“ Charbonnage du Hasard de Cheratte ”
Ce dossier n'a pour unique but de restituer un souvenir de mémoire, de ce haut lieu minier Belge.
C'est véritablement en 1905 que nait la SA Charbonnage du Hasard de Cheratte. Mais c'est en 1848, que les Saroléa et Corbesier acquièrent la concession et y creuse deux puits, descendant à 170m et 250m. En 1877, c'est pourtant le coup dur, une venue d'eau coûte la vie à plusieurs mineurs. Les galeries sont souvent noyées, à cette profondeur, à cause de la proximité de la Meuse en contrebas. De cet incident, la mine est mise en liquidation et ferme ses portes. Il faudra attendre 30 ans, les liquidateurs vendront la concession à la SA des Charbonnages du Hasard de Cheratte, basé à Micheroux. Le gisement est considéré comme très riche, il contient 24 couches de charbon 1/4 gras et maigre, ce qui correspond à 1000 tonnes par jour.
Cependant selon des études, la houille se trouverait à forte profondeur, pour le premier puits il est donc décidé de construire une tour d'extraction. Elle est batie en 1907, c'est la tour en brique, d'aspect "mediévale" d'une hauteur de 30 mètres, on y installa à son sommet deux moteurs à courant continu pour actionner la machine d'extraction. C'est la première exploitation commandée électriquement, et le premier puits dont la machine est placé au sommet.
Quelques temps après, vers 1923 on construisit le puits 2 (tour d'extraction à charpente métallique, aujourd'hui démoli) et il faudra attendre l'après Seconde Guerre Mondiale pour voir le troisième puits vers 1947 (la tour en béton). Le puits 2 s'arrête avec l'ouverture du puits 3.
Dans les années 20, les mineurs sont nombreux et de plusieurs nationalités, Marocains, Italiens, Espagnols, Polonais et en grande partie Turcs, il y est crée : un port, de nouvelles voies de chemins fer pour acheminer le charbon et enfin une cité ouvrière (1925) pour accueillir les mineurs et leurs familles.
En 1930 il y avait approximativement 1500 ouvriers.
La fin des années 60 est marqué dans toute l'Europe par une conjoncture économique qui voit la consommation de pétrole augmenter au profit du charbon. Dés 1968 divers charbonnages de la région ferment leurs portes. A Cheratte c'est un signe on constate que le rendement par jour diminue dangereusement. Malgré la modernisation des infrastructures (le lavoir en 1960) et la productivité des ouvriers, l'extraction devient de plus en plus coûteuse.
En 1974 on dénombre un total de 960 ouvriers, mais en 1977 il n'y en a plus que 590, le 31 octobre la fermeture définitive est prononcée. Dix ans plus tard, 1987, le dernier charbonnage de la région, Blégny-Trembleur, fermait ses portes, et deviendra plus tard, un musée de la mine.
Quel avenir pour le Hasard ?
Le Gouvernement Wallon avait inclus, en 2007, le Hasard dans son programme de réhabilitation d'anciens sites miniers en vue de le racheter et de procéder à la construction de commerces et logements. Les parties classées sont la phalanstère (façades et toitures), la salle des machines, le puits "La Belle Fleur" (le puits 4), la colline boisée et la cité-jardin. La tour n°1 est classé depuis les années 80.
Depuis tout est au point mort, l'actuel propriétaire doit procéder à des démolitions, pour pouvoir vendre le site assaini, mais rien n'a été engagé.
En 2017 le chevalement du puits 3 a été démoli.
Mes impressions
Ces premières notes datent de 2008.
Ce n'était pas un hasard si j'étais arrivé jusqu'ici. J'avais visé juste. A presque 1 kilomètre de Cheratte, je voyais déjà cette tour imposante, à l'arrivée dans la ville il en était tout autre chose, c'était carrément tout un pan de quartier qu'occupait cette mine.
L'endroit est grandiose, on est perdus par tant de grandeur, on s'émerveille par l'architecture que par le nombre impressionnant de vestiges encore bien conservé. L'immersion est parfaite, et le temps d'un instant, nous devenons nous même l'ouvrier de ce haut lieu.
Retour à Cheratte en 2009.
Le site est toujours là, je ne remarque rien de changé, il me faudra monter les étages des anciens bâtiments pour remarquer quelques traces de passages : le site est massivement envahi de tags par rapport à ma première visite, les douches sont défigurées, le fauteuil a disparu, des "poubelles" de détritus traînent dans plusieurs couloirs, et la grille de la mine est cassée.
Il se trouve que le le site est aussi un lieu de passage bien connu de nombreux "explorateurs en herbe" je ne veux porter la faute et pointer personne, mais visiblement certains, n'hésitant pas à le dégrader et à le vandaliser sans gêne. Si le temps passe et que rien n'est fait, il n'y aura bientôt plus rien à sauvegarder.
Lectures et Recommendations :
- L'un des plus complets je pense, Jean Paul Delacruz vous propose un compte rendu complet, fruit de plusieurs mois de recherches et sans doute de visites, une mine d'or comme on dit : Derelicta