de gros problèmes d'eaux empêchent l'avancement des travaux. Plusieurs solutions sont envisagées : le creusement de galeries d'écoulement, l'installation de machine d'épuisement, ou encore le fonçage de puits plus profond. Des barrages sont aussi construits à certains endroits pour stopper l'eau, mais les inondations de 1886, trop importantes, interrompent l'extraction pendant plusieurs mois. C'est alors qu'est décidé le creusement de la Galerie de la Mer à partir de 1890.
La production augmente, on passe alors de 45 000 tonnes en 1856 à 402 000 tonnes en 1892 pour atteindre 694 000 tonnes en 1913. Cela s'explique par la multiplication des puits, alors qu'il y en avait qu'un seul entre 1809 et 1838 (puits Dubreuil, 1820), 35 sont foncés à partir de 1839 et jusqu'en 1939. Le puits Boyer (1928) atteint -670m. Cependant les puits servent uniquement au charbon, les hommes empruntent encore des escaliers pour remonter à la surface (800 marches au puits Lhuillier !) Les machines à vapeur font progressivement place au machines d'extraction électriques, plus puissantes.
En 1940 la production atteint 1 millions de tonnes, avec la nationalisation en 1946 les 4 dernières compagnies minières sont regroupées au sein du groupe Charbonnages de France et donne naissance aux Houillères du Bassin de Provence (HBP).
C'est aussi l'époque de la concentration, en 1960 le puits Courau devient le puits principal de l'exploitation à proximité immédiate de la centrale thermique de Gardanne.
En 1969, les sept houillères du centre et du midi sont regroupées sous le nom des Houillères du Bassin Centre Midi (HBCM).
Afin de relancer la production de charbon un vaste programme de recherche est engagé, de nouveaux sondages montrent au milieu des années 1970 un gisement fort intéressant de lignite estimés à 60 millions de tonnes. Cependant ce charbon est composé de souffre et donc peu utilisable sauf en centrale. En 1980, les Houillères du Bassin de Provence décident de construire ce que l'on appellera le "Grand ensemble de Provence" avec le fonçage de deux nouveaux puits sous l'Arbois : le puits Z et le puits Y. Cette réorganisation implique du même coup la fermeture des puits Courau et Boyer du carreau de Meyreuil ainsi que le puits Gérard.
Quelques chiffres :
Fin de l'exploitation le 1er février 2003
130 millions de tonnes de lignites extraites
On estime qu'il y a eu 848 descenderies, 56 puits (dont 3 tours d'extraction : Courau, Boyer et Y) dans le bassin et 15 terrils
Sept couches sont exploitées.
2 à 3% de la production nationale, 3ème bassin producteur de charbon en France (HBCM)
Un petit rappel :
Un puits X aurait dû voir le jour mais n'a jamais été fait.
La Galerie de la Mer : Il s'agit d'une galerie d'exhaure reliée directement à la mer. Elle est conçue en 1859 par Ernest Biver, afin d'évacuer l'exhaure des chantiers du puits Biver qui pose de gros problèmes. L'idée est reprise et finalement mise en oeuvre en 1889 par monsieur Damage (successeur de monsieur Bivet, alors décédé). Il s'agit d'un tracé en ligne droite reliant le puits Biver et débouchant à la Madrague, près de Marseille. Deux puits d'aération sont également fonçé sur son passage le puits Saint Joseph et le puits de la Mure.
La galerie est équipée d'une voie ferrée afin d'évacuer les stériles vers un criblage à la Madrague. Ces stériles en s'accumulant ont fait reculer le rivage de plusieurs dizaines de mètres. Elle fût terminée en 1905, longue de 15km et légèrement inclinée pour permettre l'écoulement de l'eau, elle sert également au transport du charbon vers Marseille (à ses débuts). Elle permet l'évacuation des eaux de mine sans avoir à la pomper, ce qui va engendrer d'importantes économies pour les sociétés minières de l'époque.
Avec la fermeture du puits Biver, une nouvelle jonction est crée pour que le puits Gerard soit relié à la Galerie. Depuis l'ennoyage, des pompes immergées au fond assure un niveau d'eau à -350m et l'envoie vers la mer.
Cette galerie est décrite comme étant "la plus grande oeuvre minière de ce siècle, dans le bassin des Bouches-du-Rhône"
Sources :
Gueules noires de Provence : Le bassin minier des Bouches-du-Rhône - Xavier Daumali, Jean Domenichino, Philippe Mioche, Orlivier Raveux
L'exploitation dans le bassin minier de Provence - Jacques Autran, Thierry Lochard, Raymond Monteau
BRGM-Geoderis
Base de données Mérimée
Remerciements :
Je remercie particulièrement la SEMAG, la mairie de Gardanne mais aussi l'association LSR et le BRGM.
Puits Bonaventure - Prosper
Gréasque à l'opportunité de conserver un riche patrimoine minier qui date de la fin du 19ème siècle. Il reste dans la forêt communale de nombreux vestiges, entrées de mines, puits, et bâtiments divers autour de ces mines.
Plus loin on peut aussi retrouver les vestiges de la première cité minière en Provence : la cité du Thubet qui accueillait les mineurs immigrés issus du Piémont.
Le puits Hély d'Oissel remplace trois puits (Bonaventure, Prosper et Béthune) à sa création.
DescenderiePuits BonaventureBassin
Dans les zones d'affleurement, l'accès aux veines de charbon se fait par des descenderies (plans inclinés).
Il s'agit en fait de la cheminée du puits. Le puits est fonçé entre 1853 et 1859, il atteint la profondeur de -157m. Il sert pour l'extraction et l'exhaure, il est doté d'une machine d'extraction de 12cv, deux chaudières, les fourneaux et d'une descenderie pour les mineurs.
Le puits est abandonné en 1889.
Puits Prosper
Le puits est fonçé entre 1849 et 1851 et atteint la profondeur de -156m. Il servait visiblement à l'extraction, sur le site se trouvait également, une machine d'extraction de 15cv, deux chaudières, les fourneaux, la bascule et des estacades. Le puits est abandonné en 1891
Puits Hély d'Oissel
Puits Hély d'Oissel tire son nom d'Etienne Hély d'Oissel, ancien administrateur de la Société des Charbonnages des Bouches-du-Rhône, en 1905.
Le puits est fonçé à partir de 1912 et jusqu'en 1916, il est surmonté d'un chevalement métallique de 25,5m de haut, construit par Dérobert. Le puits est accidentellement noyé et sa mise en service ne se fera qu'à partir de 1923. Le puits atteint la profondeur de -456m et dessert deux accrochages, à -28m et à -100m. Il sert comme puits d'extraction principal de la Grande Concession jusqu'en 1961, où il est relayé par le siège de Meyreuil, il servira alors quelques années comme puits d'aérage et de service.
Le site est abandonné en 1970 et inscrit à l'inventaire des Monuments Historiques en octobre 1989.
Depuis le 6 novembre 2000, le site est devenu le pôle historique minier de la ville de Géasque.
Puits Hely d'Oissel
Recette jourCage
La cage peut contenir 50 mineurs, 18 hommes en bas et 32 en haut.
Indicateur de vitesseIndicateur de profondeurVoltmètre - Ampèremètre
LampeBatterie de chargeursGrisoumètres - OxygènomètresFenzy
Armoire de commande exhaure/aérageTransformateursDépart fondTélévigile
CarottagesCheminéeChevalement
Puits Gérard
Le puits Gérard est foncé à partir de 1942 par la Société Nouvelle des Charbonnages des Bouches-du-Rhône, il entre en service après la nationalisation, en 1950, le puits est alors profond de -615m avec 5 accrochages dont la Galerie de la Mer. Il sert d'extraction et de service. Jusque dans les années 1970, d'importants travaux sont réalisés, raval du puits, agrandissement de la recette, construction d'un bâtiment pour ventilateurs, renforcement des équipements de l'extraction, création d'un atelier de réparation.
1989 signe l'arrêt de l'extraction, repris alors par le puits Z. Le puits reste malgré tout ouvert pour les travaux du fond dont l'aérage et après la fin de l'exploitation pour l'exhaure via la Galerie de la mer.
Le chevalement est construit en 1945 par la société Venot, il est équipé de deux machines d'extraction à poulie Koepe, l'une munie d'un moteur Alsthom de 1500ch pour l'extraction, et l'autre comme machine auxiliaire et assurer le transport du personnel et du matériel.
Le 25 février 1969, 6 mineurs sont enseveli sous un éboulement. cet événement est considéré comme le plus meurtrier des HBCM.
Il s'agit d'un chevalement métallique, l'ensemble des bâtiments de surface sont en béton. Le bâtiment des ventilateurs est enterré, seul une tuyère en béton est visible depuis l'extérieur. Il est toujours en activité.
Aujourd'hui ne subsiste que deux treuils pour la manutention de la Galerie de la Mer. Le puits est remblayé en laissant seulement l'espace d'un tube de gros diamètre (pour donner une idée, seul un cuffat peut descendre) pour la vérification. L'accès se fait par la recette du niveau +18 (mer) à -50m de profondeur.
On peut descendre par cage au niveau du puits Saint Joseph (-82m) à Marseille.
Puits GerardVentilateur
Bâtiment d'extractionBâtiments miniers
Puits Y
Puits Y dit Yvon Morandat est nommé en l'honneur de l'un des directeurs des HBCM, devenu président des Charbonnages de France.
Il est fonçé à partir de 1981 jusqu'en 1983 à l'explosif par la société allemande Deilmann-Haniel et entre en service en 1987. Il atteint la profondeur de -1109m et sert pour le personnel et le matériel. Il s'agit d'une tour d'extraction haute de 52m équipée de deux machines, la première est une machine d'extraction Koepe octocâbles (8 câbles) munie d'un moteur CGEE-Alsthom développant 2200Kw (pour le personnel et matériel) et l'autre est une machine d'extraction à poulie Koepe bicâbles (2 câbles) développant 140Kw (en secours)
Le puits d'un diamètre de 10m est équipé de deux cages :
L'une de 9m sur 3,8m et 10,6m de hauteur, à deux compartiments, destiné au personnel en haut (160 mineurs) et au matériel en bas. Ce choix est conçu pour ne pas à avoir à démonter les engins d'extractions, sauf le mineur continu (en trois parties).
L'autre de 2m sur 1,1m et 2,2m de hauteur, destiné au personnel d'une capacité de 10 personnes, uniquement pour le secours.
Puits Yvon MorandatRecette jourPuits Yvon MorandatHall des mineurs
Panorama
On accède au toit depuis la salle de la machine d'extraction par un escalier en colimaçon situé en extérieur. De là nous avons une super vue sur tout le bassin minier de Provence, avec au fond la centrale et le puits Z et de l'autre côté on distingue même un petit bout du puits Gerard.
Tout à gauche, le BRGM UTAM Sud s'est installé dans les anciens bâtiments, et sur la droite les anciens halls des mineurs et douches (tout au fond). En face de nous c'est l'usine de traitement de la bauxite, Alteo.
Sur les 14 hectares que forme le carreau minier, de nouvelles sociétés seront bientôt implantées ici pour former un pôle économique, énergétique et innovant en vue de la reconversion du site voulu par la mairie.
Machine d'extraction
Voici la très impressionnante machine d'extraction et sa poulie à huit câbles. Il ne reste plus qu'une seule machine. L'ensemble est dans un bon état mais les années et les pigeons sont venus ravagés l'état de la pièce.
Salle de commande
Pupitres de commandes
Même si c'est aujourd'hui complètement hors d'usage, c'était du matériel haut de gamme pour l'époque.
Voici l'ancêtre de l'ordinateur portable !
MoteurTrappe
Cette trappe dessert un puits annexe pour la montée du matériel.
Passage de câblesCagePortes d'accèsCabine receveur
Les mineurs, à la sortie des douches, accédaient au puits par ces portes.
Au jour, c'est le niveau +234, le fond est à -830.
Douches
On ne parle pas de salle des pendus mais de douches ici.
Il s'agit d'une partie qui a été sauvegardée pour la mémoire, les douches à côté sont en cours de transformation.
Douches
Le premier couloir permet d'accéder aux douches "noires", où se trouvent les vêtements de mineurs, une autre salle "blanche" contient quand à elle les vêtements propres des mineurs. Notez les miroirs estampillés UEP (Unité d'Exploitation Provence) encore en place. Au plafond ne subsiste plus que les supports des poulies.
Puits Yvon Morandat
Materiel minier
Ce camion navette est un "shuttle car" de chez Joy.
BennesPile de soutènement
Cette pile de soutènement est certainement neuve ou semble en tout as en très bon état si on l'a compare à sa voisine qui semble avoir été bien utilisée. Ces bennes qui sont fermées sont des wagons spécifiques pesant 20 tonnes qui servait à équilibrer un convoi.
Une partie du matériel a été cédé à la societé Aramine, le reste devrait être mis en valeur près de la tour.
Puits Z
Le puits Z dit puits Cativel est foncé de 1982 à 1984 le chevalement à poutrelles haut de 59m est construit en 1985 par la société polonaise Kopex. Il est mis en service en 1986, le puits à un diamètre de 6,5m et atteint la profondeur de -880m, il sert pour l'extraction et l'aérage.
Le puits est équipé d'une machine d'extraction à poulie Koepe quadricâbles (4 câbles) munie d'un moteur CGEE-Alsthom d'une puissance de 5480kw. Il est équipé d'un skip qui peut remonter 30 tonnes de charbon.
En terme d'architecture, il est la réplique du puits Staffelfelden (mine de potasse, 1972) en Alsace, fabriqué par la firme Fives-Cail-Babcock.
C'est le dernier puits à être mis en service.
Seul reste le chevalement et la salle des machines, tout les installations de jour : les ventilateurs, la lampisterie, et les installations de traitement et de transport du minerai ont été démoli après la fin de l'exploitation.
30 tonnes de charbon sont remontés toutes les 90s par l'intermédiaire du skip, le minerai est trié et concassé sur le site puis acheminé par bande transporteuse jusqu'au lavoir de Meyreuil, et finalement envoyé à la centrale de Gardanne.
20 millions de tonnes auraient été extraites en 17 ans d'activité.
Puits Z
Puits ZBâtiment d'extraction
Si aujourd'hui le chevalement est de couleur rouge, avant il était vert comme le bâtiment d'extraction.
Puits ZCentrale de Gardanne
Au fond, derrière la centrale, on aperçoit le puits.
Il est à regretter qu'en 2014 un camp de roms se soit installé sur le site du puits Z (en accord avec la mairie), car le peu qu'il restait est aujourd'hui entièrement vandalisé. Le site est devenu une décharge sans mémoire.
Machine d'extraction
C'est bien dégradé.
Machine d'extraction
Autres équipements
Ce dernier équipement est la centrale hydraulique de commande de freinage de la marque VALEO (mais sous traité chez Rexroth) de la machine d'extraction. La machine était équipée de deux disques de freinages sur lesquels douze pinces de freinages hydrauliques agissaient. VALEO a également fournit le même type d'équipement au puits Yvon Morandat.
Puits Z
Quelques autres vues sur le puits et une vue plus globale sur le puits Z et le puits Yvon Morandat pour finir.