Le terrain houiller proprement dit est représenté dans le département de la Creuse par cinq ou six lambeaux, formant deux groupes :
- Celui de la vallée de la Creuse
- Celui de la vallée du Thorion
Le premier comprend le bassin d'Ahun, entre Guéret et Aubusson, et les lambeaux de Saint- Michel-de-Vaisse. Le second, le bassin de Bosmoreau, au nord de Bourganeuf, et les lambeaux de Bouzogles et Mazuras, au sud de la même ville.
La formation houillère de la Creuse, comme presque tous les terrains analogues du plateau central, se compose, en majeure partie, de pouldingues et de grès plus ou moins grossiers. Les schistes argilo-charbonneux s'y rencontrent en masses peu importantes. Les houilles sont toutes à courtes flammes, les charbons de Bosmoreau et ceux de la partie centrale du bassin d'Ahun passent même à l'anthracite.
La superficie des dépôts houillers est de 1320 hectares à Ahun et 200 hectares à Bosmoreau.
Sources :
- Etudes des bassins houillers de la Creuse - Louis Grüner
Les Houillères de Lavaveix
Le bassin d'Ahun est celui qui a été exploité le plus intensément et plus précisément à Lavaveix. Le bassin est un synclinal dissymétrique orienté Nord-Ouest/Sud-Est d'âge Stéphanien, mesurant 14km de longueur sur à peine 1 à 2 kilomètres de largeur. Il est divisé en deux, la partie Nord où l'on a exploité 18 couches de charbon, et la partie Sud où l'on a exploité 4 couches. Les charbons sont à courte flamme au sud, ils sont gras avec 25% d'éléments volatiles, au centre, ils deviennent maigres et presque anthraciteux et contiennent 15% de matières volatiles, et quand au Nord ils redeviennent gras et collants avec 20% de matières volatiles.
Le charbon est découvert en 1765, il est exploité directement par plusieurs propriétaires et en quelques concessions. A partir de 1801, une loi interdit aux propriétaires des terrains d'exploiter directement le sol et doivent pour cela se réunir en société. Les actes de deux nouvelles sociétés, celle du Nord et celle du Sud, sont alors enregistrées le 28 Mai 1808. La société du Nord se composait de 15 propriétaires et celle du Sud de 13. Et c'est finalement en Novembre 1817 que furent initiées les deux concessions Nord/Sud correspondant aux deux sociétés. Beaucoup plus tard ces deux sociétés fusionneront pour former la Société Anonyme des Houillères d'Ahun en 1863. En 1868 la commune de Lavaveix-les-mines est crée.
Au plus fort de la production, en 1874 on atteint 354 000 tonnes de charbon. L'exploitation de la partie Sud sera arrêté en 1961 et et 1969 pour la partie Nord.
Les Houillères de Bosmoreau
Faisant partie des gisements houillers du Massif Central, Bosmoreau est situé sur la partie la plus occidentale. Sur les bords du Thorion on reconnaît trois lambeaux de terrains houillers, celui de Bosmoreau, celui de Bouzogle et celui de Mazuras et Arfeuil. Celui de Bosmoreau (Stéphanien moyen) est de forme ovale irrégulière orienté Nord-Sud, large de 2km sur 3,5km de longueur et d'une puissance de 300m réparti sur deux faisceaux.
On a dénombré 9 couches de charbon, d'anthracite plus précisément (mais seulement 4 exploitées dont deux partiellement), affleurant à l'Est (Régeasse) et s'enfonçant vers l'Ouest (Chez Lameix) suivant un pendage de 25°. Le puits le plus profond fût le puits Anzin, à -235m
Le charbon est découvert en 1765 dans le hameau de Chez Lameix, il est exploité à partir de 1784 jusqu'en 1958. Aux grandes heures de l'exploitation, Bosmoreau devient, Bosmoreau-les-mines à partir de 1905.
Sur les 25 puits existants, le puits Marthe est le puits le plus important des mines de Bosmoreau, il est fonçé en 1848 et exploité entre 1855 et 1922, il atteint la profondeur de -123m en traversant les cinq couches de charbon (N°8 à 4). Il aura produit au total 860 000 tonnes de charbon. Le puits était équipé d'un chevalement en bois actionné par une machine d'extraction à vapeur avec bobines à câble plat de 25 à 30 chevaux. Marthe était le prénom de la fille du directeur.
Entre 1942 et 1958 les mines sont exploitées presque uniquement à ciel ouvert (Chez Lameix, Got, Lameix Nord et la Lande) par quelques descenderies ou quelques fois reprises en souterrain au fond des excavations. Aujourd'hui ces excavations sont encore bien reconnaissables dans le paysage car elles sont noyées.
Sources :
- BRGM
- Mémoire de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse
La gare de Bosmoreau entre dans le tracé qui relie la nouvelle ligne de chemin de fer entre Vieilleville à Bourganeuf. Elle (la ligne de chemin de fer) fût construite entre 1881 et 1883. La mine était reliée à la gare de Bosmoreau par un embranchement particulier à voie étroite. Il fût ouvert en 1884 et en activité jusqu'en 1935.
Aujourd'hui cette ligne est désaffectée depuis 2004, mais il est possible de faire du vélo-rail entre Bosmoreau et Bourganeuf.
A l'entrée du site de la Lande (Cf: première photo), se trouve à droite la maison du directeur, les bureaux et le laboratoire. A gauche les vestiges de l'ancienne briqueterie dont il reste la cheminée (Cf: seconde photo) et derrière, les ruines du puits Marthe (Cf: troisième photo, à droite)). Derrière le puits se trouvait le départ de la voie ferrée, où il reste aujourd'hui quelques wagonnets en train de rouiller (Cf: cinquième photo) et juste à côté les vestiges de la centrale électrique (Cf: sixième photo).
Après l'arrêt de la mine, une briqueterie est installée sur le site (1923) jusqu'en 1935.
Il s'agit du bâtiment de lavage du charbon. L'installation restante parait très petite et difficilement compréhensible.
Après la découverte de nouveaux affleurements à l'Est, le site de la Lande a servi uniquement pour le traitement du charbon.
Puits de Celas - Celas
Il s'agit du puits de Celas, en périphérie de Mons. Le puits se trouve dans le gisement d'asphalte de Servas et Celas, mais on a extrait du lignite. Un premier puits d'extraction est équipé en 1914 par la Société des Asphaltes et du Pavage, puis vendu en 1918 à la Société des Lignites et Asphaltes du Gard.
En 1921 est mis en service un second puits, à 200m au Nord du premier. L'année suivante c'est la création de la concession de lignite de l'Aubarou (480Ha).
Les lignites sont principalement utilisés par l'usine de Salindres. L'exploitation est arrêtée en 1933 pour cause de plusieurs incendies. On estime la production totale à 136 000 tonnes de lignites extraits sur une seule couche d'une puissance moyenne de 1,9m.
L'histoire du puits aurait pu s'arrêter là, mails il est malheureusement peut être plus connu, quand en 1944, la barbarie nazie jeta 31 corps dans le puits désaffecté après les avoir torturés et tués, au fort Vauban d'Alès (transformé en prison).
Il s'agit d'un petit chevalement métallique d'une dizaine de mètres de haut équipé d'un faux carré porteur à deux poussards. La base du chevalement est un socle en pierres et parpaings. Le puits était profond de -132m. La base du chevalement est devenu un mémorial.
Houillères de Cruéjouls
La concession des mines de houilles de Cruéjouls, d'une superficie de 238Ha, instituée par décret du 3 août 1913 est le résultat de la fusion des anciennes concessions de la Draille et du Pouget instituée respectivement par ordonnance du 5 février 1823 et par décret du 25 juin 1862. Elle échappera à la nationalisation de 1946 avec 240 autres petites mines et restera, pendant 16 ans, la seule mine de charbon privée de France. Son activité s'arrêtera à la fin du mois de septembre 1988.
En complément de l'activité extractive de la houille l'usine extrait aussi pour l'industrie chimique (du kaolin déjà présent dans la mine, un filon de barytine proche de la mine) et produit des engrais naturels.
A ce jour, le site ne sert plus qu'à la production de pigments minéraux naturels et synthétiques destinés à l'industrie du béton.
La mine était composée de trois puits :
- Le puits Sainte Barbe, d'une profondeur de -125m. C'est le puits principal qui sert pour l'extraction, le personnel et l'entrée d'air, c'est aussi le seul équipé d'une machine d'extraction.
- Le puits de la route, d'une profondeur de -108, il sert de retour d'air
- Le puits des échelles, d'une profondeur de -52m, il est de section rectangulaire et sert de retour d'air.
Le gisement se compose de trois couches de charbon mais seule la couche 2 était exploitée.
- La couche 1 : elle a été exploitée au tout début, d'abord aux affleurements et autour des puits, sa puissance est d'un mètre puis se réduit. Elle n'est plus exploitée ensuite malgré des réserves importantes.
- La couche 2 : c'est la couche en exploitation, celle-ci avait une allure régulière et une puissance comprise entre 0,60cm et 1,30cm.
- La couche 3 : elle n'a jamais été exploitée, sa puissance est de 1m.
Ce gisement avait des spécificités incroyables pour une mine de charbon, très peu d'eau, pas de grisou, pas de poussières. Le charbon était presque entièrement vendu à la centrale EDF d'Albi et à quelques clients locaux.
La mine possède également des installations de traitement et préparation du charbon.
Sources :
- Système d'information du développement durable et de l'environnement
Bien reconnaissable au milieu de l'exploitation, trône le chevalement tout en bois.
Un magasin encore bien fourni en pièces détachées.
Il reste un peu de tout lié à la mine.
Et même en vrac dans la forêt.
C'est un vrai supermarché minier !
Des rails, des cintres, des étançons par centaines.
Tout ce matériel a été acheté/récupéré auprès des "grandes" mines qui ont été fermées.
Par contre beaucoup moins cool de trouver ces transformateurs qui se sont vidés ici.
Ces camions proviennent des ateliers C.A.C.L. (Chantiers et Ateliers de Construction de Lyon).
Dans la forêt la découverte d'un ancien puits...
Au revoir la mine !