Le Grenoblois
Les principaux gisements de pierre à ciment dans les environs de Grenoble se situent au Nord-Ouest et au Sud de la ville, sur les flancs des grands massifs subalpins septentrionaux de la Chartreuse et du Vercors. Ils sont séparés de part et d'autre par le Drac et plus au Nord par l'Isère. On retrouve également d'autres gisements moins importants au Sud-Est dans le massif de Belledonne et du Valbonnais.
Citons principalement :
- A l'Ouest du Drac, les carrières de Claix et de Seyssinet.
- Au Sud, le long de la Gresse, celles de Vif et du Gua.
- Au Nord, celles de Saint-Martin-Le-Vinoux dans le massif du Rachais, celles de Voreppe, à l'extrémité Sud de la Chartreuse et en plein coeur de la Chartreuse celles de Saint-Laurent-du-Pont et du Sappey.
- Enfin celles du massif de Belledonne notamment à Villard-Saint-Christophe et à l'Est de la Mure au Valbonnais.
La pierre à ciment "parfaitement dosée" se trouve dans les terrains anciens. Ici il s'agit de couches qui se sont formées durant le Jurassique mais à des périodes différentes (au Lias inférieur au Valbonnais, au Rauracien dans la vallée de la Gresse, au Berriasien à Voreppe, à Saint-Martin-le-Vinoux, à Saint-Laurent-du-Pont). En fonction de ces différents gisements et de leur ancienneté le résultat final est un ciment avec des qualités souvent différentes.
Du ciment sous le Jalla
A Grenoble, le filon du Mont-Jalla est découvert en 1827 sur les indications de Vicat et d'Emile Gueymard, ingénieur des mines et premier professeur de géologie à l'université de Grenoble. Il est en charge d'analyser les roches et de vérifier les bonnes proportions de leur composition. Vicat montre ce gisement au colonel du Génie, Felix Breton et lui propose de l'exploiter pour la fortification du Mont-Rachais.
Plusieurs autres gisements sont découverts en périphérie. Comme celui de Grenoble est le premier et de loin le plus important, c'est celui que nous allons traiter plus en détails. Le grenoblois est en effet reconnu pour avoir la plus importante exploitation de ciments naturels en France. Ce gisement est exploité par la puissante société des Ciments de la Porte de France
Elle tire son nom d'une des anciennes portes de la ville de Grenoble édifiée sous Lesdiguières. "Les usines de la Porte de France, créées en 1842 sont les plus anciennes et de beaucoup les plus importantes de l'Isère. Ce sont elles qui ont fait la réputation des ciments de cette région en répandant leurs produits dans le monde entier.". En 1852, la société rassemble deux principales maisons qui s'occupent d'extraire, fabriquer et vendre du ciment. Il s'agit de :
- la maison François Dumollard et Constant Viallet (Grenoble)
- la maison Joseph Arnaud, Vendre et Carrière (Père et fils) (Grenoble)
A partir de 1862 ils sont rejoints par la société Algoud Frères et Dupuy de Bordes, qui possède sa propre usine à Seyssins.
Cette fabrique, fondée par MM. Arnaud et Carrière, est dirigée avec beaucoup d'habileté par M. Vendre (Jean Thomas) maire de Grenoble (1865-1870).
A partir de 1878, ces trois maisons fusionnent sous la raison sociale : Société Générale et unique des ciments de la Porte de France, Delune & Cie à Grenoble.
Après une période de concurrence sauvage, puis d'entente sur les prix, cette exploitation tricéphale d'un filon unique conduit à la création d'un comptoir de vente commun aux trois établissements. Cette Société Delune, du nom de son gérant harmonise désormais les prix, répercute les commandes sur chacune des sociétés, selon un barême préalablement établi et proportionné à son volume moyen de production.
Très peu d'informations sont données quand au démarrage de l'exploitation, on sait juste qu'avant 1830 des carrières sont déjà ouvertes près de la Porte de France, et exploitées à ciel ouvert. Les pierres étaient utilisées pour de la chaux hydraulique et comme chaux grasse. La première tentative d'extraction et de transformation de pierre à ciment aux environs de Grenoble, ne remonte qu'à 1835. C'est Mr. Voisin qui l'entreprit dans les marno-calcaires du Valanginien, à Narbonne, au dessous du Néron.
Le Mont Jalla à 635m, surplombe l'ancien fort "la Bastille" et se trouve être dans la continuité de la formation du Mont Rachais situé à 1050m. Il se trouve au Nord de Grenoble sur la commune de Saint-Martin-le-Vinoux. On pouvait lire de l'exploitation :
L'exploitation du calcaire se fait dans 46 galeries superposées ayant chacune 3,5m de hauteur séparées par des plafonds de même épaisseur, quelques unes dépassent un kilomètre de long.(...) Deux failles à pendage Nord-Ouest de 10 à 20 degrés ont provoqué le glissement de deux tronçons de la montagne du Rachais.(...) L'épaisseur des bancs de marno-calcaires est très régulière et s'est trouvée vérifiée à maintes reprises, aussi bien dans les vieux travaux de la Porte de France que dans ceux des Combes, de Lachal ou de Comboire.
Il n'y a pas seulement une couche homogène mais plusieurs :
- Sur 1,2m d'épaisseur un banc à 78%, c'est la "chaux du mur"
- Sur 1 d'épaisseur un banc à 71%, c'est le "banc n° 3"
- Sur 1,6m d'épaisseur un banc à 76%, c'est le "mur du petit banc"
- Sur 1,4m d'épaisseur un banc à 70%, c'est le "petit banc n° 2"
- Sur 2,6m d'épaisseur un banc à 76%, c'est la "cariotte"
- Sur 3m à 3,5m d'épaisseur un banc à70%, c'est le "gros banc n° 1"
- Sur 1,2m d'épaisseur et situé au dessus du gros banc, c'est le "banc noir"
- Sur 35m s'échelonnent plusieurs bancs de chaux de 80 à 90%, il s'agit du "banc de pierres dures"
- Sur 15m, plusieurs bancs de 68 à 69%, appelés "bancs de pierre tendre"
- Enfin à presque 100m, on tombe sur un banc qui forme le mur de l'exploitation composé de marnes qui ne dépassent pas les 60%, c'est le "banc de pierre argileuse".
Le gros banc et le petit banc sont les deux couches qui donnent du ciment prompt.
Plus en détails, l'exploitation est divisée en niveaux de bas en haut : les Combes, Lachal et la Porte de France. Plusieurs travers-bancs principaux desservent des niveaux stratégiques de sortie du ciment : 680/580, 580/480, 400/320 et 320/250.
L'exploitation est faite en suivant le pendage (direction Nord-Sud) par la méthode des piliers tournés. On exploite la couche en remontant, par paliers de galeries, en laissant une galerie basse comme galerie de circulation. Celle-ci sert de jonction entre le fond et le jour. Le ciment est versé dans des puits de jet (verses), traversant tous les chantiers puis vidés dans des trémies au niveau de cette galerie de circulation pour le chargement des trains. Les produits utilisent la gravité afin de descendre à la galerie de base.
L'accès aux tailles se fait généralement par des descenderies droites, parfois hélicoïdales, pour le passage du personnel et des machines. Ces passages sont taillés dans la couche à proximité, le petit banc.
Le 580 : Un mot sur ce niveau, dont la situation était complètement différente. Les trains étaient évacués directement par un travers-banc depuis une entrée à flanc de montagne. Ce réseau est de loin un réseau complètement à part, par rapport au reste de l'exploitation. Ici les tailles ne sont pas recoupées mais exploitées par la méthode des grandes tailles montantes. Leur largeur est de 10m et exploite toute la couche sur la hauteur en laissant des piliers de 5m de diamètre. Il en résulte des chambres d'exploitations, non pas anarchiques, mais de dimensions phénoménales de plus de 200m. Le taux de défruitement était alors beaucoup plus important, plus instable, mais limité et structuré différemment.
Les Combes représentent la partie basse du gisement, accessoirement c'est celle qui a été le moins exploitée pour le moment. Le gisement est exploité à différents niveaux, du 580 au 400 que l'on appellera les "vieux travaux" et du 400 au 250, la partie moderne. Avec le perçage des TB 320, 400 et 250, cette partie ouvre de nouvelles possibilités à Porte de France, avec l'insistance de progresser vers le Nord, où le gisement s'étend. Elle exploite entre autre le banc pierre-tendre, pierre-argileuse et le ciment prompt. A partir de 1970, Vicat rachète l'entité des Ciments de la Porte de France, dès lors la société va exploiter la carrière jusqu'en 2011.
L'exploitation se fait depuis Saint-Martin-le-Vinoux, en progressant loin dans le Nord jusqu'à Clémencières et la Frette. Le 250 représente l'unique sortie du ciment, c'est le roulage des wagonnets, le 320 est l'accès du personnel et de secours, et le 400 est le carreau principal d'entrée. Le réseau est en progression sur 14 galeries principales nommées G1 à G14. Les galeries s'interconnectent par plusieurs jonctions que ce soit pour les véhicules ou pour le personnel, tandis que le ciment est totalement versé par puits. Celui-ci termine au niveau du 250 où il est stocké et déversé dans des wagons. A la sortie du 250, le carreau est connecté directement à la cimenterie située au 230, il s'agit juste d'une opération de concassage pour le ciment naturel. A la fin du process le ciment est évacué par camions vers la cimenterie de Saint-Egrève.
L'effondrement de 2011
Le 09 Janvier 2011 un effondrement a eu lieu dans la carrière des Combes, à la cote 400. Une galerie s'effondre sur 80m de long et se trouve partiellement endommagée sur 200m. Très exactement deux écoutes sismiques ont été enregistrées et correspondent à l'énergie d'un séisme d'une magnitude de 1,6 sur l'échelle de Richter (SISMALP). Une première secousse est enregistrée à 22h58 pendant plus de 40 secondes (c'est très long), puis une seconde réplique seulement 10 minutes plus tard à 23h07 pendant 20 secondes mais d'une intensité 10 fois plus forte.
Il est très clair qu'il s'agit d'une réaction en chaîne, le premier effondrement (peut être moindre) a sans doute fragilisé l'ensemble se trouvant autour et n'a pas tenu plus de dix minutes avant que la suite ne s'effondre à son tour massivement emportant plusieurs galeries.
Ce "tremblement de terre" comme les habitants l'ont ressenti a provoqué une fissure de plus ou moins 230m en surface (il se trouve un recouvrement d'à peu près 150m en cet endroit). Cette fracture intervient dans l'interface entre le Tithonique et le Berriasien. Un précédent fontis situé à l'affleurement (donc plus haut) est réactivé (agrandissement de la cuvette).
Accentué par l'inclinaison des galeries, le phénomène est ressenti jusqu'au hameau du Mas Caché, quelques 150m plus bas. Plusieurs maisons sont fracturées et endommagées, deux seront évacuées, plusieurs désertées par la suite, certaines routes sont fissurées ainsi que les champs, les jardins, la forêt. Les répercussions sont énormes. Une enquête est menée, et le principal exploitant, Vicat est obligé par décision du préfet de suspendre complètement l'exploitation des Combes.
Deux principales questions sont alors en suspens :
- Qu'est-ce qui a provoqué ce phénomène ? (et va-t'il continuer, s'aggraver ?)
- Pourquoi a-t'il eu lieu ?
Il est impossible de déterminer la raison précise de cet effondrement. Cela était sans doute inévitable. Certains ont avancé l'épisode pluvieux précédant l'événement.
Ces anciennes galeries n'étaient plus en exploitation depuis des années. Comme dans toute exploitation abandonnée, une dégradation se produit inexorablement avec le temps. Même si certains secteurs ont été très fortement défruités, et exploités de manière irrégulière, tous ces facteurs ne font que précipiter l'aléa. Malgré tout, il n'y avait jamais eu d'effondrements de la sorte auparavant, les galeries n'ont jamais été consolidées car elles étaient auto-suffisantes et de tous les rapports des annales des mines, il n'en a jamais été nécessaires. L'exploitation en traçage et taille montante n'est pas non plus en cause, et ne posera que très peu de désordres. Seule une exploitation en piliers tournés, plus fragile, et dont les dimensions doivent impérativement être respectées est plus sensible sur le long terme.
Rassurons-nous qu'aucun bâti n'est sous-miné (dans cette zone), que dans les dernières galeries exploitées, des surveillances ont été mises en place, que l'exploitation a suivi un schéma bien défini pour limiter la propagation d'effondrement.
Cependant il faut aussi bien prendre en compte que ces galeries n'étaient, en majorité, déjà plus accessibles, et sont devenues d'autant plus isolées aujourd'hui.
D'ailleurs depuis cet accident, il n'y a plus aucun accès à ce réseau.
Du Jalla aux Combes
A cette époque, les deux points de sortie du ciment sont situés au 630 et au 480. Ces niveaux représentent respectivement le niveau le plus haut et disons la moitié du gisement. Ils sont très importants mais difficilement accessibles au vu du relief.
A la sortie, deux voies ferrées longeaient alors le coteau de niveau afin de rejoindre un promontoire où était installé un téléphérique, à chaque niveau. En effet seule une installation industrielle de ce type était possible. Par téléphérique, il faut entendre "câbles aérien transporteur et automoteur". Ces installations sont particulièrement bien décrites dans la littérature :
Le 630 : Entre la gare de départ et la gare d'arrivée, la distance verticale est de 310 mètres. Il s'agissait d'établir un câble de 600 mètres sans supports intermédiaires et capable de supporter des charges constantes de 1000 kilogrammes par wagonnet.
On relia la gare supérieure de départ avec la gare inférieure d'arrivée par deux câbles en fil d'acier de 45 millimètres de diamètre, servant de support aux caisses de transport des pierres. Ces câbles furent amarrés dans le rocher à la partie supérieure et enroulés à la partie inférieure, sur de puissants treuils permettant de leur donner à chaque instant la tension nécessaire. On reconnût aussitôt de graves inconvénients à ce système : le câble de retenue dont le poids était de 600 kilogrammes, agissait comme résistance pendant la moitié du chemin et comme moteur pendant l'autre moitié; en outre, sous l'influence de son poids, ce câble prenait une courbe accentuée et assez variable. De là de grandes irrégularités dans le mouvement et des changements brusques de tension dans les câbles de retenue, donnant lieu à de nombreux accidents et à une usure rapide de ces câbles et du frein. Pour remédier à ces inconvénients, on équilibra le câble de retenue en reliant les caisses, à la partie inférieure, par un autre câble semblable au premier et passant sur une poulie inclinée placée à la station d'arrivée. On assura la régularité de la tension dans ce câble sans fin, qui avait ainsi une longueur de 1200 mètres, en montant la poulie inférieure sur un wagonnet tendeur à quatre roues, suffisamment chargé, qui monte ou qui descend sur un plan incliné de 20 mètres de long, suivant que la tension augmente ou diminue. On obtint ainsi un équilibre constant des deux brins du câble de retenue et une tension invariable, avantages d'où résultèrent un travail régulier du frein, une douceur de marche parfaite et une grande précision dans l'arrivée des caisses.
La vitesse du mouvement est d'environ 6 mètres par seconde; l'ascension de la caisse se fait en une minute et demie; le voyage complet comprenant chargement et déchargement dure 3 minutes. Cette installation permet une exploitation de 120 000 à 150 000 kilogrammes par journée de 12 heures. (...) Le système que nous venons de décrire fût installé en 1874 par la maison Brenier et Cie de Grenoble; depuis lors il n'a cessé de fonctionner avec une grande régularité. Dès 1875 les premiers résultats étaient suffisamment satisfaisants pour que MM Dumolard et Viallet en fissent établir tout à côté un second entièrement semblable, afin de subvenir aux besoins de leur exploitation.
A la gare d'arrivée, au point d'attache inférieure du câble, les pierres sont encore loin des fours; elles y arrivent par un puits vertical de 90 mètres de hauteur et tombent dans les wagonnets qui les conduisent par une galerie de 400 mètres dans 47 fours, d'une capacité moyenne de 80 mètres cubes, qui cuisent sans arrêt le précieux calcaire.
Le 480 Au-dessous de cet établissement, se trouve celui de MM. Arnaud, Vendre et Carrière, qui comprend 18 galeries. Au sortir de la galerie principale, les wagonnets suivent une voie d'environ 500 mètres, continuée par un câble aérien automoteur établi suivant les mêmes dispositions générales, que les câbles de MM. Dumolard et Viallet; cette installation diffère surtout de la première par l'importance, la portée du câble n'étant ici que de 300 mètres.
Au bas de la station, le ciment était alors chargé dans des camions vers la cimenterie. Puis, quand ce téléphérique fut arrêté, on continua la voie de roulage extérieure existante pour rejoindre le bord de falaise et on versait directement la pierre à ciment dans un puits rampant, oblique couché suivant la pente, qui tombait de nouveau dans un autre puits vertical cette fois et qui débouchait dans une galerie au niveau du 320. De là les wagonnets étaient chargés et allaient directement verser au pied de la voie, au niveau du premier téléphérique où le ciment rejoignait le circuit de la cimenterie. Par la suite l'ouverture du 320 fut mise en relation avec évidence, avec ce puits de verse.
Ciel ouvert
A ciel ouvert on se rend mieux compte du pendage et du nombre de couches de pierres.
630
Depuis la montée nous avons un panorama formidable sur le Néron, et sur toute la vallée de l'Isère avec au coeur l'agglomération grenobloise. En contrebas on admirera la Bastille.
Difficile de reconnaître le bâtiment actuel, au vu de son état de ruines.
Non photographié, la pierre à ciment était basculée sur cinq rampes avant d'être chargée dans les caisses de chargement (manuellement ?).
...Et sans surprise, voici le promontoire d'arrivée.
La première photo montre l'aspect général du puits de vidage, les deux suivantes montrent l'emplacement de vidange des bennes venant du 630.
Cette voie de niveau récoltait également les pierres venant du 480 et par la suite du 320. Les wagons étaient vidés par cette grille et le contenu rejoignait le puits central où les bennes venant du 630 étaient également vidées, visible sur la vue plongeante précédente.
Ce puits donnait par la suite dans le quartier de Pierre Tendre.
480
La voie qui longeait le coteau enjambait cette partie en aérien afin que la voie soit la plus droite possible. Seules les piles du pont sont encore visibles.
Depuis le promontoire on aperçoit, très discrètement, la station de départ du Mont-Jalla.
Situé avant le promontoire, voici le puits incliné, il suit l'inclinaison de la pente avant de terminer sa course dans un puits vertical.
Qui était récolté un peu plus bas au moyen d'une trémie. La galerie mesurait très exactement le nombre de wagons que pouvait comprendre un train complet. Les wagons étaient chargés au fur et à mesure du vidage de la trémie.
Autre
Cette galerie servait uniquement à vider les pierres vers un niveau plus bas, sans doute pour rejoindre le 330 et le bas du téléphérique du Mont-Jalla.
L'utilité de cette courte galerie servait, sans doute, à vider les pierres vers le niveau 230.
Ciments S
La carrière ne présente strictement aucun intérêt.
Porte de France
De cette usine, il ne reste que les fours de cuisson. Voici ce que l'on pouvait lire de cette usine :
Ces fours de forme ovoïde ont une capacité moyenne de 60 mètres cubes. Ils peuvent être mis à volonté à feu continu ou à feu intermittent. Le chargement s'opère par couches alternatives de pierres et d'anthracite dans la proportion d'environ 250 kilogrammes d'anthracite du bassin de la Mure par 1000 kilogrammes de pierre crue pour le ciment lent, et 180 kilogrammes de poussière d'anthracite par 1000 kilogrammes de pierre crue pour le prompt.
La durée de la cuisson est essentiellement variable; elle dépend de la dimension des fours, de la grosseur des matériaux, des conditions atmosphériques, et surtout de l'existence et des cheminées d'appel.(...) Au défournement, on trouve deux sortes de produits ayant sensiblement la même composition chimique et ne présentant de différence que par le degré de cuisson. Ce sont :
- Les pierres sur-cuites vitrifiées, de couleur noire, d'une grande densité, donnant le ciment Portland naturel de la Porte de France, et employées aussi à la fabrication du ciment artificiel.
- Les pierres cuites, mais n'ayant pas éprouvé de sur-cuisson, de couleur jaunâtre, de densité bien inférieure à celle des précédentes donnant le ciment prompt de la Porte de France.
Genevrey-de-Vif
Joseph Vicat (le fils de Louis) se lance dans la fabrication du ciment en utilisant les connaissances de son père. Il exploite la carrière de Champrond qui est située à Vif, le long de la Gresse. C'est donc dans la commune de Vif, au Genevrey qu'il installe sur la rive opposée, ses premiers fours de cuisson en 1853 sous la dénomination société Vicat. Il s'agit de fours dits "biberons", on les nomme ainsi à cause de leur forme. En 1857 il fait construire une usine complète pour la fabrication du ciment artificiel avec la mise au point de la méthode de double cuisson (ou voie sèche) qui permet de créer un produit homogène.
En 1867 il fonde alors la société en nom collectif Joseph Vicat et Cie. A partir de 1909, les fours biberons sont arrêtés au profit de fours plus modernes. Constamment modernisée, l'usine ferme en 1976 au profit des cimenteries de Voreppe et Saint Egrève.
La Pérelle
Ce gisement, découvert en 1872 par des géologues, permettrait de produire du ciment prompt d'excellente qualité. Pendant deux ans Joseph Vicat produit du ciment à l'aide d'un four situé à Saint-Laurent-du-Pont, puis quand il est assuré de la qualité, il fonde en 1875 l'usine de la Pérelle.
Le gisement est exploité dans versant de la vallée du Guiers-Mort, sur la route entre Saint-Laurent-du-Pont et Saint Pierre-de-Chartreuse. Il s'agit en fait du prolongement des couches du Berriasien que l'on trouve déjà à Grenoble, celles-ci s'enfoncent dans le massif de la Chartreuse et jusque dans les Bauges.
L'usine exploite d'abord le massif en rive gauche à la Currière, puis à l'Orcière en rive droite, où l'exploitation continue toujours aujourd'hui. Elle produit du ciment prompt de "la Grande Chartreuse" et du ciment Portland.
Voici ce que l'on pouvait lire sur l'exploitation de la carrière :
Le banc exploité appartient au terrain néocomien; il a une couleur d'un noir bleu. La pierre fraîchement cassée laisse échapper une odeur bitumineuse. Le banc a trois mètres d'épaisseur; il est incliné à 45° sur l'horizontale. Entre le toit et le mur se trouve un fil argileux à distance constante du mur. Ce fil sert à trouver les limites du banc à exploiter.
Il y a vingt-deux galeries horizontales de 3m50 de hauteur; les murs de séparation de ces galeries ont également 3m50 d'épaisseur. Les galeries sont réunies entre elles par des cheminées de 2m50 de largeur espacées de 60 mètres en moyenne. Un plan incliné automoteur à contrepoids dessert directement toutes les galeries et amène les wagonnets sur la voie inférieure qui aboutit aux fours. Un chemin de fer à voie de 0,80cm, d'un kilomètre de longueur, avec une pente de 4 millimètres par mètre et des courbes de 15 mètres de rayon, relie la carrière aux fours.
Et concernant l'usine :
Ciment Prompt : La pierre est préalablement concassée sur la plate-forme des fours. Il y a 3 fours ovoïdes de 7m50 à 8m50 de hauteur. Au gueulard se trouve une fermeture en tôle de forme conique. Une gaine de fumée relie chaque four à une cheminée centrale. On règle le tirage en ouvrant ou en fermant complètement le couvercle en tôle.
La pierre est mélangée avec l'anthracite de la Mure à raison de 10% de combustible en poids. La durée de la cuisson est de trois jours. Le tirage se fait par des aiguilles qu'on enlève de la grille inférieure, de manière à faire couler les pierres de telle ou telle partie du four. Chaque jour on extrait du four 10 à 12 tonnes de ciment.
Ciment Portland : Pour le Portland, on ne prend que les fragments de grosseur moyenne et régulière pour avoir un meilleur tirage. Egalement, le charbon est employé en morceaux d'une certaine grosseur. Il y a sept fours de même forme que ceux du ciment prompt. Ils sont à feu intermittent. La cuisson dure trois semaines environ, réparties de la manière suivante : deux semaines pour la cuisson proprement dite dans le four, et une semaine pour le chargement et la mise en feu. Chaque four est surmonté d'une cheminée.
Source : Revue Technique de l'exposition Universelle de 1889
Le personnel accède à la carrière par une piste qui les conduit à l'entrée dédiée pour les véhicules située presque 200m plus haut. L'entrée du bas sert uniquement au train et à l'acheminement des pierres vers la cimenterie. Enfin tout en haut de la montagne se trouve la bouche d'aération, pour l'aérage des chantiers. L'exploitation s'étale sur toute la hauteur de la montagne
La voie ferrée traverse la route puis sinue un tracé le long de la falaise jusqu'à l'usine.
Les wagonnets sont vidés dans des trémies.
Et ici il s'agit de l'installation de concassage.
Ciments G
Voici un aspect général des galeries rencontrées. On observe tout de suite l'inclinaison et la taille du banc exploité. Les galeries sont sabrées dans la montagne.
Plus nous montons, plus les bancs sont recourbés à la verticale.
Les lieux ont déjà été fréquentés par la SGA. Juste à côté on nous indique un restaurant dans la 5ème galerie !
Au bout de chaque galerie, à plusieurs niveaux différents, nous buttons sur des effondrements, la galerie a été emportée et il n'est plus possible d'avancer. A ces endroits il règne un sentiment de grand vide et d'un immense fracas qu'il est difficile de retranscrire en photo.
Voici les niveaux les plus hauts, il n'a pas été possible de monter davantage. Bien que ce ne soit pas très visible, la pierre change radicalement de couleur : elle devient très foncée et prend des teintes violettes.
Il reste très peu de vestiges mais ceux-là sont plutôt bien conservés.
Nous rejoignons à présent la galerie principale, celle-ci est bien consolidée mais des deux côtés, elle a été emportée et s'est effondrée.
Dans ce monde sauvage et brutal, la vie renaît doucement, c'est le mot de la fin.
C'est la même galerie vue précédemment.
Uniquement à cet endroit, et sans que l'on ne sache exactement pourquoi, les pierres venant des galeries du bas sont remontées par ce puits, qui débouchait en extérieur.
A mon sens ce sont les plus belles galeries : hautes, propres et tellement esthétiques. Cet aspect lisse est dû à un miroir de faille.
La montée des tailles se fait par le petit banc, qui se trouve à proximité du gros banc mais n'excède pas les 2m de largeur. En fin de chaque jonction se trouve généralement un puits de verse, qui traverse la totalité des niveaux. Les pierres sont versées à chaque étage par un trou donnant dans ce puits.
Il n'y a plus moyen de continuer la visite, cet effondrement bloque plusieurs niveaux. Certaines galeries sont en cours d'effondrement, au mur, les plaques se décollent par mètres.
La conséquence de ces effondrements, nous permet par contre de visualiser une coupe de plusieurs niveaux et par extension le schéma de progression d'une taille, ce qui est impossible en temps normal. Les galeries sont situées les unes au-dessus des autres et légèrement décalées pour suivre le pendage du banc. Le recouvrement n'est pas toujours aussi important qu'il le faudrait, on peut remarquer également ce qui est déjà tombé au niveau du sol de galerie.
Cette impression plutôt documentaire n'en est pas moins effrayante quand à la fragilité de ces galeries, ce genre d'effondrement est très dangereux car il résulte d'une réaction en chaîne auto destructrice sur plusieurs niveaux.
La galerie n'excède pas la centaine de mètres. Située plus bas, la taille est plus évasée et plus haute.
Tout juste à l'entrée, se trouvent deux laboratoires face à face. Le premier comporte des bacs en ciments et des étagères, on aperçoit encore les numéros peints au mur. On y trouve également des creusets. Dans le suivant, la pièce est plus grande et accueille une imposante table ainsi que des rangements moulés et des étagères au style légèrement art déco. Dans la pièce se trouvent plusieurs fûts de carbure mais aussi une impressionnante quantité de fioles de toutes les tailles. Ce laboratoire servait sans doute à contrôler la composition du ciment.
La galerie de circulation zigzague un peu avant d'arriver dans un premier chantier sur deux niveaux.
Vers la moitié, nous tombons sur une première série de trémies, très fortement consolidées avec des arches d'un fort esthétisme. Le style change un peu avec l'époque. A l'étage se trouvent d'autres trémies, mais elles sont partiellement ensevelies.
En allant vers le fond, l'état des galeries se dégrade sérieusement, mais celles-ci sont beaucoup plus petites. Il n'y a rien de plus à voir cela se termine dans le tithonique. Certaines ne sont que des galeries de recherche.
C273-92
Il s'agit d'une grande exploitation, typique de la région et assez moderne. Il reste suffisamment de matériel, témoin d'une activité industrielle dense dans l'exploitation des carrières. Une galerie principale dessert des quartiers d'exploitation de part et d'autre en remontant (Est) ou en descendant (Ouest). Des perpendiculaires à la galerie de roulage sont tracées puis recoupées par des tailles qui suivent le pendage (30° O) du banc. Les pierres sont alors évacuées par gravité ou remontées par des funiculaires, qui restent assez uniques à ce réseau.
Il reste divers vestiges éparpillés dans plusieurs galeries dont ce scrapper.
La galerie de roulage devient de plus en plus méconnaissable.
L'indication S-S n'indiquait pas la partie Sud (qui est en fait au Nord) comme nous le pensions, mais plutôt la sortie de secours.
Nous ne tardons pas à tomber sur le grand funiculaire. Celui-ci est presque détruit à la suite de plusieurs effondrements. Ce plan incliné servait à la remontée des pierres, il se compose d'un escalier pour le personnel et au trois quart d'un rail central. En haut sous la construction se trouve alors un treuil qui permet de remonter les wagonnets. A cet endroit nous sommes à peu près au centre de la carrière, l'exploitation remonte sur une bonne vingtaine de galeries formant les anciens travaux, et se poursuivait vers le bas via ce funiculaire. Aujourd'hui, six galeries plus bas, il plonge dans l'eau.
Nous contournons la galerie principale (qui est le gros banc, exploitée sur 3m) par une galerie en meilleur état, moins haute, il s'agit en fait du petit banc (la seconde couche exploitée, moins épaisse : 1,5m) situé à quelques mètres d'écart.
Nous arrivons par ces galeries de chargement qui nous font revenir sur la galerie principale. Ces "garages" surmontées de voûtes semblaient servir de chargement. Des trappes situées au dessus permettaient de verser la pierre dans les wagonnets qui stationnaient en dessous.
Nous trouvons cette poudrière, est positionnée en retrait dans la carrière mais alimentée directement par une galerie en travers banc qui rejoignait l'extérieur. Un châssis porteur permettait d'acheminer les explosifs jusqu'ici. Malheureusement au bout c'est muré.
Nous finissons par arriver sur le second funiculaire qui se trouve être plus petit mais en meilleur état.
Le bâtiment du haut accueille des plots de fondation en béton où se situait vraisemblablement le treuil. Le funiculaire diffère de celui vu précédemment, l'escalier se situe à gauche et au centre une voie ferrée flanquée, de ses deux côtés d'un radier tout en béton supportant également des rails mais d'une largeur beaucoup plus importante.
A chaque niveau se trouve des quais maçonnés en béton, qui viennent alimenter le funiculaire en pierres. On peut supposer qu'un wagonnet spécial épousant la forme de la pente était utilisé.
Seule la galerie du funiculaire plonge plus profondément dans le noyage. La dernière galerie encore accessible et visible, a déjà les pieds dans l'eau et possède encore le visuel de sa voie ferrée. Les niveaux aux alentours représentent un véritable damier de galeries en piliers tournés.
En continuant encore un peu la galerie principale, il est encore possible de rejoindre "le trou soufflant" qui pouvait être une jonction vers le réseau Nord. Celui-ci semblait être accessible par les niveaux inférieurs, mais aujourd'hui tout semble effondré. Un fort courant d'air s'en échappe sans trop savoir d'où il vient, il semble se perdre plus loin dans un effondrement.
Nous revenons en arrière, situées près du premier funiculaire se trouvent de belles consolidations en pierres sèches voûtées qui soutiennent encore difficilement cette grande salle. Entre deux visites, l'endroit n'a que peu changé, mais cela ne durera pas éternellement.
Près des premiers quartiers situées tout en bas des tailles, se trouvent encore des quais de chargements. Les wagonnets étaient chargés puis orientés par une plaque tournante avant de reprendre le roulage. Ensuite je suppose que les pierres étaient soient remontées par l'un des funiculaires, soit vidées dans des puits et sorties par le réseau du Nord ?
Nous rejoignons le réseau du Nord. Les premières galeries sont très semblables, les galeries sont larges, hautes et dans le même état. Ici plus qu'ailleurs, en prenant le temps d'écouter cela n'arrête pas de tomber, les différents courants d'air qui circulent n'aidant pas à la stabilité.
La vraie particularité ce sont ces escaliers encore plus ou moins visibles qui serpentent et remontent dans le haut des tailles.
Que se soit sur la galerie principale ou dans les niveaux inférieurs nous trouvons des chargements par trémies. Cette première trémie semble avoir été obturée et sert maintenant de consolidation.
Nous trouvons également les ruines d'un petit funiculaire à moitié enseveli, mais celui-ci est bouché au fond, il n'y a rien d'autre de visible. Notons tout de même que les pierres étaient évacuées par plusieurs sorties à des niveaux différents vers des fours situés tout proches.
Nous trouvons ce petit local électrique, lui aussi en mauvais état.
A partir de là, il n'y a plus de tailles sur les côtés, uniquement une galerie sinueuse sur plus ou moins 2 kilomètres La galerie est encore équipée de rails et plus loin d'un reste de châssis.
Une première bifurcation amène dans cette petite salle où se trouvent un réservoir d'air comprimé, une trémie et cette cheminée accompagnée d'un fort courant d'air. Il est possible que ce puits puisse rejoindre un des niveaux inférieurs de la partie Sud.
En revenant et continuant la galerie principale, celle-ci s'arrête brusquement sur un front de taille. Retour à la case départ et sortie !
C274
Dans la région, il s'agit d'une des premières carrières de ciment qui ait été ouverte. L'exploitation est très ancienne, elle se fait dans l'Oxfordien. On a reconnu jusqu'à six couches de calcaires marneux moyens, dont la couleur varie en fonction de la proportion d'argile d'un noir clair à foncé. Mais seules trois couches sont en exploitation, les plus rentables.
On pénètre dans la carrière par un travers-banc qui est partiellement consolidé de béton puis nous débouchons dans une galerie d'orientation Nord-Sud qui suit le pendage des couches sur plusieurs kilomètres. Peu d'étages sont encore accessibles depuis le bas, d'autres le sont par des entrées supérieures mais se connectent plus difficilement.
Dés le début nous tombons sur ces signatures, datées de 1930. Nous listons Luigi, Francescat, Alphonse, Bole, Crichon, Rok et Trignat. Nous retrouverons ce Trignat plus loin. Nous lisons également Despierre Adolphe, Despierre Pierre (Août 1930) et Antoine (Avril 1930)
Sans doute liée à l'exploitation qui très ancienne, la galerie de roulage est parsemée de trémies. Certaines d'entre elles sont équipées d'escaliers droits ou en presque colimaçon. Si on a souvent vu des trémies à fermetures métalliques celles-ci sont en bois et relativement bien conservées. L'ouvrier montait grâce à l'escalier, et retirait les planches de bois qui obstruaient l'ouverture. On note également que deux poutrelles en bois s'appuient sur la paroi opposée, sans doute pour consolider l'édifice.
Nous poursuivons jusqu'au fond où la galerie s'arrête mais redonne sur un travers banc vers une autre sortie.
Ce travers-banc est muré à sa sortie, l'eau s'y accumule, si au départ c'est assez esthétique plus nous progressons et plus l'eau monte, nous nous arrêtons peut être vers la moitié, car nous avons déjà de l'eau jusqu'à la taille, tandis que l'appareil émerge tout juste de l'eau !
Nous revenons au sec vers l'intersection de l'entrée et allons nous diriger vers la galerie Nord. Nous trouverons le lac méphitique qui est effectivement inquiétant et à l'allure désagréable puis visiterons les niveaux supérieurs, trouverons une belle trémie concrétionnée ainsi qu'une trémie double (ci-dessous).
C275
L'exploitation, très ancienne a été menée d'abord en souterrain pour se terminer à ciel ouvert. Les couches sont inclinées à 45° vers le Nord-Ouest et présentent des bancs assez homogènes en composition.
Une belle vue sur la carrière à ciel ouvert permet d'apercevoir le synclinal des couches de l'Argovien.
Le carrier Fernand Trignat a laissé plusieurs fois sa signature.
L'entrée inondée donne dans une petite partie de réseau qui n'est pas vraiment intéressante.
Voici le niveau supérieur.
C298
C299
L'accès vers le niveau inférieur est particulièrement difficile et débouche au niveau de la galerie de circulation qui est aujourd'hui partiellement inondée, de 1m d'eau voire davantage, bon courage !
Notez que ce dernier escalier, tout en bois est bien conservé grâce à ses concrétions.
C277
Il s'agit d'une petite carrière, exploitée pendant 60 ans tout de même mais qui ne présente que très peu d'intérêt aujourd'hui. La visite est donc vite faite. Au niveau 0 le fond se termine en petites galeries tortueuses qui s'arrêtent sur des fronts de taille. Dans la galerie principale nous retrouvons quelques trémies qui reçoivent les pierres des niveaux supérieurs, mais ceux-là sont aujourd'hui inaccessibles. Enfin il est possible d'aller dans les niveaux inférieurs jusqu'au -3 ensuite c'est sous l'eau. Là le paysage diffère, les galeries sont larges et hautes, mais tout est en état d'effondrement, la progression est rendue difficile à cause de nombreux blocs tombés au sol, au fond de ces galeries il n'y a rien du tout.
C300
Il s'agit d'une grande carrière qui a exploité le ciment prompt durant près d'un siècle. L'esthétisme et la richesse du matériel encore présent rend cette carrière forte intéressante, car elle semble avoir été figée dans le temps. Au point de vue du cheminement, nous longeons une galerie principale qui nous amène assez loin dans la montagne, mais contrairement à d'autres exploitations, peu de tailles sont visibles, car complètement effondrées dû à l'ancienneté des travaux. A noter qu'ici les couches sont inversement orientées, c'est à dire Sud-Ouest à 50°.
Dès le début il reste du matériel. Notez que ces trémies ont les dents pointues !
Et puis la présence de deux trains de wagonnets, vides, retournant vers le fond. Il est devenu tellement rare d'en voir autant, figés de la sorte. Notez que les galeries ont pile-poil la bonne largeur pour le passage de ces wagonnets.
La galerie principale est consolidée à plusieurs endroits par de remarquables arches tout en ciment ou avec des pierres sèches.
Voici une vue classique d'une galerie avec son pendage, ca sera la seule d'ailleurs ! La galerie n'est pas très large, mais bien marquée par le pendage (cela se voit moins avec le nombre de blocs déjà au sol)
Nous trouvons sans difficulté un treuil à double tambour recroquevillé dans son emplacement, au milieu d'un chaos de pierres. On remarque que la pièce a été entièrement badigeonnée d'une substance de couleur beige qui ne s'émiette pas. Ce treuil devait servir pour un funiculaire, mais il ne reste plus rien de visible. Juste à côté se trouve une sorte d'atelier avec un wagon retourné.
Nous allons toujours plus loin, la galerie est fortement consolidée par endroits. Il y a des trémies dans chaque recoin qui récoltent le fruit des travaux supérieurs.
Nous trouvons ce quai de chargement et, à côté, ce stock de traverses métalliques. C'est près du fond.
En revenant nous tombons sur cette galerie avec un alignement de trémies. Quelques tailles sont accessibles par ici, encore équipée de voie ferrée. Sans insister davantage, il n'y a plus que cinq niveaux de visibles sur les neuf d'il y a quelques années.
Les dernières photos sont consacrées à tout le bric à brac qui traîne vers l'entrée : des châssis, des plaques tournantes, des fleurets, des rails, des wagonnets...
C880
Ces carrières de pierres à ciment et de chaux s'ouvrent dans l'Argovien et Séquanien (Lusitanien), et correspondent à ce que l'on appelle aujourd'hui l'Oxfordien.
Le ciment a été exploité uniquement en souterrain et la chaux, à ciel ouvert.
Les bancs de pierre à ciment ont un pendage moyen de 65° vers l'Est et une direction de 20° Nord-Est. La pierre contient entre 25 et 30% d'argile. La carrière se développe sur plusieurs niveaux : à l'étage 0 deux galeries principales parallèles ont exploitées une première couche, puis une seconde à quelques dizaines de mètres d'intervalle. Au premier niveau au dessus, deux autres galeries à peu près parallèles à celles du dessous, s'étagent sur un niveau en hauteur sur une longueur de plus ou moins 1km. Le tracé des galeries n'est pas parfait et a suivi la couche en profondeur. Enfin il existe une troisième galerie plus petite, se trouvant à l'étage supérieur et non connecté au premier.
On peut lire que cette carrière était en exploitation entre 1830 et 1944.
En contrebas de la montagne, une usine se chargeait du traitement des produits descendus d'abord par une voie étroite puis ensuite par un télébenne. Cette usine fonctionna entre autre de 1885 à 1947.
Voici un aspect des premières galeries au niveau +1. Il reste encore au sol les vestiges des voies ferrées. Et plus loin dans le calcaire gris, les fossiles d'ammonites.
Voici une vision du niveau supérieur +2, très peu accessible, et du pendage de la couche. A de nombreux endroits, les galeries se sont effondrées ou sont aujourd'hui en très mauvais état.
Cette échelle permet la translation du niveau 0 au +1.
En bas, au niveau 0, un barrage avait été installé afin de retenir toutes les eaux de ruissellement. Aujourd'hui elle est sèche, mais par moment, c'est de nouveau bien rempli. Plus loin il reste encore quelques flaques. D'ailleurs le niveau est bien marqué sur les parois.
Cet étage supérieur est déconnecté du reste de la carrière, et donne donc dans un niveau supérieur. Cette portion de réseau est nettement plus petite. En extérieur, il est encore appréciable d'observer les vestiges d'un treuil dont il reste uniquement les molettes, pour la montée et descente des wagonnets.
Ce vaste site est positionné dans un anticlinal (Est-Ouest) comportant des couches de marnes et reposant sur un socle calcaire du Jurassique. Les carrières s'ouvrent dans le Berriasien, représentant la "couche à ciment". Cette couche homogène est épaisse de 12 à 13m à peu près partout, les marnes ont une couleur bleu noire et contiennent 24 à 25% d'argile. Elle est surmontée par des couches de calcaires argileux plus ou moins abondantes de qualité différente. Ces carrières sont exploitées d'abord en souterrain puis, vers la moitié du 20ème siècle, elles deviennent uniquement à ciel ouvert.
Déjà bien étudiée, une usine est installée sur ce site à partir de 1872 et perdurera jusqu'au début des années 1990. Elle fabriquait principalement du ciment prompt et du ciment portland.
C538
Le travers-banc d'entrée est solidement conforté par plusieurs arches en béton et tunnel voûté, celui-ci est fermé par un portail de toute beauté qui en bloque l'accès.
Cela nous amène au coeur de la carrière, dans les premières tailles. On comprend alors tout cet effort de consolidation, l'endroit est en mauvais état et aujourd'hui assez restreint. La montée des tailles est fatigante et ne révèle rien de plus, à part une dangerosité plus importante. Les piliers tournés s'écrasent sous la pression et la diminution du recouvrement.
Il subsiste encore, après notre nettoyage, l'escalier de montée qui malheureusement disparaît sous les gravats après deux niveaux.
Voici l'une des plus belles trémies qui soit encore suffisamment visible, elle montre sa perfection de construction, avec escalier incorporé de chaque côté (ok, on ne les voit plus beaucoup) et fond de verse et abords en pierres maçonnées. Le bas de la trémie déborde sur le milieu de la galerie par un oeil de jet, également en pierres maçonnées. C'est fort esthétique.
C539
L'entrée magnifiquement consolidée est une suite de six arches imposantes composées de pierres maçonnées sur un pied-droit en béton.
Bien que la carrière soit exploitée dans des volumes plus importants, une partie est aujourd'hui complètement effondrée. Il ne reste plus aucune galerie libre, et il est très difficile de se frayer un chemin dans ce vaste pierrier.
Malgré tout, quelques arches se découvrent et également ce magnifique pilier en pierres maçonnées. Plus loin se trouve d'anciens wagonnets, en train de disparaître dans les effondrements et s'enfonçant inexorablement dans cette retenue d'eau.
C540
Très petite carrière sur trois niveaux, dont la galerie 0 rejoint une ancienne entrée. Plus loin les niveaux sont partiellement inaccessibles, les galeries ont été emportées et on est directement dans la pente. Ce réseau n'a que peu d'intérêt, la seule curiosité que nous voyons est le ruisseau qui "passe" directement dans la carrière, et qui en cas de fortes pluies devient assez impressionnant !
C541
Voici une bonne idée de ce que représente le premier niveau d'entrée, s'étalant sur trois niveaux supérieurs à partir du fond. Le travers-banc daté du 1er Décembre 1929, long d'une centaine de mètres nous permet d'arriver rapidement dans ce réseau assez petit mais joli. On remarque tout de suite que le pendage est beaucoup moins marqué que précédemment, ceci est dû à la position relativement basse de la carrière.
L'accès au niveau inférieur n'est aujourd'hui possible que par un fontis qui a percé le niveau supérieur, la taille est plus ou moins 6m plus bas !
Le niveau inférieur donne accès à une partie tout en longueur où s'étendent tout de même trois niveaux de piliers tournés et l'ancienne entrée, aujourd'hui effondrée. Tout comme au niveau supérieur les concrétions donnent de la couleur à ce niveau un peu morne.
Nous découvrons également deux belles trémies sur leur mur porteur surmontées par de belles arches, c'est bien la première fois que nous voyons ca, cela donne un certain cachet.
C537
Ceci est un peu différent, il ne s'agit pas d'une carrière mais d'un tunnel de jonction entre un site d'extraction et un site de production. Plus tard, ces deux sites seront modernisés l'un restera un site de production et quant à l'autre il ne servira plus que de broyage et de stockage pour le ciment.
On passe de trois à quatre rails (espacement de 55cm) afin de permettre le croisement au milieu du plan incliné. Ailleurs ce n'était pas nécéssaire, ce qui permettait l'économie d'un rail.
Au départ le tunnel est incliné de 10%, puis rejoint un plan horizontal et à peu près droit. L'ensemble est long de 3 kilomètres au total (deux sections de 1500m).
Ce funiculaire est tracté par un treuil encore visible en extérieur, au sol. Bien concrétionnées, sont toujours visibles les poulies de renvoie du câble.
Finalement la galerie repasse en voie unique, consolidée tout en béton avec caniveau. C'est joli mais vite monotone, seul le plafond change, alternant béton voûté ou tôle métallique, à vous de choisir ! Finalement plus loin, une première bifurcation, donne vers une sortie mais celle-ci est partiellement inondée et quant à l'autre elle rejoint le garage à locos et les trémies de déchargement.
Quelques locomotives (type boite à sel) sont encore stationnées là avec un wagon de transport du personnel et ceux pour le ciment.
D'ici les wagons-trémies déchargeaient le ciment via une grille située sous la voie.
Mais revenons en bas du plan incliné, une galerie repart dans la direction d'origine mais en gardant un axe horizontal. Au bout d'un bon kilomètre, nous arrivons en fond de galerie où se situe un peu avant une série de trémies. Il s'agit en fait d'un puits remontant de 12m de diamètre et haut de 140m servant de silo de stockage. Celui-ci se trouvant juste au dessus et débouchant non loin de l'entrée du tunnel. Par soucis de rentabilité, le plan incliné n'était plus utilisé : depuis la surface on versait le clinker directement dans ce puits, il était ensuite transporté par wagon pour être stocké à la cimenterie.
C182-83
Il s'agit de carrières exploitées d'abord pour la chaux puis pour la fabrication de ciment. La pierre, plus vieille, est issue des calcaires (50 à 95%) du Jurassique de couleur gris ou blanc-jaune plus ou moins argileuse (5 à 10%), s'étendant en bancs massifs de 15 et 20m de haut, avant de disparaître.
L'exploitation de ces carrières débutent au début de la Première Guerre Mondiale, après leur découverte quatre ans auparavant. Une usine comprenant plusieurs fours est crée, elle traite le calcaire pour la fabrication de la chaux hydraulique. L'extraction atteint à peu près 150 000 tonnes par an. Il faut attendre la moitié du 20ème siècle pour qu'une cimenterie soit adjointe à l'usine déjà en place. Elle produit alors du ciment Portland et importe des schistes, du laitier et du gypse des carrières avoisinantes.
L'usine est rachetée par un grand cimentier en 1961, mais la concurrence et la modernisation trop coûteuse de l'usine (notamment pour la réduction de la pollution) déclenche la fermeture définitive dans les années 80.
Il s'agit d'une assez grande carrière exploitée en piliers tournés s'étendant sur 20-25 kilomètres. L'ensemble paraît moderne, régulier mais globalement vide, pour ne pas dire monotone. Les piliers sont massifs, on a exploité jusqu'à 12m de hauteur par endroits et sur 7m de largeur, principalement sur un niveau.
Dans notre galerie, nous croisons quelques sacs de champignonnière qui témoignent d'une activité secondaire.
Les quelques vestiges que nous trouvons sont tout de même intéressants.
Certains secteurs ont été fortement consolidés, mais cela n'empêche pas que par endroits des blocs énormes se sont décrochés.
Près d'une ancienne entrée de roulage il reste quelques vestiges de bennes de wagonnet, et une grosse canalisation qui sortait également au jour.
De l'autre côté de la montagne, une carrière a également été ouverte, mais celle-ci n'a pas eu le même impact et n'a pas été grandement exploitée. Il en résulte de grandes ouvertures qui ne dépassent pas les 100 mètres. Malgré tout, la lumière pénétrant jusqu'au fond nous permet d'apprécier les couleurs et les concrétions qui s'offrent à nous.
Il n'y a rien à voir. Un passionné a entreposé ici des véhicules ici qui sont en train de rouiller depuis un bon moment !
Cette usine située en pleine montagne est construite en 1878. Elle produit du ciment Portland naturel de qualité et reconnu grâce à deux couches de ciment de plus ou moins 3-4m d'épaisseur, quasiment verticales. L'usine est autosuffisante avec un apport d'eau par force motrice et surtout avec l'approvisionnement en charbon des houillères de la région. Une voie ferrée relie l'usine aux grandes villes à partir de 1923. Mais face à la concurrence, et aux ciments artificiels, devenus moins chers et de bonne qualité, l'usine ferme en 1938.
C293
Voici les vestiges de l'usine : à gauche de la route, les fours ; et à droite, le broyage, le stockage et sans doute les bureaux.
Ces piles d'arches (ou doubles arches) servaient au soutènement du plan incliné qui sortait de la carrière par un niveau inférieur (aujourd'hui noyé).
Un des trois fours encore en place sur le site. Et plus loin un vestige de four à chaux.
Trois ans auparavant, mon accueil avait été un peu plus froid à la découverte de ce cadavre de chamois ! Aujourd'hui il n'en reste plus rien.
Les galeries sont étagées tout le long de la montagne, le premier niveau est inaccessible car en partie inondé. On voit bien ici l'étroitesse des galeries compensée par leur hauteur. On n'a vraiment extrait que la couche à ciment.
Cette entrée (Cf: Entrée 2) inondée correspond au départ du plan incliné.
Quand cela est possible, les galeries s'enfoncent un peu plus profondément, mais il n'y a pas grand chose à voir, pas de départ, pas de niveau supplémentaire, la galerie s'arrête d'un coup sur un front de taille. Le seul changement vient du pendage qui semble s'accroître en atteignant le fond. Mis à part cela, il n'y a donc rien, je me console par l'esthétisme des concrétions sur la paroi qui m'offre un peu de réconfort.
Plus loin, les quelques entrées sont plus décevantes.