La carrière Sarazin
Ouverte en 1914 à Eméville, elle tire son nom d'un carrier issu de Carrières-sur-Seine : Georges Sarazin elle est aussi appelée la carrière du Chemin de Longpré. On suppose qu'elle s'est arrêtée vers les années 1930.
L'extraction s'est pratiquée uniquement manuellement, à la lance, les blocs extraient sont acheminés par voie Decauville jusqu'à un puits d'extraction, où ils étaient remontés à l'aide d'un treuil. Ce treuil fonctionnait grâce à un moteur thermique. En comparaison avec sa voisine, la carrière Daubin (toujours à Eméville) qui elle, était munie d'un manège à chevaux.
Nous allons voir que la carrière est l'une des mieux conservées, et d'une extrême richesse puisqu'une bonne partie du matériel est resté présent. Tout est d'époque et n'a pas bougé depuis près de 80 ans. De la surface, le treuil est le seul vestige de visible et nous permet de dire qu'il y a une carrière en dessous. Descendre dans la carrière, c'est descendre en 1930, une forte impression de visiter une époque oubliée mais figée par le temps.
Remerciements :
Je tiens à souligner ici le travail remarquable de l'association, Carrières Patrimoine, qui s'occupe de la préservation mais surtout de la complète restauration de la carrière, afin que celle-ci puisse renaître de plus belle. Je tiens également à remercier tout spécialement François et Arnaud pour la visite, le partage et l'amitié qui en a découlé.
Sources :
- Les carrières françaises de pierres de taille - Pierre Noel
Voici un compte rendu de l'une de mes descentes.
Il y a une forte brise, et le temps est à l'orage, il va bientôt pleuvoir, nous nous dépêchons donc de nous faufiler dans le puits pour rejoindre la fraîcheur du passé que nous recherchons. En bas cela fait du bien, il fait bon, nous nous sentons à l'aise et l'émerveillement reprend le dessus. Je suis toujours extasié au détour de ces galeries de revoir tout ce matériel, je m'attends presque à voir un carrier débarquer ou à entendre un bloc tomber. Au delà du fait que la carrière soit petite, je n'arrête pas de faire des photos, parfois même, en ne bougeant que de quelques centimètres. J'ai des étoiles plein les yeux, mais je reste concentré sur mon travail. Par moment au passage de ma lampe, je m'interroge sur des détails, aussi insignifiants soient ils, de taille ou sur des blocs. Les questions fusent dans ma tête, comment, pourquoi...Le mystère l'emporte encore presque toujours, mais il faudra revenir pour mieux comprendre. François me rejoint avec Arnaud, et nous profitons d'une pause pour boire un coup. Nous faisons un rapide tour ensemble, et nous ne tardons pas à nous interroger de nouveaux sur les différentes possibilités d'extraction d'un bloc et des calculs qui sont fait dessus.
Il reste encore pleins de blocs à sortir, l'un des buts que l'association s'est fixé, serait de pouvoir en sortir un quand le treuil extérieur sera de nouveau opérationnel, une bloc c'est 4 à 5 tonnes, autant dire qu'il ne faut pas se rater.
Je rejoins les amis, et j'aide rapidement aux travaux du jour : le déblaiement au sol du puits de service. Nous remplissons des sacs que nous remontons à la main, ca n'a l'air de rien mais c'est crevant et les sacs sont lourds.
Il est déjà temps de remonter. Nous sortons du puits, le ciel nous rappelle à l'ordre une nouvelle fois, la pluie arrive et l'orage n'est vraiment pas loin. Puis quelques minutes et c'est l'averse. Une fois passé, le ciel s'éclaircit, laissant apparaître un ciel bleu et les premières lueurs de soleil, de la journée. Il y a pleins d'escargots dans l'herbe et encore plus de limaces. Ce sont des choses simples, mais cela nous apaise d'une certaine manière, nous repensons au travail accompli et surtout à tout ce qu'il reste encore à faire. Le travail avance doucement, c'est une masse de travail considérable, qui s'est déjà échelonnée depuis plusieurs années. Nous sommes remontés à notre époque, mais nous pouvons revenir au début du 20ème siècle quand nous le voulons, rien que pour ca, c'est unique.
C'est le premier aspect visuel "significatif" de la carrière Sarazin : son treuil de carrière. Il s'agit de deux piles de pierres taillés, auxquelles une poutrelle en acier les rejoint, sur laquelle se trouve au centre une moufle, pour le support des 5 câbles, cela permet de démultiplier l'effort de levage.
Grâce au puits, on peut remonter des blocs plus gros, jusqu'à 5 tonnes. D'après des estimations, en fonction de la puissance du treuil et de la taille d'un bloc il faut une bonne demie heure pour en remonter un.
Voici l'emplacement du treuil, cette partie était initialement couverte, à sa découverte, le treuil était enterré. Il a été depuis complètement restauré, 800 heures de travail ont été nécessaires à sa complète remise en marche, on a pu l'admirer en action à la Fête de la Pierre de Saint Maximin en 2010, et aujourd'hui il se trouve dans la carrière Parrain (Cf: Treuil).
Un gros plan sur le câble, celui-ci est formé de plusieurs câbles ronds et tressés.
Voici le puits de service, seul accès à la carrière. Il est espacé d'une dizaine de mètres du puits d'extraction.
Nous voici en bas, on aperçoit une portion de rails qui arrive jusqu'au puits.
Une belle coupe géologique s'offre à nous en bas du puits, on y distingue toute la masse calcaire, qui est haute de 4 à 6m, d'abord le banc dur, puis le banc tendre ou banc franc, qui est exploité ici en milieu de banc.
Voici la restauration d'un wagonnet Decauville d'une contenance de 400L, avec encore sa plaque d'origine, ce qui est plutôt rare aujourd'hui. On peut y lire le nom du fabricant : "Decauville Ainé, Ateliers de Petit Bourg
Le crapaud est un treuil sur trois roues qui permet de tirer des blocs. En actionnant une manivelle, une chaîne qui est alors attachée autour du bloc, vient s'enrouler grâce à un système d'enroulement à cliquet. Le crapaud est précédemment attaché à un pilier derrière lui afin qu'il n'avance pas (Cf: Chaîne).
Ce crapaud en particulier vient des ateliers Sailly à Saint Vaast.
Le cric ou la levrette quand à eux permettaient de déplacer ou soulever un bloc. L'un d'eux est annoté d'un "S" prouvant que cet outils est bien la propriété de la carrière Sarazin.
On reconnaît les lances parce qu'elles sont plus longues et aussi plus lourdes, les autres sont des aiguilles. On les utilisent pour les tranches de défermage et le souchevage.
C'est tout de même une sacrée belle collection !
Une fois le bloc extrait on le déplace sur des roules jusqu'à un quai de chargement ou "chopin" ce qui permet d'incliner le bloc et de le déposer sur un lorry (Wagonnet plat)
Voici une belle vue du cheminement d'un bloc (Cf: Treuil), une fois que le bloc est sur le wagonnet, celui-ci est ramené jusqu'à la plaque tournante grâce à ce treuil, il est pivoté pour être ramené au fond vers la première plaque tournante puis tout au fond jusqu'au puits d'extraction.
Voici une reconstitution d'un bloc sur un wagonnet.
Tous les blocs extrait sont marqués d'un numéro et sont annotés de trois dimensions :
- La Largeur
- La Longueur
- La Profondeur
Ces trois dimensions sont toutes exprimées en centimètres. On les multiplient pour obtenir le volume du bloc, puis on effectue une conversion pour obtenir un résultat en mètres cube.
Chaque bloc dans la carrière est différent, du simple cube, parallélépipède, ou encore de cubes complexes (Cf: Bloc 3) sur celui-ci en particulier, les calculs cités précédemment différent, puisqu'il faut déduire la partie "manquante", deux séries de calculs sont nécessaires. On remarque notamment sur ce bloc (mais il n'est pas le seul) l'inscription "cadeau", dont la signification nous échappe encore, mais pourrait être en corrélation avec cette dite partie "manquante", puisque nous avons relevé ces inscriptions sur des blocs similaires.
Remarquez les traces parfaites laissés sur le bloc, ce sont les coups de layes que le carrier a exécuté pour tailler le bloc (Cf: Bloc 2). Je le répète tout ce travail était fait manuellement.
Par ailleurs on peut également déduire par quelle face le bloc s'est détaché, sur certains blocs on aperçoit des parties "creusées" (Cf: Bloc 2/3) c'est tout simplement la partie qui s'est décrochée de la masse, et qui est restée.
En fonction des traces de lance on peut déterminer exactement où le bloc a été extrait dans la carrière, il suffit pour cela d'observer le ciel et les parois des galeries. Si on observe bien on notera également des traces bien visibles de coins au ciel afin de détacher le bloc. Cette vue plutôt documentaire (Cf: Traces de coin) montre le ciel sur la partie haute de la photo, on y aperçoit une trace de coin à l'horizontale, et une trace de coin à la verticale dans le bas de la photo.
Tous les blocs extraits sont inscrit dans des tableaux, tous les 4/5 blocs des totaux de volumes sont effectués.
D'une manière générale que se soit les tableaux ou les chiffres directement sur les blocs tout est écrit au crayon. Seuls quelques blocs sont écrits en bleu, car ils sont plus récents.
Au détour de quelques galeries on trouve tout de même quelques curiosités. Par exemple ces deux blocs (Cf: Algues), l'un est complètement pétrifié d'algues fossilisées, quand son voisin n'en a pas. Avec ce détail, comme je le disais tout à l'heure, on a pu savoir où il a été extrait encore plus facilement, car on retrouve ces algues également au ciel.
Juste à côté se trouve le seul endroit où il y a des dessins, des formes, des personnes, mais surtout du très explicite (comme souvent !)
Dans la continuité du puits d'extraction se trouve ce puisard, mais il est complètement bouché aujourd'hui. Les infiltrations forment quelques concrétions qui dégoulinent.
La carrière du chemin de Vez
Il s'agit d'une seconde carrière toujours située à Emeville, à la sortie de la ville en allant vers Vez, d'où elle tire son nom. Elle se trouve à quelques centaines de mètres de la carrière Sarazin mais elles ne sont pas connectées. Celle-ci est accessible par une entrée de cavage mais possède tout de même un puits d'extraction. Celui-ci a été restauré par l'association Roches et Carrières qui s'occupe de sa préservation. Le puits est maintenant équipé d'un treuil à manège et d'un toit protégeant le puits.
La carrière du clocher
Il s'agit de la carrière du clocher de Bonneuil située à Bonneuil-en-Valois.
Elle est ouverte en 1957 par Nino Mascitti et exploitée par les "Etablissements Nino Mascitti". Plus tard ce sont ces fils, Pierre Mascitti (Directeur) et Dominique (tailleur de pierre) qui continue de gérer la carrière.
Le gisement est exploité sur un seul banc de 3,80m de hauteur (banc franc). L'exploitation de la carrière est réalisée en souterrain et à sec. Le gisement de pierre de taille calcaire est exploité selon la méthode des chambres et piliers abandonnés laissant à terme de l'extraction des rangées de piliers de 7m X 7m, à espacement de 7m. Les piliers sont alignés régulièrement selon une orientation Nord-Est/Sud-Ouest dans toute la zone Nord et vers l'extrémité Sud-Ouest de la carrière. Dans la partie Sud-Est de la carrière les piliers sont globalement alignés vers l'Ouest.
Les blocs sont découpés à la haveuse puis repris à l'usine de sciage à l'extérieur ou directement vendus en l'état aux clients.
Il s'agit de la dernière carrière souterraine encore en activité dans la région.
Après le départ en retraite de Pierre Mascitti, c'est Bruno Gauchy qui reprend la tête de l'exploitation en 2009. En 2011 le permis d'exploitation de la carrière est renouvelé et la zone d'extraction étendue.
C4838
La carrière se révèle être sans intérêt.