Pierre de Méry
L'exploitation de la pierre à Mery sur Oise est très ancienne, elle a probablement été faites d'abord à ciel ouvert avant d'être largement exploitée en souterrain.
Celle-ci s'est notamment développée lors du milieu du 19ème siècle, les premières traces écrites laisser à penser que l'exploitation en souterrain est débutée au début de l'année 1841 par Mr Aubin Clément.
Elle est à son paroxysme jusqu'au tout début du 20ème siècle, là où il y a une majorité de carriers totalisant approximativement 10% (200 personnes en 1906) de la population de la commune de Méry-sur-Oise.
Bien que la pierre soit également exploitée dans les localités proches de Mery à Villiers Adam, Mériel, Auvers-sur-Oise et Saint-Ouen-l'Aumône, Mery est semble t'il un centre carrier par excellence. La ville est facilitée par ses moyens de transports, proche de l'Oise, proche de la ligne de chemin de fer de la Compagnie du Nord ouverte en 1876 et enfin proche de Pontoise et surtout de la capitale à seulement 25 kilomètres.
La pierre est extraite d'une dizaine de carrières dont certaines se sont connectées au fil des années.
La pierre est un calcaire blanc légèrement jaunâtre à grains fins qui se délite très facilement dans lequel deux bancs d'une hauteur total de 8m sont en exploitation :
- Le banc royal
- Le banc franc
En 1861 17 carrières de pierre à bâtir sont recensées dont 15 sont souterraines. Elles sont exploitées par les familles les plus aisées :
- Quesnel
- Lebailly
- Bélier-Pineau
- Aubin
- Prudhomme
- Duez-Letellier
- Aubriot
- Lavert
- Frappé
- Seitz
- Ouachée
Au début du 20ème siècle, il n'y a plus d'ouvertures de carrières mais celles-ci s'agrandissent de plus en plus quitte à rejoindre des exploitations voisines. Entre 1906 et 1910 les exploitants de carrières sont les suivants :
- Quesnel
- Civet Pommier
- Hennocque & Cie
- Renaud et Bernard
- Famille Duru
- Dufayet et Olivier
- Boufflet
- François
Aujourd'hui, deux grandes carrières sont représentatives de la ville de Méry il s'agit de la carrière du four à chaux qui englobe presque à elle seule une dizaine d'exploitations et celle de Mr Hennocque qui en comprend au moins trois.
La pierre est facilement exploitable, elle affleure à plusieurs endroits, mais l'exploitation à ciel ouvert donne une pierre cassante et friable, car exposée aux intempéries. Les carriers prolongent donc leur front de taille en s'enfonçant sous terre là où la pierre est très fortement humide et intacte, elle se découpe beaucoup plus facilement et aisément et en séchant à l'air libre, elle développe une fine couche de calcin sur sa croute qui va alors la protéger contre le temps.
La qualité de la pierre et sa reconnaissance ont permis à la carrière de perdurer, cependant la Première Guerre Mondiale enverra la majorité des carriers au front, dont ils ne reviendront, malheureusement pas, la crise économique de 1929 et surtout la Seconde Guerre Mondiale en 1939 marquera un arrêt de l'exploitation durant le temps d'occupation. Après la guerre et malgré la reconstruction, les carrières fermeront progressivement tour à tour, en privilégiant, l'utilisation du béton, qui va définitivement couler, l'industrie de la pierre dans la région et en France.
Cette récession permet notamment la réutilisation des carrières par les champignonnistes qui sont déjà présents dés la fin du 19ème siècle (42 en 1906). Mais à partir de 1930, la tendance s'inverse, les champignonnistes sont plus nombreux que les carriers (100 en 1931 puis 73 en 1962). Les premiers cultivateurs de champignons à cette époque sont les Sarazin, Breton, Lethias, Bourquin
Cependant le plus important cultivateur de champignons (1906) dans la commune est Mr Cauchois, 22 personnes sont employés. Originaire de Paris et déjà cultivateur en souterrain dans la banlieue, il s'implante à Mery et à Saint-Ouen-l'Aumône pour l'importance des carrières. Il est plus largement connu pour être membre du syndicat des cultivateurs de champignons de France de la Societé Nationale d'Horticulture de France et surtout auteur du Manuel du champignonniste professionnel et amateur.
Il faut attendre l'immigration d'après la Seconde Guerre Mondiale pour voir apparaitre massivement les italiens mais aussi les belges, des polonais et aussi quelques portugais, c'est surtout l'ère italienne qui domine avec les Oberti, Carrara, Zinetti, Zambléra et Spinelli.
Le Rû
La carrière du Rû a une histoire longue et variée qui mérite d'être racontée puisqu'elle a été occupée par une population diverse en passant tout d'abord par les carriers, les champignonnistes, l'armée allemande et même les cataphiles.
Outre qu'elle fût la dernière carrière en exploitation et qu'elle a rassemblée un grand nombre si ce n'est le plus grand nombre de carriers de la région, elle témoigne comme ses consoeurs d'un passé rural et laborieux vers une standardisation des méthodes d'extraction et d'un avenir industriel qui s'est petit à petit essoufflé jusqu'à ce qu'il disparaisse ici.
Appelée à l'origine la carrière du Ru (du nom du ruisseau qui coule à proximité : le ru de Montubois) et parfois aussi la carrière de la (petite et grande) Garenne, elle est plus connue par le nom de son exploitant : Mr Hennocque. Pendant deux générations, c'est cette même famille qui va exploiter la pierre.
La première mention d'exploitation de cette carrière remonte vraisemblablement au 6 Mars 1845 par Mr Aubin et Dufresnoy, une autorisation leur est accordée d'exploiter une carrière souterraine au lieu-dit la Garenne. Une seconde autorisation est accordée en 1851 toujours à Mr Aubin au lieu-dit le dessus du moulin. A terme ces deux exploitations finiront par se rejoindre.
Exploitée par la suite par la famille Bélier-Pineau (1880), avec laquelle Mr Hennocque va se marier, l'exploitation perdurera sous l'ère d'Hennocque avec Pierre (1889-1981) puis surtout Richard (1929-2021), jusqu'à la fin en 1978.
Mr Aubin ou Mr Hennocque n'était pas propriétaires des terrains (comme c'était le cas pour la majorité des exploitants), souvent ils étaient loués, citons Mr Paul Moreau, qui lui en revanche était propriétaire, embauché comme employé chez Hennocque (1906) il finira comme responsable d'exploitation. Ce n'est pas un hasard s'il est marié à Thérèse Hennocque !
On a tout d'abord extrait le banc royal avant d'extraire le banc franc situé au dessus. L'extraction est réalisée au tout début en galeries filantes, puis en hagues et bourrages, et enfin par la méthode de piliers tournés irréguliers. Cette technique est finalement remplacée par plus de régularité en utilisant les piliers tournés en chambres : les galeries s'alignent pour plus de cohérence, les hagues et bourrages sont définitivement arrêtées. L'utilisation de l'aiguille puis de la lance permet d'enlever de plus gros blocs. Pendant presque un siècle l'exploitation de la carrière s'agrandit de la sorte. Le front mesure presque 400m de long sur 40 galeries d'extraction, le travail consistait à ouvrir des galeries de 4,5m de largeur et à découper la pierre dans un premier stade sur 4m de hauteur à la partie supérieure puis dans un second temps on reprenait à nouveau sur 4m de hauteur en dessous du premier, ce qui donnait une galerie de 8m de hauteur.
La totalité de la pierre était extraite par un grand puits d'extraction (8m de diamètre) et treuillé par une machine à vapeur, qui donnait directement dans un atelier de taille et de stockage, propriété de Mr Hennocque le long du chemin de l'Eglise. Ici un pont roulant permettait de charger les blocs de pierre sur des wagons et de rejoindre la gare de Mery par un embranchement privé. Aujourd'hui il ne reste qu'une maison de pierre et un bout de rail encore encrée sur la route comme témoignage. Ces terrains accueillent depuis des logements, le puits d'extraction ainsi que les galeries souterraines avoisinantes ont toutes été comblées.
A cette époque un certain Baron Haussmann, était en train de moderniser la capitale, et pour cela il lui fallait une grande quantité de pierres mais surtout une pierre de qualité pour le prestige de la ville lumière. L'Opéra Garnier ou le Petit Palais furent construit avec la pierre de Méry.
Il faudra attendre l'arrivée de l'électricité et de crédits pour que l'extraction se fasse à l'aide de haveuses, qui permettront l'extraction de toute la hauteur du banc quasiment d'un coup et de blocs de 1,2m X 1,2m X 1,8m.
En 1931, rien qu'à Méry-sur-Oise, 47 personnes sont employées chez Mr Hennocque en 1962, il n'y en a plus que 2 ! C'est dire à tel point comment le béton a remplacé l'utilisation de la pierre dans la construction.
Sources :
- Archives départementales du Val d'Oise
- Dommages de guerre de la Seconde Guerre Mondiale, dossier d'indemnisation
- Les carrières françaises de pierre de taille - Pierre Noel
Aménagements militaires
Voici une vue globale du site depuis l'extérieur, on y distingue l'entrée camion à gauche (Cf: Première photo) et l'entrée de la gare souterraine à droite, avec son petit tunnel ferroviaire extérieur (Cf: Seconde photo).
Au dessus se trouve deux blockhaus servant à protéger les puits d'aération de la gare souterraine.
Voici la gare souterraine, ouvrage entièrement construit par l'armée allemande, elle a recoupée les anciennes galeries du niveau supérieur afin de libérer un volume équivalent d'une dizaine de mètres et d'une largeur de cinq mètres. Elle est faites entièrement en béton armée. Elle dispose de quais de circulation de chaque côté, et de trois quais de chargement (d'un seul côté) et d'une galerie annexe, qui relie ces quais vers la sortie camions.
On distingue trois entrées au total :
- L'entrée principale, par voie de chemin de fer, surmontée de son créneau FM et des vides pour l'emplacement de la future porte blindée, de chaque côté.
- Une entrée pour les camions et le transport de matériels, parallèle à la gare.
- Une entrée pour le personnel, dont le tunnel n'a jamais été terminé, située plus loin dans la carrière.
Dans les galeries aux alentours se trouvent quelques wagonnets, qui auraient du servir pour le déchargement des trains.
D'autres aménagements ont été construits plus profondément dans la carrière, tout une zone a été cloisonnée afin d'installer des générateurs dont il ne reste que des socles, une salle de charge des batteries (accumulateurs) et un puits de ventilation (lié aux générateurs). Ces équipements électriques auraient du servir pour la bonne marche des V2, mais ils ne furent finalement que sabordés, au départ précipité des allemands. Au sol certaines pièces sont encore carrelées, notées des initiales BW.
Par ailleurs quelques initiales allemandes ont été gravées sur les parois : J.H 6.5.44, B.P 1944, B.A 1944, LF.
Taille
Les anciens quartiers d'extraction pratiqués en hagues et bourrage, ont tous été transformés pour la culture du champignon et toutes les parois badigeonnées de chaux. Les quelques piliers maçonnés (modernes) rappellent qu'il y a des constructions au dessus.
L'atelier du tailleur de pierres est à lui seul impressionnant il reste les vestiges d'une haveuse électrique modèle Korfmann ST 100, un grand nombre d'inscriptions sur les murs et tous les outils dont une impressionnante barre à talon pour soulever les blocs. Ceux-ci sont débités de la paroi par la haveuse puis on les déplacent grâce à ces treuils, jusqu'à un proche wagonnet, où ils seront hissés par des palans, afin d'être taillés sur place, puis sortis. Au détour des proches galeries, il n'est donc pas rare de voir des blocs déjà débités et prêt à être taillés.
Ce treuil, unique survivant des trois présents, est encore bien marqué par sa plaque constructeur où il est indiqué : Roussange constructeur, St Vaast les Mello, Oise. On en avait déjà vu dans les carrières du Valois
Cette première photo témoigne d'un atelier de taille dont les blocs ont été débités à l'ancienne, c'est à dire entièrement fait à la lance. C'est simple, plus on s'enfonce dans la carrière, plus on peut voir évoluer le chantier, presque les trois quart ont été taillé à la lance, puis le dernier quart a été fait à la haveuse. Cela donne une bonne proportion du travail effectué.
Les parois sont marquées à tout jamais par le passage de la haveuse (Cf: Cinquième photo), celle-ci s'est enfoncée une dizaine de fois en suivant un axe vertical afin d'avancer le chantier sur 4 mètres de hauteur et d'autant de la longueur de sa lame.
Pour celui qui visite cette carrière elle pourrait se résumer à : Des galeries à perte de vue, rectiligne, avec galeries numérotées.
C'est un travail impeccable effectué avec précision où les piliers s'alignent à la perfection, chacun des côtés est numéroté : on reconnait alors une galerie principale et ses voies annexes, recoupées de même par une autre série de numéros voire de lettres. Il est donc très facile de se retrouver ou d'indiquer un endroit précis.
Le fond est atteint après 57 galeries, les infiltrations d'eaux donnent un peu de charme avec ce fond mouillé.
Ici les traces laissées par la haveuse sont différentes : l'envergure de la lame permet de découper d'un coup presque la hauteur entière d'un pilier. Celle-ci n'est plus montée sur un axe horizontal mais sur un axe vertical qui permet l'inclinaison de la haveuse.
Ces dernières photos montrent la délimitation de la carrière avec un autre exploitant, ici en l'occurrence : Hennocque | Bélier
Ces deux wagonnets proviennent des établissements Decauville (Petit Bourg) et Popineau (Saint Denis)
Cet ancien plan incliné permettait la translation des wagonnets entre la carrière et le dehors, à mi chemin se trouvait un treuil qui assurait la traction. Le câble tirait les wagonnets où celui-ci glissait sur des rouleaux encore présents au sol, de ce fait un seul wagonnet montait ou descendait à la fois. Aujourd'hui ce plan incliné permet notamment de voir toute la stratification des terrains géologiques entre la carrière et le jour.
Il y a eu plusieurs mouvements de terrains sur la commune qui ont impactés la carrière du Ru, ils ont eu lieu en Mars 1891, et Avril 1893 (Exploitation Quesnel) et en Juillet 1892 (Exploitation Aubin Hennocque). Une grande partie de carrière s'est alors effondrée coupant ainsi la carrière en deux.
Une campagne de travaux de consolidation a été réalisée ils sont datés entre 1912 et 1927, entrepris par la société Garnier (entreprise de maçonnerie) aidés de ses fils dont notamment Robert (1904-1944) en est l'auteur à seulement 21 ans (1925). Elles sont en briques et moellons taillés et se regroupent toutes dans le même secteur. Particularité, l'une d'elle a été réalisée, si l'on en croit l'inscription le 12 Décembre 1912.
Ponctuellement, on retrouve d'autres arches beaucoup plus anciennes (1898, 1902) faites uniquement en moellons et marqués de "F".
Enfin en 1978 c'est la galerie principale qui s'effondre et qui prive ainsi l'avenir de l'exploitant. C'est ainsi que l'on retrouve encore une partie du matériel et des blocs qui n'ont jamais été sorti (vu précédemment). A savoir, aujourd'hui un quart de la ville est sous miné par ces anciennes carrières.
Champignonnière
La carrière a servit de champignonnière, d'abord en meules dont il reste une microscopique zone, puis en caisses en bois et finalement en sacs. Sur les parois on peut encore lire le nom de certaines caves, de certains champignonnistes et aussi quelques tableaux ici et là.
Un certain Roland Spinelli (1925-1990) a cultivé le champignon dans cet endroit pendant au moins une vingtaine d'années, à plusieurs endroits on peut encore lire son nom, ses initiales et la date de son passage.
Curiosités
Aujourd'hui, voici notamment tout ce qui fait le charme de cette carrière, ses parties inondées et ses magnifiques concrétions qui se sont formées durant les années d'abandon.
Au ciel de carrière on peut admirer plusieurs curiosités si on sait chercher attentivement. Tout d'abord deux beaux fossiles de poissons très bien conservés.
Sur une des parois on peut lire un règlement partiellement terminé : "tout homme qui se trouveront dans un état soulographique seront amendables de la peine..." le reste est effacé ou inachevé.
A d'autres endroits ils restent quelques signatures de carriers : Paul Leillet (il est né en 1887), Emile Merriadec (il est né en 1892) ou de champignonnistes : Eugène Devroede (il est né en 1900) ou Emile Marceille (né en 1904) où il a d'abord exercé le métier de champignonniste (1931) puis de carrier (1962) chez Hennocque.
C740
Cette carrière représente un immense espace souterrain exploité pour la pierre calcaire dont les carriers ont extrait deux bancs : le banc royal et le banc franc. Chaque banc possède une puissance approximative de 4m.
Les premières autorisations d'extraction de la pierre à cet endroit remontent à 1846 au lieu-dit la Bonneville par Mr Jorel. Elles seront suivies par Mr Seitz au Four à Chaux en 1851, de Mr Claude à la Garenne de Maubuisson en 1854 et de Mr Aubin entre autre. Mr Bélier associé à Mr Challant et Quesnel les rachetera dans les années 1870.
D'autres puissantes sociétés comme Renaud et Bernard (La Bonneville), la famille Duru et surtout Civet Pommier seront également exploitants quelques années plus tard.
Ces vides furent par la suite largement transformés en caves champignonnières dont plusieurs styles de cultures sont encore bien représentés.
Cet ensemble comptent à peu près sept carrières, dont certains noms forment aujourd'hui les quartiers du dessus : La Bonneville, le Four à Chaux, Le Bel Air, Saint Paul, les Roches et j'en passe. Tout cet ensemble se rejoint pour former sans nul doute : la plus grande carrière d'Ile-de-France.
Exploitation
Dés l'entrée, la carrière a été consolidée par de larges arches construites par Garnier, car il y a eu un important mouvement de terrain sur la commune en 1892. La date inscrite sur ces arches oscille entre 1894 et 1899. Il y a d'autres arches disséminées dans la carrière, mais aussi dans les autres carrières de la commune, signés de la même personne.
A cet endroit et nulle part ailleurs, les galeries sont numérotées en "Rues", Rue N°1, Rue N°2...
Ces dernières arches datent de 1905, et sont construites par un certain Tetard.
Vue la superficie de la carrière, une large partie de la ville se trouve sous minée et dans des quartiers construits. L'article 552 du Code Civil définit que le propriétaire du dessus est aussi le propriétaire du dessous. Il est donc à la charge du propriétaire d'effectuer les travaux nécessaires de consolidations. En souterrain on retrouve donc beaucoup de travaux de consolidations en piliers de parpaings. Ceux là sont ici pour renforcer la portée des piliers aux alentours ou soutenir le ciel aux endroits instables (fontis).
Il reste encore des vestiges disséminés dont des wagonnets et une portion de rails, et surtout un plan incliné, aujourd'hui bouché qui servait à la sortie des blocs. D'ici une liaison ferroviaire traversait la forêt pour rejoindre la gare.
Ce puits d'extraction est énorme ! C'est l'un des plus beaux que j'ai pu voir, il est issu de l'exploitant Renaud et Bernard. On retrouve plusieurs indication de rues au départ de chaque galeries. Les blocs extraient étaient sortis par ce puits.
A ma connaissance c'est la seule galerie entièrement taillée à la haveuse, cette petite section exclue du réseau est cernée par des effondrements et a très vite été condamnée. Un premier effondrement survenu en 1963 empêche totalement la visite, en le contournant nous arrivons dans une zone qui est totalement bouleversée. La cause est due à un violent glissement de terrain datant de 2001, les piliers sont en sur-pression, tout est en train d'exploser, c'est très chaotique, et nous rappelle le danger immédiat.
En 2003 c'est un énorme fontis qui était apparu en plein bois.
Tout au fond une signature de Napoléon Vossaert carrier que l'on peut retrouver notamment dans la carrière de l'Otan.
Ces sondages sont des tests de pressions, pour mesurer la résistance du pilier. On en retrouve également sur la face adjacente à ce mur.
Curiosités
Les trompettes de Chavenay sont des concrétions qui se forment sur du calcaire où se trouve de la chaux (issue de la désinfection des caves ou éventuellement d'un déchaulage d'une lampe acétylène). Le milieu frais fera le reste.
C'est la seule portion de la carrière qui est noyée, c'est une petite galerie d'une vingtaine de mètres, au fond, il y a bien 2m d'eau, elle arrive presque jusqu'au ciel.
Champignonnières
Au départ, la culture du champignon s'est faites sur des "plates bandes" de larges étendues de terre, où l'on faisait pousser le mycélium. Cependant cette technique a été abandonnée de même que la culture en meules, car les bactéries pouvaient très facilement se propager d'une plate bande à une autre, détruisant ainsi toute une récolte. Il fallait alors désinfecter entièrement la cave, immobilisant par conséquence la production.
Les murs sont donc "chaulés", pour éviter toute propagation de maladies. Pour rappel, on obtient de la chaux par calcination du calcaire.
L'évolution des plates-bandes a été la culture en meules.
Mais le dernier type de culture que l'on retrouve également est la culture en sacs, plus récente.
A plusieurs endroits il reste des vestiges de matériels pour la culture du champignon.
Ces dessins sont l'oeuvre de Roland Spinelli, ancien champignonniste. Ils datent de 1942-1944. Le premier est de 1943, la signature est écrite a l'intérieur d'un cercle qui rappelle le cachet postal. Le second est daté du 19/05/1944. Le troisième est sans doute...le plus représentatif ! Enfin le suivant, sa signature est écrite au dessus d'une étoile filante.
Les deux derniers sont la preuve d'un amour entre Roland Spinelli et Marcelle Chartier, daté sur le second du 19/06/1944. Ces signatures sont les plus marquantes et parlantes pour nous, mais il y en a pleins d'autres de personnes différentes, on peut se douter que les habitants sont venus se réfugier ici pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Encore des champignonnistes, le premier est Peton mais la date en dessous n'est pas bien compréhensive. Est-ce Louis Peton ?
Le second est un champignonniste italien venu signer en 1961.
Le dernier est un très beau dessin représentant un visage.
C828
Il s'agit d'une vaste carrière souterraine de calcaire grossier (lutétien) d'approximativement 16 hectares exploitée par la méthode des piliers tournés.
La masse totale est épaisse d'environ 35m mais seul le banc royal est exploité.
Cette pierre très appréciée est d'excellente qualité de par sa finesse, et son uniformité de teinte blanche. Elle est donc idéale pour la construction.
Elle aurait été ouverte aux alentours de 1845 et exploitée aux origines par Mr Fontaine et Mr Fleuret. La totalité de la pierre est extraite par un énorme puits d'extraction.
La dernière activité de culture de champignons s'est terminée en 1996 mais ces vides furent transformés en champignonnière dés la fin de l'extraction de la pierre, on suppose dans les années 1920-1940. Une autre société spécialisée profita alors du terrain extérieur pour s'installer jusqu'en 2016.
Les premiers quartiers sont exploités en piliers tournés anarchiques.
Les carriers ont beaucoup usés de piliers à bras dans cette carrière, de tailles et formes très souvent inégales.
Des galeries principales ont été tracées et permettent aujourd'hui de rejoindre plusieurs zones de cultures de champignonnière fermées par des cloisons en plâtre ou des zones temporairement vides.
La forme générale de la carrière est très allongée, peu large, la toute dernière partie n'est reliée que par une seule galerie de roulage, c'est la liaison entre deux carrières. Tout au fond se trouve un grand puits d'extraction, ce puits était peut être le démarrage de la première zone d'extraction. Malheureusement peu développée on peut également penser que l'extraction s'est arrêtée rapidement.
On peut voir au bas du puits que les câbles ont frottés et rongés la paroi.
A contrario, il y a au moins une vingtaine de puits d'aération. Ces puits sont souvent placés sur les bords de carrière et permettent l'aérage.
Par endroits on aperçoit très distinctement de la masse en pied ou de la masse en ciel laissée par les carriers.
Sur cette dernière photo les murs sont verts à cause du produit utilisé par les champignonnistes pour désinfecter les caves, une fois que la culture est terminée.
On retrouve aussi à plusieurs endroits des bassins, utilisés par les champignonnistes.
Une belle collection de piliers à bras.
Il reste encore du matériel de champignonniste par endroits dont une chambre froide estampillée à son fronton de sa plaque ou encore ce triporteur garé à l'entrée...qui a malheureusement disparu depuis ma dernière visite, de même que ce bateau et de la cuve à mazout.
A côté se trouve également, les bureaux et vestiaires du personnel, ainsi qu'un quai de chargement. A l'extérieur se trouve la chambre de pasteurisation, une grande halle couverte, et le comptoir d'expédition et de vente.
Malgré la grandeur de la carrière il y a très peu de dessins ou de signatures, mais quel plaisir de retrouver notre "Louis Peton" local, déjà vu dans d'autres carrières, qui a donc également travaillé ici.
C735
Carrière du Pavillon, ou du Buisson du Val dites plus globalement "des chinois".
La carrière d'une superficie de 12 hectares a été exploitée pour le calcaire et a pris fin en 1962. Par la suite une champignonnière s'est installée pour la culture du champignon de Paris en sacs, mais aussi pour la culture du shitaké ou lentin du Chêne. Ce champignon d'origine chinoise (d'où son appellation) poussait sur des rondins de substrat de chêne. A ce moment cette culture était unique en Ile-de-France.
La carrière a été exploitée en piliers tournés classique de 2,5mX2,5m voire un peu plus par endroits, tout comme les galeries qui varient entre 2,5m à 6m de largeur et jusqu'à 4m de hauteur.
Plusieurs secteurs présentent également des hagues et bourrages afin de consolider la portée des vides.
De nombreuses fissures et par la suite des infiltrations parcourent le ciel de carrière, cela peut provoquer la dégradation du ciel et un effondrement dans le pire des cas. Ces réseaux karstiques ne sont pas toujours actifs mais ils sont toujours bien visibles avec l'apparition de concrétions figés dans les galeries.
On peut très facilement voir l'arrêt de l'exploitation, trois galeries de recherche ont été creusées, l'une est traversée par une source, les deux autres longues d'une centaine de mètres, marque la fin du banc de calcaire qui devient poreux et friable et donc non rentable. Dans l'une d'elle les blocs extraits n'ont même pas été sortis et ont été laissés sur place.
Pendant un temps (1984-1985) le Laboratoire des Ponts et Chaussées a engagé une action visant à la compréhension et à l'anticipation de la stabilité des carrières souterraines abandonnées.
Le choix de la carrière s'est vite trouvée : la création d'une déviation routière était en cours à proximité d'une carrière qui avait tous les critères requis, elle a permis d'utiliser les déblais excédentaires afin de pouvoir les stocker en surface et ainsi de provoquer une surcharge sur une zone précise dans la carrière souterraine.
Pour cela un laboratoire souterrain a été installé à proximité du site instrumenté. Cette instrumentation s'est traduite par la pose de capteurs de mesures : des vérins plats pour la variation verticale, d'extensomètres pour les déformations, de repères de nivellement et des convergencemètres. Il reste encore les vestiges de ces vérins et de plusieurs marques sur les piliers audités, quand au laboratoire il est tombé en ruine avec le temps et l'humidité.
C736
Il n'y a que très peu d'informations qui existe sur cette carrière qui tire son nom du lieu dit actuel. Cette carrière était exploitée par Civet, principalement pour le banc franc et sans doute ensuite pour le banc royal.
Exploitée majoritairement à la lance, certains secteurs ont tout de même été repris à la haveuse, comme la galerie de l'entrée.
La carrière a subie un effondrement généralisé, paralysant de ce fait les derniers chantiers du fond. Cependant une seule galerie, en mauvais état, permet toujours de visiter ce secteur qui est pour le moins intéressant. Dans l'un des recoins, encore visible se trouve le dessin de Robert Spinelli, signé RS et daté du 12 Juin 1944, il représente une fresque de cinq prisonniers en habits rayés, type bagnards, portant alternativement pioches ou pelles et enfin un dernier poussant une brouette. Ce dessin particulièrement évoque la dureté du travail.
Bien que peu intéressant les premiers secteurs sont exploités en piliers tournés, mais aussi avec des hagues et parfois des piliers à bras. Ce secteur a semble t'il été utilisé pour de la culture de champignons.
Effectivement, au fond se trouve encore en place tout un chantier de taille, clairement interrompu, où les blocs déjà prêts ne sortiront plus jamais. On peut supposer à ce moment que l'exploitant s'est alors rabattu sur les premières galeries, comme on l'a vu dans la première galerie de l'entrée ou que l'exploitation s'est définitivement arrêtée à ce moment là.
Les blocs sont tous numérotés à la sanguine et équarris aux dimensions voulues, parfois avec des formes plus compliquées. Les blocs sont finis au marteau taillant et à la laye. Les blocs reposent sur des cales qui sont des déchets de taille. Les derniers numéros indiquent 320, cela devait être un grand chantier.
Quel régularité dans ce travail.
Juste à côté le front d'attaque porte encore les traces des futurs découpes au crayon ainsi que les dimensions des blocs à extraire.
C737
Il s'agit d'une grande carrière divisée en trois réseaux distincts reliés entre eux par une galerie de jonction à chaque fois. Ces carrières ont été exploitées par Auguste Quesnel, Mr Kapeler et la société Civet Pommier. On a extrait pendant longtemps uniquement le banc royal puis après le banc franc situé juste au dessus. Les galeries (4,5mX4m) sont taillées dans la masse en suivant la méthode des piliers tournés (4mX4m) mais aussi en hagues et bourrages (dans la partie Quesnel) afin de consolider les artères principales de circulation.
C'est dans cette partie que l'on a exploitée le banc franc.
On peut lire sur cette première citation : L'amour est un fruit qui se dévor mais l'envie d'chier est encore plus fort.
On peut voir sur tout le ciel de carrière, très largement dans cette partie, de belles algues fossilisées.
Est-ce lié à ces algues, que le ciel transpire cette couleur violacée, notamment aux arrêtes de piliers, que l'on a déjà vue par ailleurs dans d'autres carrières en Ile-de-France ? Il semblerait qu'il s'agisse d'une sorte de moisissure.
Ici plus qu'ailleurs les infiltrations sont nombreuses, sans doute à cause de la présence d'un ruisseau en surface, qui est tari selon la période. Ces infiltrations ont été canalisées par les champignonnistes, comme on le verra plus tard, mais elles ont causées aussi bien des problèmes : de nombreuses fissurations dans la roche et une pierre de moins bonne qualité.
Observez le niveau d'eau qui est monté très haut ! Il y a encore quelques années il était impossible de venir par ici. Il faut faire presque un kilomètre pour voir le niveau au plus bas, logique en quelque sorte car il s'agit de l'unique galerie de jonction.
Les piliers sont légèrement plus petits par endroits mais suivent les règles mesurées de 4mX4m.
Une partie de la carrière a été utilisée par la famille Zambléra comme champignonnière, on y retrouve deux types de culture : en meules et en plates bandes. Le reste des caves a été vidée.
Ici aussi se trouvent de nombreuses infiltrations d'eaux, elles ont souvent interrompus les travaux des carriers quand elles ont aidées le travail des champignonnistes par la suite. Une pompe a même était installée pour refouler l'eau dehors vers le ruisseau.
Près d'anciennes entrées effondrées se trouvent de belles arches.
C757
Cette carrière de taille moyenne se divise en deux parties : le Capitaine et le Vivray. Deux grands roulages principaux partent de ces deux cavages et finissent par se rejoindre pour former cet ensemble souterrain. La pierre calcaire a été tirée car elle affleure et qu'elle était assez facile à extraire. Cependant elle est d'assez mauvaise qualité car trop coquillère.
Le peu de recouvrement global, moins de 10m, a forcer les carriers et les champignonnistes à construire de nombreux renforts principalement des piliers à bras dispercés dans toute la carrière. Les premières zones exploitées en hagues et piliers à bras sont assez basses, puis, plus on progresse apparaissent des alignements de piliers tournés et un peu plus de rigueur.
On distingue les vrais piliers à bras faits de blocs de pierre et ceux faits en fûts remplis de béton.
La carrière a servie de champignonnière, il reste dans une partie une petite zone de sacs de cultures, mais sans grand intérêt.
La grande majorité des galeries sont vides mais il est agréable de s'y promener ou de faire une pause.
Plusieurs puits d'aération sont présents dans la carrière dont certains ont été faits avec des panneaux de la forêt se trouvant au dessus. Plus loin on verra un bel exemple de ciel tombé, dés lors on comprend mieux le nombre de consolidations.
C720
Encore visible a l'extérieur, ce broyeur témoigne d'une activité pour la culture du champignon.
Cette carrière a été exploitée principalement en galeries et à très peu d'endroits par piliers tournés, c'est dire si elle est ancienne. Le reste du temps le paysage varie entre piliers tournés et hagues et bourrages. Observez comme à cet endroit en particulier le ciel est magnifiquement taillé et forme des cercles.
Des piliers à bras de toutes les formes.
C724
Alors que l'extérieur semble être en mauvais état, l'intérieur révèle des hauteurs insoupçonnés !
Toutes les caves sont différenciées par ces dessins représentant des animaux.
C508
Carrière se trouvant exactement dans le département voisin mais étant très proche de celui du Val d'Oise. Très petit réseau dont l'intérêt sont ces énormes piliers de soutènement, pour la route qui est au dessus. Il se trouve tout de même une belle niche à l'entrée. Malheureusement à l'écart de toute habitation proche, le site est devenu une vraie déchetterie à l'entrée...
C730
Petite carrière de calcaire dont l'état est assez préoccupant : noircie à cause d'une incendie, les ciels sont fracturés sévèrement et un énorme fontis a percé au jour. Il semble pourtant que l'instabilité fût déjà consolidée avec l'adjonction de ces nombreux "piliers à bras volants" que l'on avait vu précédemment. Une idée qui renforce un peu l'esthétisme déjà bien affaiblie de cette carrière.
C756
Carrière de calcaire redécouverte lors de travaux d'urbanisation récent. Une partie a déjà été amputée sous plusieurs injections et cloisonnée, une autre zone encore visible témoigne d'une carrière assez ancienne doté d'un certain charme grâce notamment à l'ajout de beaux piliers maçonnés et de consolidations soignées, bien plus récentes.
C722
C588
Magnifique consolidations en arches maçonnées et piliers de renfort.
Les piliers à bras "volants".
C767
Petite carrière à moitié à ciel ouvert et en souterrain bien cachée dans la végétation révélant de beaux fontis et de beaux volumes.
Il y a un beau 1874 gravé en haut de ce pilier tourné.